Le Temps

Une Weltklasse mutante pour exister malgré tout

- LIONEL PITTET @lionel_pittet

ATHLÉTISME Le prestigieu­x meeting zurichois, annulé dans sa forme classique en raison de la pandémie, organise ce jeudi soir une compétitio­n par équipes entre sept stades différents

Le 14 août prochain, la Diamond League vivra son premier meeting classique depuis le début de la pandémie de nouveau coronaviru­s. Tous les athlètes engagés seront réunis dans le même stade, à Monaco, et ils se mesureront sur des épreuves parmi les plus classiques.

Mais d'ici là, vous reprendrez bien un peu d'exubérance pour patienter?

Ce jeudi se dérouleron­t les «Inspiratio­n Games» imaginés par les organisate­urs de la mythique

Weltklasse de Zurich. La ville aurait dû accueillir les finales de la Diamond League le 11 septembre, mais la crise actuelle a contraint les responsabl­es à renoncer, puis à faire preuve d'inventivit­é pour maintenir un événement au programme (dès 20 heures sur RTS Deux).

Avec de nombreuses stars

Au final, seule une petite partie des participan­ts fouleront le tartan du Letzigrund: la compétitio­n se disputera à distance, avec 30 athlètes répartis dans sept stades différents.

Elle ne sera pas individuel­le, comme de coutume dans la discipline, mais collective avec trois équipes (l'Europe, les Etats-Unis et le reste du monde), et elle proposera, aux côtés d'épreuves classiques, des formats davantage originaux (100 yards, 150 mètres, 300 mètres haies, 3x100 mètres).

Le meeting d'Oslo avait inauguré le 11 juin dernier la saison de l'audace en athlétisme, avec ses «Impossible Games» qui avaient déjà combiné duels à distance et distances inhabituel­les. Ce qui n'avait d'ailleurs pas convaincu tout le monde, à l'instar du patron d'Athletissi­ma Jacky Delapierre qui avouera un peu plus tard avoir «eu honte pour notre sport» en suivant l'événement.

Les athlètes, privés de la plupart des temps forts d'une année qui aurait dû être olympique, font moins la fine bouche, et le casting de cette Weltklasse version Covid-19 a de l'allure avec des stars comme Allyson Felix, Noah Lyles, Christian Taylor, Shaunae Miller-Uibo, Ekaterini Stefanidi, Andre De Grasse,

Omar McLeod, Jimmy Vicaut et Christophe Lemaitre. Lea Sprunger, Mujinga Kambundji ou encore Alex Wilson représente­ront la Suisse.

«Rien ne remplace l'adrénaline de la compétitio­n, estime la vice-championne du monde américaine du saut à la perche Sandi Morris. Même s'il n'y aura pas de public et que ce sera une compétitio­n virtuelle, je suis heureuse de savoir que je vais sauter contre quelqu'un, même à l'autre bout du monde. C'est ce qui me motive. Je vis pour cela.»

Esprit combatif

Christophe Lemaitre est lui aussi avant tout guidé par «l'envie de retrouver le cadre d'une compétitio­n, de pouvoir enfin se défouler et se comparer aux autres même si ce sera par écran interposé». Le Français, qui sort d'une année 2019 totalement ratée, a déjà les yeux rivés sur Tokyo. «Préparer les Jeux olympiques après une année blanche, ça peut être compliqué, a-t-il déclaré à l'AFP. Il faut donc quand même faire de la compétitio­n pour ne pas perdre pied et garder le rythme.»

D'un point de vue plus global, l'enjeu était de continuer à exister alors que le monde du sport dans son ensemble était bloqué sur mode «pause». Sur le site officiel de la Diamond League, le président de World Athletics Sebastian Coe se félicite ainsi de l'esprit combatif démontré par son sport pendant cette année particuliè­re. «Nous avons vu des initiative­s inspirante­s et créatives pour garder l'athlétisme sur le devant de la scène et motiver les gens à persévérer dans notre discipline ou à l'essayer.»

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