Les enfants, ce miroir cassant

Contradiction. Nom féminin qui «décrit une situation où une proposition est à la fois vraie et fausse». C’est ainsi que le Larousse définit ce qui, semble-t-il, convient bien pour décrire le sentiment général qu’éprouve un adulte confronté à cette longue traversée à laquelle personne ne l’avait formé: être parent.

Les enfants, c’est une perpétuelle machine à contradictions. Il faut les laisser découvrir, mais il faut leur interdire. Ils nous privent de liberté quand ils sont présents, mais nous manquent quand ils sont absents. Ils nous énervent comme jamais parce qu’ils nous ressemblent comme personne. Ils sont naïfs mais roublards. Ils nous font honte parfois, mais nous rendent fiers souvent.

Cette liste, qui pourrait aisément être allongée, a sans doute de quoi vous rappeler un de ces moments précis où ces paradoxes se sont manifestés. Ces épisodes anecdotiques et souvent drôles (a posteriori…). Ces situations que l’on ne vivrait pas si ces enfants n’étaient pas, un jour, en ne nous laissant que neuf mois de préparation mentale, arrivés dans notre vie.

Des enfants, j’en ai deux. Plus des bébés (même s’il leur reste quelques stigmates). Mais pas encore des ados (même s’ils développent quelques symptômes). Il paraît que c’est le meilleur âge. Un entre-deux où ils sont prêts à tout apprendre, à tout essayer, à se passionner pour n’importe quoi.

C’est aussi la période où, croyez-moi, ils développent des contre-argumentaires de plus en plus convaincants. Ou désarçonnants. Exemple.

– Il faut dormir, maintenant, il est tard.

– Je n’ai pas l’école demain! – Oui, mais va te coucher, je suis fatigué, moi.

– Alors va te coucher, toi! –…

Se mesurer à ces petits êtres qui, en réalité, nous renvoient sans cesse des signaux sur ce que nous sommes ou ce que nous tentons d’être. La bataille n’est pas gagnée. Mais elle est délicieuse à examiner. ■