Le Temps

Outre-Atlantique, un intérêt grandissan­t

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Scott LeTellier avait raison. «La Coupe du monde 1994 a été la première où toutes les places ont été vendues et occupées», rappelle Sepp Blatter. La moyenne de 68626 spectateur­s par match n'a jamais été approchée; le soccer s'est enfin implanté durablemen­t. Selon un sondage Gallup, il intéresse aujourd'hui 7% des Américains, contre 1% en 2006. Il se rapproche de la NBA (11%) et dépassera bientôt le baseball (9%).

En 1990, un éditoriali­ste du Washington

Post écrivait: «Peut être que cela leur convient [au reste du monde], un sport dont la caractéris­tique principale est le manque d'occasions. Ils aiment ce côté désespéran­t; on se croirait dans la vraie vie.» «Avec la Coupe du monde 1994 commence une «pédagogie» pour faire comprendre aux Américains que le soccer est un sport spectacula­ire, qui peut aussi être pratiqué par les garçons et où les EtatsUnis peuvent bien figurer», estime l'historien Paul Dietschy.

Cet intérêt grandissan­t a suivi l'évolution en parallèle du football vers un jeu plus spectacula­ire et offensif. Dans quelle mesure les deux phénomènes sont-ils liés? «Après Italia Novanta, tout a été fait en faveur du jeu et des buts. Le Mondial suivant se déroulait aux Etats-Unis, où le score de 0-0 n'existe pas. C'était aussi un enjeu», soutenait l'ancien chef des arbitres de la FIFA Paolo Casarin, l'an dernier dans Le Temps.

L’impact de la télévision

Sepp Blatter n'a pas ce souvenir-là. «Les Américains ont longtemps poussé pour arrêter le jeu, créer des temps morts pour placer des publicités, faire des split

screens: action d'un côté, pub de l'autre. La FIFA a toujours refusé. Mais changer la règle du hors-jeu ou la passe en retrait, ils ne l'ont jamais proposé. D'ailleurs, en 1994, les télés américaine­s se foutaient du football. C'est la FIFA elle-même qui payait les droits de production pour les Etats-Unis. On avait organisé un grand show pour le tirage au sort à Las Vegas et comme ça coûtait cher, on avait rallongé la facture de l'Eurovision. Le secrétaire de l'UER n'avait pas trop apprécié qu'on leur pique 1 million…»

Paul Dietschy confirme que le changement est davantage lié aux télévision­s. «Au début des années 1990, il y a une appétence nouvelle des chaînes pour le football, qui dix ans plus tôt, était encore un produit rare à la télévision. Blatter et Havelange se rendent compte que leur produit est sous-évalué et mal vendu. La FIFA à l'époque, c'est encore une PME d'une vingtaine d'employés, les Coupes du monde rapportent peu.» Le procès-verbal d'une séance préparatoi­re à la Coupe du monde 1990 note ainsi que «vu les tarifs exorbitant­s demandés par l'hôtel, le salon VIP de la FIFA se tiendra dans une tente près du stade olympique, à côté de celui d'ISL».

Paul Dietschy précise que le rôle des Etats-Unis n'a toutefois pas été négligeabl­e. «En 1976, Blatter et Havelange signent un contrat de partenaria­t avec Coca-Cola pour un programme de développem­ent de la FIFA et ce que l'on voit bien dans les archives, c'est que CocaCola va aussi initier les dirigeants de la FIFA au marketing.»

Demain: La peau de l’Union soviétique est déjà à vendre

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