Philip Morris gagne une bataille aux Etats-Unis
L’administration américaine autorise le géant du tabac à communiquer sur les risques réduits de son produit Iqos par rapport aux cigarettes traditionnelles. Les milieux antitabac évoquent un «réel danger» pour les jeunes
Une bouffée de soulagement pour Philip Morris, un désastre pour les milieux antitabac. Mardi, la Food and Drug Administration (FDA), l’organe de l’administration américaine qui autorise la mise sur le marché de médicaments et d’aliments, a reconnu le droit au géant du tabac de faire de la publicité pour son produit Iqos en invoquant une «réduction de l’exposition» des consommateurs à des substances nocives.
En apparence, un détail formel. Dans les faits, une victoire de taille pour le producteur notamment de Marlboro qui emploie plus de 3200 personnes en Suisse. Il commercialise son produit Iqos depuis un peu plus d’un an aux Etats-Unis (depuis 2015 en Suisse), mais cette décision lui permettra de le vendre comme une alternative aux cigarettes traditionnelles, qui ne «brûle pas le tabac mais le chauffe» et qui réduit «significativement la production de produits chimiques» toxiques.
«Iqos est le premier et le seul produit électronique à base de nicotine à se voir accorder des autorisations de communiquer par le biais du processus «Produit du tabac à risque modifié» de la
FDA», se félicite Philip Morris. Un jalon qualifié plusieurs fois «d’historique» par le directeur du groupe André Calantzopoulos qui a donné une conférence de presse vendredi.
Cette décision de la FDA, «l’une des plus sérieuses organisations du monde», pourrait faire tache d’huile dans d’autres pays, espère-t-il. Et pousser quelquesuns du milliard de fumeurs dans le monde à changer leurs habitudes. Pour l’heure, l’Iqos représente 8% des volumes de Philip Morris et 18% de son chiffre d’affaires (près de 30 milliards de dollars en 2019). D’ici à 2025, André Calantzopoulos espère atteindre 40%. Si d’autres gouvernements s’alignent sur cette décision, cela «pourra même progresser plus vite».
Décision «problématique»
Cette nouvelle est qualifiée de «problématique» par Luciano Ruggia. Le directeur de l’Association suisse pour la prévention du tabagisme regrette que la pression exercée par les lobbys cigarettiers sur la FDA ait «si bien porté ses fruits». Lui estime que ce produit «n’est pas un produit de substitution acceptable» et devrait être vendu tout au plus comme les patchs et les chewinggums à la nicotine: soit en pharmacie et avec les conseils d’un professionnel de la santé.
Outre-Atlantique, la nouvelle a été accueillie avec la même fraîcheur. «La FDA reconnaît que l’impact de cette décision sur la jeunesse est «flou», regrette l’association Tobacco-Free Kids. Le danger est qualifié de «réel» que les enfants soient exposés à des publicités présentant l’Iqos, «un produit du tabac créant une forte dépendance», comme «une alternative cool et attirante» aux cigarettes traditionnelles.
En parallèle, Philip Morris a repris les procédures de consultation en vue de restructurer ses activités suisses. L’entreprise devait initialement couper quelque 265 emplois en Suisse, ce sera finalement 183 postes qui seront concernés.
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L’Iqos a représenté 8% des volumes et 18% des près de 30 milliards de dollars de chiffre d’affaires de Philip Morris l’an dernier