Le Temps

Lionel Messi, incontourn­able génie sans qui Barcelone n’a rien à espérer en Ligue des champions

La star du FC Barcelone rêve de décrocher une cinquième Ligue des champions cet été à Lisbonne. Mais, conscient des limites de sa formation, il devra encore se démultipli­er pour porter les siens

- FLORENT TORCHUT, LISBONNE @FlorentTor­chut

Lionel Messi a remporté 34 titres avec le FC Barcelone, et six Ballons d’or (un record) grâce à ses prouesses individuel­les. Mais il n’est pas un footballeu­r comblé.

Malheureux avec la sélection argentine depuis ses débuts il y a quinze ans, le petit génie se console avec son Barça de toujours, avec lequel il a remporté quatre fois la Ligue des champions (sur les cinq titres du club catalan). Ce palmarès ferait saliver d’illustres joueurs mais pas cet insatiable compétiteu­r. Quatre coupes aux grandes oreilles? C’est juste autant que les cadres actuels du Real Madrid (Sergio Ramos, Karim Benzema, Luka Modric, Casemiro, Toni Kroos, Marcelo), une de moins que Paolo Maldini, Alfredo Di Stefano ou encore Cristiano Ronaldo, et deux de moins que Francisco Gento, star merengue des années 1950-1960 et recordman en la matière…

Le drôle de final de la compétitio­n qui se dispute à Lisbonne, où son équipe affronte le Bayern Munich ce vendredi, lui donne une nouvelle occasion de compléter sa collection. Il l’a entamée en 2006, éblouissan­t en demi-finale face à Chelsea alors que l’Europe le découvre à 18 ans, mais il n’avait pas pris part à la victoire au Stade de France (2-1 face à Arsenal) à cause d’une blessure musculaire. Malgré une contributi­on plus qu’honorable pour un très jeune joueur (6 matchs, 1 but et 2 passes décisives en 322 minutes de jeu), il n’a jamais considéré avoir activement participé à la conquête de cette Ligue des champions.

Trois ans plus tard, numéro 10 dans le dos, il avait au contraire été un acteur majeur de la finale face au Manchester United (2-0) de Cristiano Ronaldo – qui n’était pas encore son grand rival – en s’élevant dans le ciel de Rome pour battre Edwin van der Sar. Meilleur buteur de la compétitio­n (12 réalisatio­ns) et impitoyabl­e face à ce même adversaire en 2011 (3-1), Lionel Messi a encore atteint le toit de l’Europe en 2015 en battant la Juventus Turin sur le même score, escorté par Neymar et Luis Suarez.

Revers mal vécus

Ce titre suprême reste à ce jour le seul décroché ces huit dernières saisons par la star du Barça, soit de ses 25 à ses 32 ans, la période qui correspond habituelle­ment au zénith d’un footballeu­r. Pendant ce temps, Cristiano Ronaldo les a enchaînés avec le Real Madrid (quatre victoires de 2014 à 2018). La «Puce» a extrêmemen­t mal vécu les humiliatio­ns face au Bayern Munich (7-0 en score cumulé en demi-finale de l’édition 2013), puis contre la Juventus (0-3 et 0-0 en quart de finale 2017), l’AS Roma et Liverpool (avec des remontadas des Italiens et des Anglais ces deux dernières saisons).

Les limites affichées ces dernières années par la formation catalane le poussent à prendre encore plus de responsabi­lités, sur le terrain comme dans le vestiaire. La semaine dernière, à la mi-temps du huitième de finale retour contre Naples (3-1), dans le tunnel du

Camp Nou, il a ainsi invité ses partenaire­s à ne pas s’affoler, alors que son équipe comptait deux buts d’avance. «Il parle peu, mais quand il le fait, tout le monde l’écoute très attentivem­ent», glisse le défenseur français Clément Lenglet.

Son capitaine n’hésite plus à prendre la parole publiqueme­nt, lorsqu’il faut annoncer les objectifs de la saison et galvaniser les socios, lors du traditionn­el trophée Gamper (un match de gala annuel), ou rembarrer Eric Abidal, le secrétaire technique blaugrana, quand celui-ci attribue le départ d’Ernesto Valverde aux joueurs, ou à l’heure d’assumer un revers devant les médias, comme après la perte de la Liga 2019-2020 au profit du Real Madrid.

Sur le terrain, le numéro 10 a réussi un «double-double» cette saison en championna­t, inscrivant 25 buts et délivrant 21 passes décisives. Il a appris à se démultipli­er au fil des ans par nécessité, avec la dissolutio­n du trio de milieux de terrain qui a porté le Barça au sommet: Xavi entraîne désormais au Qatar, Andrés Iniesta termine sa carrière au Japon et Sergio Busquets n’est plus un métronome aussi parfaiteme­nt calibré. Ivan Rakitic? En perte de vitesse. Frenkie de Jong? Encore à chercher ses marques un an après son arrivée en Catalogne.

Alors Lionel Messi passe de moins en moins de temps à s’excentrer sur les côtés ou à guetter les ballons aux avant-postes. Il évolue désormais au coeur du jeu, décrochant régulièrem­ent jusqu’au rond central pour tâter le cuir et concocter les actions de son équipe. «Je me suis toujours plus considéré comme un constructe­ur que comme un buteur, expliquait-il en décembre dans les colonnes de France Football. J’ai toujours dit que je n’étais pas un attaquant de surface. Je suis un fabricant d’actions

«Il parle peu, mais quand il le fait, tout le monde l’écoute très attentivem­ent»» CLÉMENT LENGLET, DÉFENSEUR FRANÇAIS DU FC BARCELONE

qui aime marquer des buts, mais sûrement pas un attaquant pur et dur.»

Plus créateur et moins finisseur, il a distribué quatre passes décisives mais n’a inscrit que trois buts sur la scène européenne cette saison, son plus faible total depuis treize ans. Avec un but marqué en taclant à l’issue d’une série de dribbles dont il a le secret, un penalty obtenu et une autre réalisatio­n refusée pour une main litigieuse, il a toutefois été l’homme de la qualificat­ion barcelonai­se pour ce Final 8 face à Naples (3-1), samedi dernier. Revêtira-t-il encore sa tenue de héros face au Bayern Munich, demain soir à l’Estadio da Luz? C’est peut-être le seul moyen pour lui d’assouvir son désir de victoires.

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(PEDRO SALADO/QUALITY SPORT IMAGES/GETTY IMAGES) Lionel Messi. Barcelone est totalement dépendant de la forme de son capitaine.

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