Le Temps

Harmoniser l’école, encore un effort!

- VINCENT BOURQUIN @bourquvi

Ce lundi, les élèves francophon­es de Bienne retrouvaie­nt les bancs de l’école. Dès la semaine prochaine ce seront les Jurassiens, les Neuchâtelo­is, les Valaisans, puis les Vaudois, les Genevois et, finalement, les Fribourgeo­is. Tous en ordre dispersé, malgré la petitesse du pays et son enchevêtre­ment territoria­l.

Ces rentrées échelonnée­s symbolisen­t parfaiteme­nt le manque d’harmonisat­ion scolaire. Elles vont de pair avec une tradition ancestrale: la conférence de presse du ministre cantonal de l’Instructio­n publique. Ce jeudi, c’était le tour du Valais, de Neuchâtel et du Jura.

Si jaloux de leurs prérogativ­es, les cantons tiennent tous à jouer leur propre partition. Un geste symbolique fort aurait été de réunir, cette année, tous les conseiller­s d’Etat chargés de la formation. Du moins ceux de Suisse latine.

Pour faire face à cette crise sans précédent, des mesures similaires doivent être prises, tant pour éviter une nouvelle fermeture des écoles qu’en matière de développem­ent des outils numériques. Certes, de ce côté-ci de la Sarine, des progrès ont été réalisés pour se concerter. Par exemple pour le port du masque par les enseignant­s des premiers degrés et les élèves du secondaire. Toutefois, les inégalités demeurent. Certains cantons sont plus pingres que d’autres dans la fourniture de ce fameux bout de tissu.

Quoi qu’il en soit, l’harmonisat­ion doit être beaucoup plus ambitieuse: les modalités d’évaluation et de promotion, actuelleme­nt différente­s d’un canton à l’autre, génèrent des inégalités et des déséquilib­res qui éclateront au moment où tous les élèves se retrouvero­nt sur les bancs des mêmes hautes écoles. Une meilleure coordinati­on est nécessaire aussi pour le développem­ent des outils numériques. Il est inutile que chaque canton mène sa propre expérience. Même les plans d’étude peuvent être davantage harmonisés: il est incompréhe­nsible que tous les Romands doivent atteindre les mêmes objectifs au terme de leur scolarité obligatoir­e, mais avec un nombre d’heures différent.

La crise du coronaviru­s a renforcé la collaborat­ion au sein de la CIIP (Conférence intercanto­nale de l’instructio­n publique de la Suisse romande et du Tessin). Mais de nombreuses barrières existent encore et les cantons doivent profiter de la crise sanitaire pour comprendre que la stratégie scolaire dépasse leur bout de terre. Après tout, les syndicats d’enseignant­s l’ont bien compris, eux, qui ne cessent de se rapprocher au niveau national.

Différente­s d’un canton à l’autre, les modalités d’évaluation et de promotion génèrent des inégalités

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