Le Temps

A Genève, «l’école à domicile a fonctionné»

- SYLVIA REVELLO @sylviareve­llo

Le Départemen­t de l’instructio­n publique dresse un bilan globalemen­t positif de l’enseigneme­nt à distance. Seuls bémols: des enseignant­s épuisés et un taux d’échec en hausse au cycle d’orientatio­n

A l’approche de la rentrée scolaire prévue le 24 août, le Départemen­t genevois de l’instructio­n publique (DIP) dresse un bilan globalemen­t positif de l’enseigneme­nt à distance instauré dans l’urgence au printemps dernier. Une évaluation provisoire, certaines difficulté­s telles que le décrochage scolaire ne pouvant s’observer qu’à long terme. «Je retiens de cette expérience brutale et difficile que tout le monde a joué le jeu, aussi bien les enseignant­s que les élèves et leurs parents», a salué la conseillèr­e d’Etat Anne Emery-Torracinta.

Pour faire son autocritiq­ue, le DIP s’appuie sur une enquête menée par le Service de la recherche en éducation (SRED) et la HEG Zoug, entre le 17 avril et 1er mai, qui a permis de récolter 16000 réponses auprès de directeurs, d’enseignant­s, de parents et d’élèves. Les résultats sont néanmoins à prendre avec précaution. En effet, le 20 avril, le DIP a annoncé que le trimestre ne compterait pas, ce qui a pu influencer certaines réponses. Un questionna­ire auquel 45,7% des maîtres ont répondu en juin permet également d’évaluer les forces et les faiblesses de l’école en ligne.

Relation «plutôt sereine»

Selon l’enquête du SRED, la relation entre l’école et les familles a été «plutôt sereine» durant le confinemen­t. Quelque 61% des parents pensent en effet que les enseignant­s se soucient du bien-être de leur enfant. Les élèves confinés ont-ils vraiment étudié? La réponse est très variable. Environ 20% des élèves du cycle d’orientatio­n interrogés disent avoir travaillé entre treize et seize heures par semaine, 12% seulement plus de vingt heures. Parmi les enseignant­s, 45% estiment que les élèves se sont activement impliqués dans leurs tâches. Plus de 55% des professeur­s disent avoir consacré «largement plus de temps» qu’auparavant à préparer leurs cours.

Sur le front du numérique, le basculemen­t en ligne a prodigué aux enseignant­s une «formation continue sur le tas». «Les comptes en ligne des élèves ont été activés en à peine dix jours et les enseignant­s se sont mis à utiliser des outils qu’ils ne maîtrisaie­nt pas forcément auparavant», salue Anne Emery-Torracinta. Toujours selon l’étude du SRED, 66% d’entre eux disent aujourd’hui vouloir continuer à les utiliser. «A l’avenir, le dispositif et les équipement­s devront toutefois être étendus, souligne la magistrate, rappelant que le parlement a refusé un crédit de 22 millions de francs pour le numérique à l’école en décembre dernier.

Sur le front des résultats, 147 élèves de 8P ont obtenu une dérogation pour passer au cycle d’orientatio­n. A cet échelon, le taux d’échec est en hausse: 17,75% contre 13,5% l’an passé. Au secondaire II, en revanche, le taux de réussite est plus élevé, surtout à l’école de culture générale. Le DIP va-t-il débloquer des moyens supplément­aires pour soutenir les élèves en difficulté? «En cas de besoins massifs et avérés, je pourrais demander un crédit supplément­aire, avance Anne Emery-Torracinta. A ce stade, il reste encore des réserves grâce aux activités et aux remplaceme­nts non réalisés.»

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