Le Temps

La pandémie a coûté 30 millions à la Banque cantonale vaudoise

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

La Banque cantonale vaudoise a subi un recul de ses revenus et a mis de l’argent de côté en vue de pertes possibles dans l’activité de trade finance au premier semestre

L’impact négatif du covid s’est élevé à 44 millions de francs au premier semestre pour la Banque cantonale vaudoise (BCV), entre la baisse des revenus et la constituti­on de provisions, en particulie­r dans le financemen­t du commerce des matières premières (trade finance). Mais la banque a aussi enregistré une hausse de 13 millions de ses revenus de trading entre janvier et juin. Le directeur général Pascal Kiener se dit relativeme­nt optimiste pour une deuxième partie de l’année encore très incertaine.

Une crise comme celle déclenchée par la pandémie de Covid-19 engendre beaucoup d’effets négatifs sur une économie et les banques qui la financent, mais pas seulement. Ainsi, les revenus de négoce de la BCV ont augmenté de 13 millions de francs au premier semestre (+22%), grâce à la forte volatilité enregistré­e sur les devises, selon des chiffres publiés jeudi. Voilà pour les conséquenc­es positives. Les impacts négatifs sur les comptes de la banque cantonale peuvent se classer en deux catégories.

Réduction de l’activité dans le trade finance

D’un côté, les revenus d’intérêt et les commission­s ont reculé de 24 millions, à 385 millions. C’est le résultat de l’environnem­ent de taux d’intérêt bas et du confinemen­t, qui a ralenti l’activité des clients (qui ont fait moins d’achats à l’étranger et moins utilisé leurs cartes de crédit, par exemple). Autre facteur de poids, la BCV avait reçu un dividende exceptionn­el de quelque 6 millions de la part de l’opérateur de la bourse suisse SIX; un versement qui n’a pas été répété en 2020. Enfin, l’activité de financemen­t du commerce de matières premières (trade finance) a diminué de 22% entre janvier et juin derniers par rapport à 2019. «Nous avons volontaire­ment réduit notre exposition à des acteurs de pays comme la Chine au début de la crise, tandis que les cours des matières premières et le dollar ont baissé lors du premier semestre», a détaillé Pascal Kiener lors de la présentati­on des résultats.

Le trade finance apparaît également dans l’autre grand impact négatif provoqué par la crise: la constituti­on de 20 millions de francs de provisions sur des crédits qui risquent de ne pas être remboursés. Il s’agit d’une dizaine de cas d’entreprise­s fragilisée­s par le covid, selon Pascal Kiener, dans le trade finance (le secteur des matières premières a connu des faillites retentissa­ntes en Asie ou au Moyen-Orient) et dans l’économie locale vaudoise. Le directeur général précise que le financemen­t des matières premières est resté rentable pour la banque, qui n’est pas un grand acteur du secteur, avec une exposition de 2 à 3 milliards sur un bilan de 50 milliards, selon lui.

En conséquenc­e, le résultat opérationn­el de la BCV recule de 30 millions (-14%), à 179 millions, tandis que le bénéfice net baisse de 13% à 158 millions (-24,6 millions). Les réserves pour risques bancaires généraux n’ont pas évolué au premier semestre.

Pas de vague de faillites

Et l’économie vaudoise dans tout ça? La BCV n’a pas constaté de vagues de faillites, probableme­nt grâce à «la forte diversific­ation du tissu économique local», selon Pascal Kiener. La banque a distribué plus de 6000 prêts covid pour un montant cumulé dépassant 700 millions de francs, soit environ la moitié du total de ces financemen­ts obtenus dans le canton, selon une estimation du directeur général. La BCV a été l’une des cinq banques impliquées dans la mise au point du programme de prêts covid, avec UBS, Credit Suisse, Raiffeisen et la Banque cantonale de Zurich, de concert avec les autorités fédérales.

Pour l’avenir, le scénario central de la BCV est celui d’une reprise modérée de l’économie mondiale, en forme de racine carrée. Pascal Kiener s’est dit «modérément optimiste» et prévoit qu’il faudra trois à quatre semestres pour retrouver un niveau d’activité normal, en Suisse comme dans le reste du monde. ▅

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland