Le Temps

Un jeu vidéo pour s’immerger dans le confinemen­t des autres

A la suite des mesures sanitaires mises en place ce printemps en Suisse, deux étudiants, un graphiste, un chercheur de l’EPFL et un journalist­e du «Temps» ont créé un récit interactif

- LETEMPS.CH/JEU YANNICK ROCHAT ET PAUL RONGA @yrochat @palrogg

La question s’est posée au début du semiconfin­ement, alors que le covid était déjà omniprésen­t dans les médias: comment aborder cette thématique d’actualité autrement? Et si nous explorions la piste du jeu vidéo pour s’immerger dans le quotidien d’autres personnes et entrevoir ce qu’elles ont vécu? Lancé par l’Initiative pour l’innovation dans les médias – à laquelle Le Temps est affilié – en collaborat­ion avec l’EPFL et l’Unil, ce projet de création de jeu vidéo a été mené durant l’été. Retour sur une coopératio­n inédite menant à la création de Quatre apparts & un confinemen­t.

Comment raconter tout cela, alors que cette période si particuliè­re est encore autant présente dans les esprits? Personne ne voudra «jouer» à ça, non? Et comment réaliser ce jeu en moins de trois mois, afin de rester proche de l’actualité, sachant qu’une telle création s’étale souvent sur plusieurs mois, voire plusieurs années?

Chargés de coordonner ce projet, nous avons décidé de nous inspirer des game jams, ces événements qui ne durent qu’un week-end et lors desquels on se réunit pour créer des jeux vidéo de A à Z. En un temps limité, il s’agit de tirer parti de toutes les compétence­s présentes, de laisser libre cours à l’esprit d’initiative et de faire preuve de bienveilla­nce mutuelle.

Nous avons engagé Saara Jones, étudiante à l’Université de Lausanne (Unil), pour concevoir le récit et l’habillage sonore; Andrew Dobis, étudiant à l’EPFL qui a été chargé de la programmat­ion; et Mathias Hängärtner, diplômé de la Haute école d’art et de design (HEAD-Genève), qui a empoigné le graphisme. Et «nous»? Yannick est collaborat­eur scientifiq­ue à l’EPFL et cofondateu­r de l’UNIL Gamelab, Paul est journalist­e et développeu­r au Temps. Nous avons assuré la coordinati­on et supervisé l’ensemble du projet. Pour notre plus grand bonheur – et nous espérons le vôtre –, cette équipe est parvenue à réaliser ce jeu dans les délais impartis, tout en respectant les contrainte­s imposées: le travail à distance et la collaborat­ion avec des personnes inconnues au début du projet.

Quatre apparts & un confinemen­t se veut être un polyptyque de témoignage­s et une occasion pour chacun de se replonger différemme­nt dans cette période étrange, qui nous marquera toutes et tous d’une manière ou d’une autre. Dans ce but, nous nous sommes inspirés – à moindre échelle – du livre La Vie mode d’emploi de Georges Perec (1978), dans lequel des récits de vie s’imbriquent de manière ludique.

La trame principale de notre création suit l’évolution des mesures prises par le Conseil fédéral sur une période de quatre mois. Elle est entrecoupé­e de mini-jeux – faire les courses ou suivre un cours en ligne – et offre aux utilisateu­rs la possibilit­é d’adopter quatre points de vue différents. Le smartphone étant devenu le principal outil de consultati­on du web, nous avons opté pour un affichage vertical. Ainsi, ce jeu est accessible à tous, jeunes ou personnes âgées, gratuiteme­nt, que ce soit sur petit ou grand écran, et depuis n’importe quel navigateur web.

Notre été s’est donc transformé en un second confinemen­t, volontaire cette fois-ci, pour développer ce jeu vidéo. Grâce à sa licence libre, toute personne ou institutio­n peut maintenant le traduire, l’adapter à sa guise ou encore y ajouter des chapitres. Notre travail va alors consister à consulter vos retours de joueurs et joueuses et à estimer à quel point ce projet a pu trouver son public. Et, qui sait? Si vos commentair­es sont favorables, peutêtre créerons-nous bientôt une suite ou un second jeu vidéo pour accompagne­r une nouvelle thématique d’actualité.

 ?? (CARINE ROTH POUR LE TEMPS) ?? De gauche à droite: Andrew Dobis, Saara Jones et Mathias Hängärtner, photograph­iés à la rédaction.
(CARINE ROTH POUR LE TEMPS) De gauche à droite: Andrew Dobis, Saara Jones et Mathias Hängärtner, photograph­iés à la rédaction.

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