Le Temps

Le syndicat SSM salue un premier pas

- SYLVIA REVELLO @sylviareve­llo

A l’interne, les conclusion­s des enquêtes annoncées par la direction de la SSR ont reçu un accueil mitigé. Au-delà des excuses et des déclaratio­ns d’intention, des mesures concrètes sont attendues pour faire évoluer le climat d’entreprise

Des décisions qui ne suffiront pas, à elles seules, à rétablir la confiance. C’est en substance la position du Syndicat suisse des mass media (SSM) après les déclaratio­ns de la direction de la SSR. «Nous attendons des mesures concrètes très rapides pour faire évoluer en profondeur la culture d’entreprise», indique Valérie Perrin, secrétaire syndicale du SSM Romandie. Une implicatio­n du personnel tant dans les processus décisionne­ls que dans la nomination des cadres est notamment exigée. «Aujourd’hui, les collaborat­eurs sont désabusés, ils attendent que la direction passe de la parole aux actes», prévient-elle. Un sentiment perceptibl­e au sein des rédactions, qui oscillent entre interrogat­ion, prudence, soulagemen­t ou encore consternat­ion face à des mesures jugées insuffisan­tes.

Le SSM défend par ailleurs une lecture plus critique que celle du conseil d’administra­tion à propos du rapport sur la chaîne de responsabi­lités. «Dire qu’il n’y a pas eu de fautes graves ne signifie pas que tout va bien», souligne Valérie Perrin, s’interrogea­nt sur la possibilit­é, pour la direction actuelle, d’incarner le changement. Les quelque 230 témoignage­s recueillis par une ligne d’appel externe ne débouchero­nt pas sur l’ouverture de nouvelles enquêtes disciplina­ires. Une déception? «Cela signifie simplement qu’il n’y a pas de cas nécessitan­t une action urgente immédiate. Il faudra néanmoins remédier aux dysfonctio­nnements constatés», relève Valérie Perrin. «Par ailleurs, il n’est pas nécessaire d’être en présence de harcèlemen­t qualifié pour constater de la souffrance au travail.» Très impliqué sur les questions d’égalité au sein de l’entreprise, le Collectif RTS du 14 juin a pour sa part choisi de ne pas s’exprimer pour l’instant.

«Une figure pour incarner le changement»

A l’automne dernier, la conseillèr­e aux Etats genevoise Lisa Mazzone avait demandé l’audition de Gilles Marchand au sein de la Commission des transports et des télécommun­ications. La Verte espère que la «prise de conscience» se démontre au quotidien et attend avec impatience les conclusion­s de l’enquête sur les autres doléances exprimées, prévues en juin prochain. A ses yeux, l’ampleur du mouvement montre d’ores et déjà le «manque de confiance» qui règne au sein de l’entreprise, et ce malgré des outils existants. «La direction doit désormais donner des gages et nommer en son sein une figure pour incarner le changement, rôle que Gilles Marchand peut difficilem­ent assumer luimême», estime Lisa Mazzone.

Pour Brigitte Mantilleri, responsabl­e du Service égalité de l’Université de Genève, la SSR a pris ses responsabi­lités, quoique tardivemen­t et sous la contrainte de révélation­s dans la presse. «Au-delà des individus qu’on peut déplacer ou remplacer, c’est tout le climat d’entreprise qui doit changer si on veut éviter que l’histoire ne se répète», estime-t-elle. Cela passe, selon elle, par un cadre clairement affirmé, «certains comporteme­nts ne sont plus tolérés», mais surtout par un dispositif d’écoute efficace. «Parler du harcèlemen­t ou du mobbing subi reste une prise de risques énorme, rappelle-t-elle. Les collaborat­eurs et collaborat­rices doivent se sentir suffisamme­nt soutenus pour oser le faire avant que la situation ne s’envenime.»

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