Le syndicat SSM salue un premier pas
A l’interne, les conclusions des enquêtes annoncées par la direction de la SSR ont reçu un accueil mitigé. Au-delà des excuses et des déclarations d’intention, des mesures concrètes sont attendues pour faire évoluer le climat d’entreprise
Des décisions qui ne suffiront pas, à elles seules, à rétablir la confiance. C’est en substance la position du Syndicat suisse des mass media (SSM) après les déclarations de la direction de la SSR. «Nous attendons des mesures concrètes très rapides pour faire évoluer en profondeur la culture d’entreprise», indique Valérie Perrin, secrétaire syndicale du SSM Romandie. Une implication du personnel tant dans les processus décisionnels que dans la nomination des cadres est notamment exigée. «Aujourd’hui, les collaborateurs sont désabusés, ils attendent que la direction passe de la parole aux actes», prévient-elle. Un sentiment perceptible au sein des rédactions, qui oscillent entre interrogation, prudence, soulagement ou encore consternation face à des mesures jugées insuffisantes.
Le SSM défend par ailleurs une lecture plus critique que celle du conseil d’administration à propos du rapport sur la chaîne de responsabilités. «Dire qu’il n’y a pas eu de fautes graves ne signifie pas que tout va bien», souligne Valérie Perrin, s’interrogeant sur la possibilité, pour la direction actuelle, d’incarner le changement. Les quelque 230 témoignages recueillis par une ligne d’appel externe ne déboucheront pas sur l’ouverture de nouvelles enquêtes disciplinaires. Une déception? «Cela signifie simplement qu’il n’y a pas de cas nécessitant une action urgente immédiate. Il faudra néanmoins remédier aux dysfonctionnements constatés», relève Valérie Perrin. «Par ailleurs, il n’est pas nécessaire d’être en présence de harcèlement qualifié pour constater de la souffrance au travail.» Très impliqué sur les questions d’égalité au sein de l’entreprise, le Collectif RTS du 14 juin a pour sa part choisi de ne pas s’exprimer pour l’instant.
«Une figure pour incarner le changement»
A l’automne dernier, la conseillère aux Etats genevoise Lisa Mazzone avait demandé l’audition de Gilles Marchand au sein de la Commission des transports et des télécommunications. La Verte espère que la «prise de conscience» se démontre au quotidien et attend avec impatience les conclusions de l’enquête sur les autres doléances exprimées, prévues en juin prochain. A ses yeux, l’ampleur du mouvement montre d’ores et déjà le «manque de confiance» qui règne au sein de l’entreprise, et ce malgré des outils existants. «La direction doit désormais donner des gages et nommer en son sein une figure pour incarner le changement, rôle que Gilles Marchand peut difficilement assumer luimême», estime Lisa Mazzone.
Pour Brigitte Mantilleri, responsable du Service égalité de l’Université de Genève, la SSR a pris ses responsabilités, quoique tardivement et sous la contrainte de révélations dans la presse. «Au-delà des individus qu’on peut déplacer ou remplacer, c’est tout le climat d’entreprise qui doit changer si on veut éviter que l’histoire ne se répète», estime-t-elle. Cela passe, selon elle, par un cadre clairement affirmé, «certains comportements ne sont plus tolérés», mais surtout par un dispositif d’écoute efficace. «Parler du harcèlement ou du mobbing subi reste une prise de risques énorme, rappelle-t-elle. Les collaborateurs et collaboratrices doivent se sentir suffisamment soutenus pour oser le faire avant que la situation ne s’envenime.»
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