Le Temps

«Appliquer la tolérance zéro»

- PROPOS RECUEILLIS PAR MICHEL GUILLAUME @mfguillaum­e

Le président du conseil d’administra­tion de la SSR dresse le bilan de la crise qui a secoué l’entreprise ces derniers mois

PRÉSIDENT DU CONSEIL D‘ADMINISRTA­TION DE LA SSR

Jean-Michel Cina réitère sa confiance en son directeur général Gilles Marchand, mais prend des mesures pour lutter contre le harcèlemen­t.

La SSR, notamment la RTS, est-elle une entreprise en crise? Dans son enquête, votre journal a formulé des reproches graves que le conseil d’administra­tion a dû vérifier en mandatant trois enquêtes, du jamais-vu dans l’entreprise. Des lacunes ont été décelées dans nos instrument­s pour protéger nos collaborat­rices et collaborat­eurs de toute forme de harcèlemen­t et de violation de leur intégrité. Dans chaque unité de la SSR, nous allons désigner des personnes de confiance externes à la hiérarchie ainsi qu’un ou une médiatrice externe pour appliquer la tolérance zéro que nous visons.

Vous admettez qu’il faut un changement de culture. Des comporteme­nts sexistes ont-ils été trop longtemps tolérés? Dans un cas sur les trois analysés, il y a eu des insuffisan­ces managérial­es, sans que les deux expert.es indépendan­t.es les considèren­t comme des erreurs graves. Ce sont l’ancienne présidente du Tribunal cantonal vaudois Muriel Epard et l’ancien président de la Cour genevoise des comptes Stanislas Zuin qui ont fait cette appréciati­on. Je ne peux que respecter leur jugement.

Sur 230 témoignage­s auprès du Collectif de défense, 180 ont exprimé des malaises et des doléances. Le rapport du personnel avec la direction n’est-il pas rompu? Nous attendons désormais l’analyse du Collectif de défense qui rendra son rapport final pour fin juin. Cela dit: non, je ne crois pas que la confiance soit rompue avec la direction. Mais la confiance doit se mériter chaque jour par des actes concrets.

Le directeur général de la SSR Gilles Marchand, qui dirigeait la RTS à l’époque des faits, a admis avoir commis une faute. Est-il encore la bonne personne pour mener les réformes à venir? Le conseil d’administra­tion de la SSR a analysé la situation de manière approfondi­e. Il n’y a pas de raison de mettre en doute l’intégrité de Gilles Marchand, qui dispose tout à fait des compétence­s requises pour accompagne­r ce changement de culture et lutter contre le harcèlemen­t. Il est aussi la bonne personne pour relever les défis qui se posent au service public, comme ceux de la transforma­tion numérique de l’entreprise dans le contexte d’un budget marqué par des programmes d’économies.

Le mouvement «MeToo» a libéré la parole du personnel qui se montre plus revendicat­eur en matière d’égalité. Quelles mesures sont-elles prévues à la SSR? Le réseau de collaborat­rices «idée femme» a été créé en 2019 par des cadres féminins comme Larissa Bieler, Philippa de Roten ou Nathalie Wappler. Un «Diversity Board» a aussi été fondé pour renforcer la diversité des genres au sein de l’entreprise, dans les équipes comme dans les programmes. Les femmes y représente­nt 41% de l’effectif de la SSR et 30% des cadres.

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JEAN-MICHEL CINA

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