Le jeûne intermittent, «régime» des bons vivants
◗ Un régime où l’on peut manger de tout. Mais vraiment de tout. Des gâteaux, des kebabs, des viennoiseries. Dans le jeûne intermittent, ce n’est pas le «quoi» qui est en jeu, c’est le «quand». Quand on mange ou quand on ne mange pas. Du coup, pas de privation, ni de paradis interdits, mais une simple zone franche de repas. Les plus gourmands autour de moi n’en reviennent pas.
Comme on l’a déjà expliqué dans Le Temps, le simple fait de stopper sa prise d’aliments durant douze, quatorze ou seize heures pour les plus motivés suffit pour perdre du poids. Autrement dit, on mange sa pizza al diavolo à 20h et, le lendemain, on attend midi ou 14h pour savourer ses nachos au fromage, et le tour est joué.
Pourquoi? C’est une histoire d’horloges internes et de rythmes circadiens, explique dans Le Courrier Tinh-Hai Collet, médecin aux HUG. «Nos horloges internes nous aident à suivre le rythme de la lumière et du sommeil. Elles nous permettent ainsi d’anticiper quand nous devons manger et quand nous devons vivre de nos réserves. Quand il y a un dérèglement entre les horloges du sommeil et de l’alimentation, notre métabolisme devient moins efficace. On parle aussi de désalignement ou désynchronisation des horloges.»
Les termes sont savants, mais les becs à miel savent bien de quoi parle ce sage docteur. Du grignotage du soir, plus particulièrement dans le lit, devant une série. Une tuerie. Comme si, durant ce semi-coma, tout était permis. Le grand n’importe quoi, entre bonbons, biscuits et chocolat.
Qui a deux conséquences fâcheuses. D’une part, ce shoot de sucre est évidemment très calorique. D’autre part, il perturbe le sommeil, car le sucre, excitant, aiguise les nerfs. Pas bien. Pas bien du tout, car le manque de sommeil inhibe la sécrétion de leptine, l’hormone de la satiété, et ne pas dormir en suffisance augmente le risque d’obésité… Bigre.
Alors on reprend. Si, après avoir mangé le soir, on laisse son estomac au repos jusqu’au lendemain midi, on peut se faire plaisir sans aucune culpabilité. Et là, il y a deux avantages. Non seulement, on ne doit pas «faire attention» à ce qu’on a dans notre assiette, mais en plus, naturellement, comme on a bien dormi, on a plutôt tendance à avoir envie d’aliments sains.
Car – et ça, c’est aussi un des cercles vicieux du désalignement – l’individu épuisé confond souvent faim et fatigue et privilégie le sucre pour se donner un coup de fouet. Alors qu’à l’inverse, quand on est bien reposé, on est attiré par des fruits, des salades et toutes sortes de mets légers. Dingue, non? C’est du «win-win» sans contrainte.
«Bon-ne nuit, les petits», disait le Nounours de notre enfance. Il ne savait pas à quel point il avait raison.