Poussé vers la sortie, Claude Béglé décide de quitter Le Centre
La direction du Centre Vaud (ex-PDC) a voulu tourner la page des rivalités entre ses anciens conseillers nationaux Jacques Neirynck et Claude Béglé. «Choqué», ce dernier quitte le parti
Alors que le parti cantonal Le Centre entérinait vendredi la fusion entre le PDC et le PBD vaudois, l’attention de ses membres était attirée par tout autre chose. Le Temps révélait quelques heures plus tôt que la direction du parti avait l’intention d’annoncer unilatéralement la retraite politique des deux anciens conseillers nationaux Claude Béglé et Jacques Neirynck.
Claude Béglé revient sur le déroulement de la soirée. «L’assemblée générale du parti s’est déroulée selon l’ordre du jour, jusqu’à ce que, à la fin, notre présidente Valérie Dittli, annonce sous «divers» notre retraite politique, à Jacques Neirynck et à moi, au moment où tout le monde commençait à quitter la réunion. Elle l’a dit dans les termes contenus dans l’e-mail qu’elle nous avait fait parvenir la veille. J’ai demandé à prendre la parole, elle me l’a refusée.» Jacques Neirynck, lui, n’a pas manifesté la volonté de s’exprimer.
Le poids du patriarcat
L’ancien conseiller national Claude Béglé dit avoir reçu «beaucoup, beaucoup de soutiens de membres du parti». «Beaucoup sont scandalisés par la méthode, avance-t-il. C’est contraire au droit suisse d’annoncer la retraite politique de quelqu’un sans son accord. Et cette manière autocratique ne correspond pas aux valeurs d’un parti démocratique». Dimanche soir, choqué, Claude Bégléannonçait avoir pris la décision de quitter son parti. «Il y a bien d’autres façons - pas nécessairement au travers d’un mandat électif - de s’intéresser aux affaires publiques et de s’engager en faveur du bien commun», indiquait-il au Temps.
Valérie Dittli est soulagée que ce moment soit passé. «Ce fut une soirée difficile pour moi, j’ai ressenti très fortement le poids du patriarcat.» Les rivalités entre ces deux personnalités que sont Claude Béglé et Jacques Neirynck empoisonnent la vie du parti, selon elle.
«Je les remercie pour leur engagement et leur demande de se tenir à présent en retrait. J’ai essayé en vain de les ramener au bon sens. Il fallait désormais clarifier la situation pour nos membres et pour le public. J’aimerais qu’ils laissent la place à de nouvelles têtes.»
Un membre du Centre, présent à l’assemblée, se félicite que celle-ci se soit tenue par voie virtuelle. «La présidente a été aidée par le format online, sinon on aurait dû sortir Claude Béglé par la force.» S’il salue le courage de Valérie Dittli, il relève que la méthode a été un peu violente. «Notre présidente a inventé le concept de retraite forcée et son impact n’est pas très clair. Ce que l’on comprend, c’est que Claude Béglé et Jacques Neirynck sont invités à ne plus être candidats, mais ils sont toujours les bienvenus aux AG.»
Ambition cachée?
Pour cet observateur, le but était avant tout d’empêcher Claude Béglé d’être candidat aux fédérales en 2023. Dans le parti, certains se demandent si Valérie Dittli vise elle-même une candidature.
En 2019, Claude Béglé, âgé aujourd’hui de 71 ans, avait perdu le siège vaudois du PDC au Conseil national après avoir passé quatre ans à Berne. Pour sa part, Jacques Neirynck, 89 ans, a siégé douze ans au Conseil national. Au Grand Conseil vaudois, le parti a perdu l’an dernier son seul représentant, après la démission d’Axel Marion.
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«C’est contraire au droit suisse d’annoncer la retraite politique de quelqu’un sans son accord. Cela ne correspond pas aux valeurs d’un parti démocratique»