La Suisse est-elle plus à gauche que l’Europe?
Lors de l’émission Infrarouge consacrée à l’accordcadre, Pierre-Yves Maillard a déclaré que la question des 8 jours n’était pas le problème. Ah bon? «Il ne s’agit pas de cela, il s’agit du coût de la vie», a-t-il précisé. A l’entendre, l’accord négocié et son dispositif de règlement des litiges menaceraient les conventions collectives et les mesures d’accompagnement. Ce n’est pourtant pas ce qu’on peut lire dans le projet d’accord dont le principe de base est «un même salaire pour un même travail au même endroit». Les CCT s’appliquent, des mesures d’accompagnement sont prévues. Le texte durement négocié tient compte des spécificités helvétiques motivées par la différence de niveau de vie avec nos voisins. Non, le problème n’est pas ce délai d’annonce pourtant épinglé par la gauche dès la mise en consultation du texte (Bruxelles est flexible sur ce point). Le hic, comme l’a répété le président de l’Union syndicale suisse, est «philosophique». En clair, il s’agit de savoir si le projet européen affaiblit la protection des travailleurs, notre système social et les aides d’Etat (dont les forfaits fiscaux). C’est clairement le cas, à entendre Pierre-Yves Maillard. L’Union actuelle, et sa cour de justice, serait obsédée par le marché au détriment des travailleurs. Selon cette logique, la Suisse serait plus sociale, et donc plus à gauche que l’UE. Ne nous laissons pas leurrer par les libéraux de la Commission européenne! Vraiment? La réalité est que la Suisse n’est pas plus progressiste que nos voisins dans ce domaine et que les mesures d’accompagnement sont un combat gauche-droite interne à la Suisse. Le différentiel de niveau de vie avec l’UE est en effet la clé de l’harmonisation avec l’Union. Elle pose aussi la question de la solidarité avec notre continent. Pour le reste, on entend surtout des arguments souverainistes qui rapprochent singulièrement la gauche de l’UDC antieuropéenne.
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