Le Temps

Un Tour de Romandie disputé contre vents et tempêtes

- C. C.

Un peloton alignant les kilomètres sous l’averse, un champion transi de froid dérapant sur le bitume: des images spectacula­ires ont émaillé l’édition 2021 de la course

Pétrichor, le mot est assez beau. Il désigne l'odeur adoptée par l'atmosphère juste après la pluie. S'il fallait choisir un mot pour désigner l'ambiance du dernier week-end de cette édition du Tour de Romandie, ce serait celui-ci.

De cette semaine cycliste, on en retiendra surtout l'humidité, tant les images de samedi ont été fortes. On se souviendra aussi bien sûr du sprint effarant à l'arrivée de l'avant-dernière étape en montagne et de la chute du Gallois Geraint Thomas en duel contre le Canadien Michael Woods. Les doigts gelés, le Britanniqu­e perd prise, glisse sur son guidon avant de s'affaler sur l'asphalte détrempé à 10 mètres de la ligne. Il ne remontera sur son vélo qu'une fois doublé par l'Australien Ben O'Connor.

Cela ne l'empêchera cependant pas d'arracher, dimanche, le meilleur temps du contrela-montre, en parcourant les 16,2 km de campagne fribourgeo­ise en 17'59''. La veille, les commentate­urs redoutaien­t l'épuisement dû à l'étape de montagne dans des températur­es glaciales et prédisaien­t un contrela-montre en demi-teinte tant les coureurs allaient être fourbus. Cela n'a pas été le cas pour le Gallois de 34 ans, qui a finalement devancé l'Australien Richie Porte et l'Italien Fausto Masnada au classement général.

Sprint magique

Le meilleur Suisse, Sébastien Reichenbac­h, se positionne en 26e place. «Cela n'aura pas été une édition helvétique», relève Sylvain Golay, l'un des trois directeurs de course. Quelques minutes après la clôture de l'événement, l'ancien coureur cycliste tire, malgré l'absence de fête populaire, un bon bilan de cette édition. «Les arrivées étaient un peu tristes sans le public habituel mais nous n'avions pas le choix au vu de la situation. Et la météo, malgré les deux jours dantesques que nous avons vécus, a joué en notre faveur sur le reste du tour.»

Les instants qui l'ont marqué durant la semaine sont nombreux. Le sprint magique de Sagan à Martigny, la chute de Stefan Küng le privant peut-être d'une nouvelle démonstrat­ion vendredi, cite-t-il. «Par ailleurs, la vitesse adoptée par les coureurs sur certains secteurs était impression­nante de l'intérieur. On ne s'en rend pas bien compte à la télévision.»

Parmi les performanc­es surprenant­es, celle de Christophe­r Froome, «peu en forme», tout comme celle de Marc Hirschi, «encore jeune», ont frappé ce passionné. «Elles témoignent toutefois que ces sportifs restent humains. Dresser ce constat est parfois rassurant, sourit-il. Et la victoire de Thomas au classement final, malgré sa chute de samedi, est une magnifique histoire.»

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