Yverdon sort du déluge et prévoit le suivant
La situation se détend petit à petit sur la rive sud du lac de Neuchâtel, dont la hauteur des eaux continue d’atteindre des records. Six ans à peine après des inondations qualifiées de «centennales», Yverdon n’aura d’autre choix que d’investir pour protéger ses habitants
Vingt-neuf centimètres plus haut qu'en 2015. En culminant ce lundi à 430 mètres 73, le niveau des eaux du lac de Neuchâtel a pulvérisé le record d'il y a six ans. Si le beau temps devrait permettre une détente progressive, la situation reste tendue dans le Nord vaudois où plusieurs zones demeurent inondées. L'interdiction de baignade devrait également perdurer en raison des débris charriés sur les rives mais aussi, à Neuchâtel, de la présence de matière fécale aux abords de la ville.
«Le lac descendra très lentement»
Des cartes urbaines bariolées de rouge et d'orange parent les murs de la cellule de crise mise en place à Yverdon jeudi passé. Au milieu des journalistes conviés ce lundi à une conférence de presse, Pascal
Pittet, commandant des opérations, prend la parole: «Depuis la semaine dernière, 3000 sacs de sable et 340 mètres de barrage ont été posés pour contenir les eaux, détaille le policier. Entre 30 et 50 personnes y ont travaillé 24h/24.»
Importants dégâts
Pour limiter les dégâts, les différents services de la ville se sont coordonnés afin de prévenir l'inondation des bâtiments proches des rives ou des canaux, s'assurer de couper l'électricité et le gaz là où l'eau avait déjà pénétré et informer les habitants des zones à risque des dangers encourus. Aujourd'hui, le pic de stress semble être passé.
Mais la ville reste aux aguets. «Le lac ne devrait redescendre que très lentement, souligne Pierre Dessemontet, syndic de la ville et géographe de formation. On ne passera pas en dessous de la cote de crue (430,50 mètres) avant la fin de la semaine.» Le terrain de sport de la ville est encore sous l'eau, une partie du camping attenant également. Des routes immergées restent coupées à la circulation, notamment juste à côté de la gare. Et les dégâts sont importants.
«Le club de tennis a beaucoup souffert, la piscine ne peut toujours pas être ouverte pour des
«Ces phénomènes sont manifestement appelés à se répéter» PIERRE DESSEMONTET, SYNDIC D’YVERDON-LES-BAINS
raisons d'hygiène, et une quinzaine de bâtiments publics ont été touchés. Certains particuliers également. Notamment des restaurants», détaille l'élu socialiste.
Coût des intempéries? Encore inconnu, répondent les autorités. Qui saluent avant tout l'effort fourni par les pompiers, la police et la population pour s'occuper de leur ville en danger.
«Nous avons beaucoup appris des événements de 2015, estime Christian Weiler, municipal chargé de la sécurité publique. La renaturation de la Thièle, dont le cours a été élargi a notamment fait ses preuves.»
Vers de gros investissements
La municipalité admet cependant que beaucoup de travail attend les planificateurs urbains dans le futur. «En 2015, les crues ont été qualifiées de centennales, rappelle Pierre Dessemontet. Six ans plus tard, les eaux sont montées 30 centimètres plus haut. Ces phénomènes sont manifestement appelés à se répéter. Yverdon est une ville difficile, nous sommes dans une cuvette. De gros investissements devront être entrepris ces dix prochaines années pour mettre la ville hors de danger.»
La ville ne sera certainement pas la seule à y réfléchir. Ce lundi, la situation hydrologique s'améliorait partout en Suisse, cependant les lacs de Bienne, Morat, Thoune, le Léman et le lac des Quatre-Cantons restaient exceptionnellement hauts. Entre 20 et 30 centimètres au-dessus des cotes habituelles. A Lucerne, également très touchée, la situation s'est détendue mais l'eau reste très haute et le pont de la chapelle, emblème de la ville, est toujours fermé au public.
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