Mais encore
La dernière chronique de Florian Delafoi sur le modèle patriarcal; partir à Barcelone sans trop polluer; l’école réinventée et des histoires d’eaux.
Cette série de chroniques connaît son crépuscule après avoir exploré quelques champs de la masculinité de domination, du mâle sportif aux violences domestiques. «Enfin!» clameront certains, soulagés d’apprendre la nouvelle. Sur la page Facebook du
Temps, des lecteurs ont exprimé toute leur colère, jusqu’à laisser poindre une ombre de haine, en découvrant notre modeste exploration estivale. Avec une ironie bien perceptible, certains ont proposé une solution radicale: «Il ne reste plus qu’à supprimer les hommes», puisqu’ils sont si mauvais.
Questionner la pensée patriarcale, même si la démarche peut irriter, ne revient pas à faire monter les hommes sur l’échafaud. Alors paraphrasons Olympe de Gouges, 230 ans après sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, puisque son appel résonne encore, comme si la société était pétrifiée depuis les temps de la Révolution française: «Homme, es-tu capable d’être juste?» Visiblement, elle a coupé le sifflet à plusieurs générations de mâles. A eux de s’emparer de cette interrogation pour déconstruire un modèle inégalitaire. Les femmes en souffrent, mais aussi les hommes. Les codes virils sont rabâchés au quotidien, parfois de manière sournoise. Ils pèsent sur le bien-être des garçons qui veulent s’en défaire.
La masculinité est plurielle, laissons-la s’exprimer sous toutes ses formes, pour enfin briser son avatar le plus toxique. Pratiquons la désobéissance de genre pour brouiller les pistes et mieux comprendre autrui. Le laborieux travail d’introspection doit aussi amener de la joie, voilà un dessein qui devrait réjouir les sceptiques. Personne ne deviendra l’étalon de la masculinité idéale, mais chacun gagne à lutter contre sa part d’injuste, peu importe ses imperfections et contradictions.
L’historien Ivan Jablonka conclut son ouvrage Des Hommes justes par une note personnelle qui résonne en moi. Peut-être résonnera-t-elle en vous: «Avant que je sorte de ce monde, j’aurai peut-être la chance de voir nos fils devenir des hommes justes, et nos filles, des femmes libres.»
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