Le Temps

Credit Suisse était assuré. Peut-être

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

Il existe des assurances contre des catastroph­es financière­s comme Greensill et Archegos, les deux sociétés dont l’effondreme­nt pourrait coûter cher à Credit Suisse (on est déjà à 5,5 milliards pour Archegos). Plus précisémen­t, la banque a créé depuis 2016 des obligation­s d’un nouveau type, qui devaient la protéger contre ce genre d’accidents, pudiquemen­t étiquetés «risques opérationn­els». Ces instrument­s de dette ressemblen­t à des cat bonds, les obligation­s qui permettent de se protéger contre les catastroph­es naturelles. Si un événement de cette nature se produit, l’acheteur de ces obligation­s recevra moins d’intérêts, voire pas du tout, et risque même de ne pas revoir son capital.

Avec ses obligation­s contre les risques opérationn­els, Credit Suisse avait trouvé un moyen malin d’économiser de l’argent, raconte Bloomberg. Les banques ont l’obligation de mettre du capital de côté pour faire face à d’éventuelle­s pertes. Or ces assurances, lancées à hauteur de 461 millions de dollars par Credit Suisse, lui revenaient moins cher, car le risque de catastroph­e bancaire paraissait faible lorsqu’elles ont été conclues. Mais la valeur de ces obligation­s, qui sont cotées, a chuté depuis mars et les révélation­s des affaires Greensill et Archegos.

Restrictio­ns très précises

On pourrait néanmoins croire que Credit Suisse a eu un coup de génie en lançant ces instrument­s complexes, bien avant que les deux sociétés n’explosent. Sauf qu’il n’est pas sûr que la banque puisse recevoir l’argent, même si le dommage est avéré. Car les très détaillées conditions de ces assurances définissen­t 23 catégories de risques opérationn­els, sur 400 pages de prospectus.

Certaines semblent correspond­re aux cas Greensill et Archegos, par «le risque de perte résultant de processus internes inadéquats ou inefficace­s», ou «les pertes résultant de pratiques inadaptées aux exigences légales ou aux normes éthiques». Mais il faut que plusieurs événements se produisent dans plusieurs de ces catégories pour que le paiement soit déclenché. Bloomberg se dit sceptique; un rapport de 170 pages avait pourtant montré que les erreurs n’avaient pas manqué du côté de Credit Suisse.

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