Credit Suisse était assuré. Peut-être
Il existe des assurances contre des catastrophes financières comme Greensill et Archegos, les deux sociétés dont l’effondrement pourrait coûter cher à Credit Suisse (on est déjà à 5,5 milliards pour Archegos). Plus précisément, la banque a créé depuis 2016 des obligations d’un nouveau type, qui devaient la protéger contre ce genre d’accidents, pudiquement étiquetés «risques opérationnels». Ces instruments de dette ressemblent à des cat bonds, les obligations qui permettent de se protéger contre les catastrophes naturelles. Si un événement de cette nature se produit, l’acheteur de ces obligations recevra moins d’intérêts, voire pas du tout, et risque même de ne pas revoir son capital.
Avec ses obligations contre les risques opérationnels, Credit Suisse avait trouvé un moyen malin d’économiser de l’argent, raconte Bloomberg. Les banques ont l’obligation de mettre du capital de côté pour faire face à d’éventuelles pertes. Or ces assurances, lancées à hauteur de 461 millions de dollars par Credit Suisse, lui revenaient moins cher, car le risque de catastrophe bancaire paraissait faible lorsqu’elles ont été conclues. Mais la valeur de ces obligations, qui sont cotées, a chuté depuis mars et les révélations des affaires Greensill et Archegos.
Restrictions très précises
On pourrait néanmoins croire que Credit Suisse a eu un coup de génie en lançant ces instruments complexes, bien avant que les deux sociétés n’explosent. Sauf qu’il n’est pas sûr que la banque puisse recevoir l’argent, même si le dommage est avéré. Car les très détaillées conditions de ces assurances définissent 23 catégories de risques opérationnels, sur 400 pages de prospectus.
Certaines semblent correspondre aux cas Greensill et Archegos, par «le risque de perte résultant de processus internes inadéquats ou inefficaces», ou «les pertes résultant de pratiques inadaptées aux exigences légales ou aux normes éthiques». Mais il faut que plusieurs événements se produisent dans plusieurs de ces catégories pour que le paiement soit déclenché. Bloomberg se dit sceptique; un rapport de 170 pages avait pourtant montré que les erreurs n’avaient pas manqué du côté de Credit Suisse.
■