Et si on laissait les enseignants innover?

Dans le Val-de-Ruz, les profs sont encouragés à repenser leur manière de travailler pour tester de nouvelles approches

Des classes dans la forêt, des ateliers de philosophie pour développer l’esprit critique dès 4 ans, la construction d’un poulailler pour apprendre la géométrie… Au Cercle scolaire du Val-de-Ruz, qui regroupe 13 écoles primaires et une école secondaire, le directeur Fabrice Sourget encourage les enseignants à questionner leurs pratiques et à sortir des sentiers battus.

Pour lui, l’école telle qu’elle a été pensée au XXe siècle n’est plus adaptée. Elle a changé de paradigme avec l’école inclusive, cette volonté d’englober tous les élèves en répondant à leurs besoins spécifiques. L’autre défi, c’est le numérique, qui impose de revoir la transmission du savoir, car la connaissance est désormais partout. Fabrice Sourget en est convaincu: la réponse à ces évolutions profondes se trouve à l’échelle de chaque établissement.

Le résultat au Val-de-Ruz? Deux approches se distinguent. En primaire, la «classe flexible», aménagée pour proposer aux élèves des espaces variés, et souvent combinée au travail en petits groupes, gagne du terrain. Dans la classe de Margaux Houriet, les traditionnels pupitres ont disparu. Ses élèves se déplacent librement, jusque dans le couloir. Ils ont reçu une «feuille de route» listant les activités du jour. «Ils choisissent ce qu’ils veulent faire au moment où cela leur convient et s’installent où ils veulent, dit-elle. Je n’impose pas, et cette liberté les motive.»

Dans le secondaire, c’est la «maîtrise inversée» qui séduit. L’enjeu est ici aussi de répondre aux rythmes et aptitudes différents des écoliers. Cette approche mélange la pédagogie de la maîtrise, dont le principe de base est que tous les élèves peuvent réussir si on leur en donne le temps et les moyens, ainsi que la classe inversée.

La méthode, qui s’appuie en grande partie sur le numérique, a été mise en place par Thierry Vauthier. Cet enthousiaste prof de maths «donne les rênes» à ses élèves. Son rôle n’est plus de transmettre un savoir théorique, mais d’accompagner pour atteindre des objectifs. Les adolescents ne se révèlent pas meilleurs en maths, mais développent des capacités transversales comme l’autonomie, l’organisation et la recherche de solutions.

Le directeur Fabrice Sourget mise sur une révolution «des petits pas». Personne ne se voit obligé de changer sa manière de travailler. Imposer ne marche pas, souligne-t-il. Et le temps lui donne raison. Chaque année, au Cercle scolaire du Valde-Ruz, le nombre d’enseignants qui abandonnent de leur plein gré le modèle classique augmente.

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