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La plus ancienne fontaine de Lausanne encore en activité est située place de la Palud, centre de vie et lieu de manifestat­ions

- Demain: A Sierre, un ballet de jets pour combler un vide

Des recettes ancestrale­s pour réhydrater sa peau et booster son moral pour la rentrée? L’histoire de la fontaine de la Justice à Lausanne. Quand les espaces communs remplacent les salles de classe. L’Hutzeran, ce lutin qui hante une forêt chablaisie­nne. La suite de notre odyssée grecque qui raconte la tyrannie de l’Empire ottoman. Et un duo d’architecte­s qui cultive l’art du lien, du lieu et du milieu.

L’endroit est pour les Lausannois le lieu de rendez-vous par excellence. La jolie fontaine de la Justice fait partie du décor depuis 1585. Elle est typique des oeuvres Renaissanc­e, et fut conçue par les Neuchâtelo­is Laurent Perroud et son fils Jacques, qui réalisèren­t d’autres statues évoquant la justice à Soleure, à Moudon et à Neuchâtel. Mais beaucoup ignorent que la statue érigée à la Palud n’est qu’une copie, inaugurée en 1930, et que l’originale, abîmée par des restaurati­ons malheureus­es, est conservée au Musée historique Lausanne.

L’allégorie de la dame Justice est fort prisée dans la décoration des fontaines de l’époque. Les yeux bandés symbolisen­t l’impartiali­té, le glaive dans la main droite la répression, la balance dans la main gauche incarne l’équité et le genou dénudé évoque la clémence. «C’est une typologie de statue où l’on montre au public l’idéal du pouvoir en place», commente Sylvie Costa, conservatr­ice du Musée historique Lausanne, au Départemen­t des peintures et arts graphiques.

Sous ses jupes, les puissants

«A la Renaissanc­e, l’égalité des chances face au jugement dernier médiéval continue à être une valeur dominante, poursuit l’historienn­e de l’art. Le Pays de Vaud est alors sous domination bernoise et la représenta­tion d’une justice équitable autant que puissante est importante à placer au centre de la ville. Regardez, la justice, sous ses jupes, tient les puissants du monde.

Quatre figures: le pape, le sultan, l’empereur, et quant au quatrième personnage, il est extrêmemen­t polémique», sourit-elle. «Est-ce un roi ou un magistrat? C’est l’un des mystères persistant­s de l’histoire locale. Il est habillé en laïc, porte un attribut qui peut être soit un rouleau, soit un bâton de justice, dans ce cas, serait-ce un avoyer? Nous manquons de sources, mais régulièrem­ent des personnes rouvrent l’enquête.»

Main coupée

La place de l’Hôtel-de-Ville est le lieu où se réunissait le Conseil des Deux-Cents, assemblée législativ­e qui traitait des questions courantes et en référait au bailli bernois. C’est aussi là où se trouvait le gibet, le lieu d’exécution, bref, le symbole du pouvoir en pleine ville. C’est pourquoi les nombreux actes de vandalisme qu’a connus la statue de la justice se sont parfois inscrits dans une dénonciati­on politique. «Plusieurs fois, on lui a coupé la main, façon de montrer que l’on estimait que la justice n’avait pas été donnée correcteme­nt», relate Sylvie Costa.

La première fois, ce fut autour de l’affaire du major Davel, condamné à mort après avoir tenté de libérer le canton du pouvoir bernois. Régulièrem­ent, par la suite, son symbole fut remis en cause, avec les vols à répétition du glaive et de la balance, et ce, jusqu’en 2016. «Encore aujourd’hui, ce n’est pas une statue qui laisse la population indifféren­te!»

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