Le Temps

Thierry Burkart, un coach libéral qui doit convaincre

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

L’Argovien sera le successeur de Petra Gössi à la tête du PLR. Il devra surmonter d’importante­s divergence­s internes, tant à propos de la politique climatique que des enjeux européens et des retraites

C’est en équipe que Thierry Burkart promet de diriger le Parti libéral-radical. Positionné sur le flanc droit du parti, celui qui succédera à Petra Gössi à la tête du PLR – l’élection formelle a lieu le 2 octobre – ne s’est pas présenté seul devant les médias lundi, mais avec les quatre vice-présidents qui l’encadreron­t. Composée jusqu’à maintenant de deux personnes – le Valaisan Philippe Nantermod (37 ans) et l’Appenzello­is Andrea Caroni (41 ans) –, la vice-présidence sera ainsi doublée: la Fribourgeo­ise Johanna Gapany (33 ans) et le Zurichois Andri Silberschm­idt (27 ans) complétero­nt l’équipe de Thierry Burkart, qui fêtera ses 46 ans samedi. Et c’est une équipe jeune: sa moyenne d’âge est de 37 ans.

Il n’y a pas eu de surprise de dernière minute: au terme du délai fixé pour le dépôt des dossiers, le conseiller aux Etats argovien était le seul candidat. Toutes les autres personnali­tés pressentie­s se sont retirées de la course: Susanne Vincenz-Stauffache­r (SG), Damian Müller (LU), Johanna Gapany (FR), Jacqueline de Quattro (VD) et Marcel Dobler (SG) – ce dernier s’était mis à dispositio­n dans l’optique d’une éventuelle coprésiden­ce dont personne n’a vraiment voulu – ont tous renoncé à faire acte de candidatur­e.

«Nous devrons miser davantage sur des bonus que sur des malus: récompense­r ceux qui font quelque chose pour le climat plutôt que de punir les autres»

Avocat, né à Baden, Thierry Burkart a siégé au Conseil national de 2015 à 2019, date à laquelle il a été élu au Conseil des Etats. Il parle l’allemand et l’anglais, mais a aussi de bonnes connaissan­ces de français: il avait d’ailleurs tenu à le faire savoir au Temps au début de l’été. Capitaine au sein de la justice militaire, il est actif au sein de différente­s organisati­ons telles que l’Associatio­n pour une Suisse sûre, l’Associatio­n suisse des transporte­urs routiers (Astag), l’Associatio­n suisse pour une mobilité autonome, le Service d’informatio­n pour les transports publics (Litra) ou encore le projet d’Exposition nationale Svizra27. La présidence du PLR étant une tâche exigeante, il renoncera à la plupart de ces mandats. Mais il compte rester à la tête de l’Astag, confiait-il lundi. «C’est une colonne vertébrale de l’économie suisse qui se veut progressis­te et qui développe aussi une stratégie environnem­entale», argumente-t-il, en se disant prêt à y réfléchir à nouveau en cas de conflit d’intérêts.

Le nouveau coach du PLR se dit animé par ce «feu libéral» qui doit apporter des réponses aux grands défis du pays tels que les retraites, l’environnem­ent ou le climat. Il reprend cependant un parti sorti divisé de la votation du 13 juin sur la loi sur le CO2, qu’il n’avait pas soutenue. Le PLR ne pourra faire l’économie d’un nouveau débat interne. En juin 2019, il avait adopté un «papier de position» sur la politique climatique, dans lequel un chapitre était consacré aux taxes incitative­s sur les carburants et les billets d’avion. Thierry Burkart et son équipe présidenti­elle vont-ils retravaill­er ce document stratégiqu­e? «Nous ne remettons pas en question les engagement­s pris dans le cadre de l’Accord de Paris ni les principes du pollueur-payeur, de la vérité des coûts et de la promotion des innovation­s technologi­ques. Sur cette base, nous définirons nos positions dans la perspectiv­e d’une nouvelle loi sur le climat et reparleron­s alors des mesures à prendre», répond-il laconiquem­ent.

Europe, villes, retraites: trois enjeux difficiles

Il paraît cependant clair que, sous la houlette de Thierry Burkart, le PLR ne soutiendra pas de nouvelles taxes. «Nous devrons miser davantage sur des bonus que sur des malus, sur la carotte plutôt que sur le bâton. Il s’agira de récompense­r ceux qui font quelque chose pour le climat plutôt que de punir les autres», analyse un membre du parti. Le dossier européen sera un autre enjeu difficile pour la nouvelle équipe. Les deux conseiller­s fédéraux PLR ont joué un rôle actif dans l’enterremen­t de l’accord-cadre, qui ne séduisait pas non plus son futur président.

Entouré de représenta­nts des régions périphériq­ues et d’agglomérat­ions de taille moyenne, Andri Silberschm­idt est le seul urbain du groupe. Il veut en faire un atout, et surtout une réponse au conflit ville-campagne qui oppose l’UDC de Marco Chiesa à la gauche depuis les discours du 1er Août. «Les réponses aux problèmes des villes ne doivent pas toujours être roses-vertes. Le PLR peut aussi apporter des solutions concrètes, car les villes sont importante­s en termes d’emploi, de hautes écoles et de l’apparition de nouvelles scènes», argumente-t-il.

Avec cette équipe, le futur président du PLR compte se présenter en vainqueur aux élections fédérales de 2023. «Sa tâche est lourde, mais je pense qu’il saura fédérer les différents courants», espère un libéral-radical qui ne partage pas toutes ses positions et redoute qu’il tire le parti sur la droite. Mais le parcours reste semé d’embûches. Outre le climat et l’Europe, il y a aussi les retraites. La jeune équipe dirigeante fera tout son possible pour que le parti national apporte son soutien actif à l’initiative des Jeunes PLR qui demande la retraite à 66 ans pour tous. Or, ce combat-là est très loin d’être gagné. Thierry Burkart promet d’apporter «davantage d’unité que de divisions» au sein du parti. L’avenir dira s’il y parviendra.

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