La nouvelle task force a fort à faire
Tanja Stadler, la nouvelle présidente de la task force, devrait pour la première fois prendre officiellement la parole cette semaine. Elle devra composer avec bien moins de scientifiques, alors que le coronavirus pose toujours plus d’énigmes
Les chiffres de l'épidémie commencent à prendre une tournure inquiétante. En France, Italie, Allemagne, Belgique, Danemark, Autriche… pratiquement tous les pays voisins de l'Europe de l'Ouest affichent des nouveaux cas de Covid-19 en augmentation. Seule l'Espagne se démarque favorablement, la raison est sans doute liée à sa couverture vaccinale parmi les plus élevées du continent.
La Suisse n'échappe pas à ce constat. Les chiffres publiés lundi par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) font état de 5578 infections comptabilisées depuis vendredi, soit 1850 cas par jour. Un total probablement en deçà de la réalité, la météo estivale du week-end, survenue après bien des journées pluvieuses, ayant plutôt incité au farniente sur la plage qu'à l'écouvillonnage des narines. Cela représente plus de 75% de progression par rapport au week-end précédent.
Les hospitalisations, bien qu'à un niveau encore modeste en valeur absolue, ont été pratiquement multipliées par un facteur 10 depuis début juillet (de 3 par jour au 1er juillet à 26 par jour le 10 août). Le taux de positivité des tests a également connu une forte croissance.
Evénements inattendus
C'est dans ce contexte peu réjouissant que Tanja Stadler, la nouvelle présidente de la task force scientifique Covid-19, va prendre ses fonctions. Elle devrait, selon nos informations, s'exprimer pour la première fois en tant que telle lors du point presse de l'OFSP, mardi 17 août.
C'est une task force allégée qui va devoir conseiller les décisions politiques dans les mois à venir. De 70 scientifiques, elle n'en comptera plus que 25, comme cela est prévu depuis le printemps. La lassitude d'un certain nombre de ses membres – des scientifiques bénévoles et livrant leur appui en parallèle de leurs recherches –, alors couplée à l'apparente maîtrise de l'épidémie, semblait devoir logiquement aboutir à un fonctionnement au ralenti de la task force, conjointement à la phase de normalisation voulue par le Conseil fédéral, puis à son débranchement ultérieur.
Mais entre-temps, comme souvent depuis le début de cette pandémie, des événements inattendus se sont invités. Le variant Delta, d'abord, est devenu majoritaire dès le début de l'été. Non seulement cette version du coronavirus est hautement contagieuse, mais elle semble par ailleurs infecter plus facilement les personnes complètement vaccinées. La campagne de vaccination ensuite, qui a de manière déplorable perdu son bel élan début juillet. Dans ce contexte, l'augmentation des cas n'est une surprise pour personne. Et tout cela en été, alors que les conditions climatiques sont supposées être plus propices à une limitation de la circulation virale. A l'approche de l'automne, et avec lui la rentrée des classes, rien ne laisse vraiment présager que l'épidémie s'éteindra prochainement.
Faire preuve d’humilité
Malgré les vaccins, malgré les connaissances et les habitudes acquises, il s'agit de faire preuve d'humilité face au coronavirus. Delta et la vaccination qui marque le pas ne sont pas les seuls obstacles qui se dressent sur la voie de sortie de l'épidémie. Les scientifiques doivent répondre à de nombreuses autres questions, notamment combien de temps va durer l'immunité conférée par les vaccins, alors que les premières injections ont été administrées il y a pratiquement un an et que se profilent déjà des doses de rappel. Une éventuelle prochaine vague sera-t-elle meurtrière et dans quelles proportions? Quels risques vont courir les enfants ces prochains mois? Quelle importance donner à la prévention du covid long?
La task force sera-t-elle suffisamment armée pour faire face à autant d'inconnues sur le plan scientifique? La plupart des «anciens» se tiennent bien entendu à disposition au cas où leur appui serait requis. Mais dans ce contexte de reprise, un tel écrémage des ressources humaines de la task force paraît bien téméraire, tant les prochaines semaines constituent un virage à ne pas manquer. La pandémie gagne en complexité et pour la comprendre et y mettre un terme, l'appui des scientifiques est plus que jamais nécessaire.
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La task force sera-t-elle suffisamment armée pour faire face à autant d’inconnues sur le plan scientifique?