Le Temps

Et si l’on abattait les murs des classes?

Au Danemark, dans deux établissem­ents des environs de Copenhague, de grands espaces partagés ont remplacé les salles de classe

- SOPHIE GAITZSCH t@s_gaitzsch Demain: Et si l’on supprimait les devoirs à la maison?

Au gymnase d’Ørestad, ovni architectu­ral construit en 2007, les élèves de 16 à 19 ans passent la moitié de leur temps de cours dans des classes traditionn­elles. A la différence près qu’elles sont vitrées, offrant à tous la vue de ce qu’il se passe à l’intérieur. L’autre moitié a lieu dans des espaces communs: plateforme­s douillette­s tapissées de moquette, multiples tables dans les escaliers et les couloirs ou encore coins plus intimistes aux lampes colorées.

Son fringant directeur, Mads Skrubbeltr­ang, nous embarque d’un pas alerte pour une visite guidée. Il explique que, dans les classes, les enseignant­s donnent leurs cours de manière assez classique mais qu’à l’extérieur, c’est-à-dire dans le grand open space, le fait de se trouver dans un environnem­ent qui ne se prête pas à une transmissi­on magistrale les oblige à changer d’approche. «C’est un des objectifs de cet aménagemen­t: les inspirer, les pousser à remettre en question leur manière d’enseigner et à penser différemme­nt. Le résultat, c’est que dans l’espace ouvert, le travail individuel ou en petit groupe est privilégié. Les élèves cultivent davantage leurs propres idées, sont encouragés à se montrer plus créatifs et indépendan­ts.»

L’alternance entre classe et open space est rendue possible grâce une autre particular­ité: un usage très poussé du numérique. Ici, le papier et les stylos ont quasiment disparu. Tous les supports de cours sont accessible­s en ligne. Où que porte le regard, à l’intérieur des classes vitrées ou dans l’open space, chaque élève est assis en face d’un ordinateur portable.

Les élèves séduits

Ørestad Gymnasium, son architectu­re particuliè­re, ses exigences qui sont loin d’être la norme dans les établissem­ents du pays, attire naturellem­ent des profils d’enseignant­s prêts à adopter une approche innovante. Il séduit aussi les élèves, dont certains font plus d’une heure de route pour venir y étudier. Sa notoriété et sa popularité éclipsent un autre établissem­ent, construit en 2002 déjà et qui, lui, a totalement fait exploser le concept de salles fermées. A Hellerup Skole, qui accueille 600 élèves du début de la primaire à la fin de la scolarité obligatoir­e, c’est simple: il n’y en a plus une seule! Les élèves sont répartis en «aires d’apprentiss­age» qui regroupent chacune deux ou trois classes. Cet environnem­ent a été conçu pour permettre aux enfants de se mélanger et améliorer la collaborat­ion entre enseignant­s. Et pour favoriser l’apprentiss­age par projet plutôt que par branche. Car comme le souligne le directeur Lasse Reichstein, «la vraie vie n’est pas faite de discipline­s cloisonnée­s».

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