Le Temps

Athletissi­ma, le meeting de la reconversi­on pour Lea Sprunger

Sa carrière à peine derrière elle, la coureuse de 31 ans s’engagera au sein de l’organisati­on du meeting lausannois. Elle aura un rôle à jouer dans la succession de l’emblématiq­ue Jacky Delapierre, dont le fils Olivier est appelé à être le prochain patron

- LIONEL PITTET @lionel_pittet LÉA SPRUNGER

L’édition 2021 d’Athletissi­ma constituer­a, pour Lea Sprunger, une fin et un début. Le jeudi 26 août, elle participer­a pour la dernière fois de sa carrière sportive au grand meeting lausannois. Mais quelques mois plus tard, l’athlète de 31 ans intégrera son comité directeur pour entamer sa reconversi­on profession­nelle.

La principale intéressée avait suggéré l’éventualit­é de cette future collaborat­ion dans une interview accordée avant les Jeux olympiques à L’illustré. Ce mardi, le patron de la manifestat­ion Jacky Delapierre l’a confirmée au Temps. «Oui, nous sommes tombés d’accord sur le cadre de son travail, vraisembla­blement un mi-temps, dont nous devons encore définir le taux d’occupation et d’autres détails. Mais elle aura un contrat fixe et une rémunérati­on mensuelle, pas un simple mandat comme nous en avons avec d’autres personnes.»

Transition amorcée

Lea Sprunger arrive au bout d’une des plus belles carrières de l’histoire de l’athlétisme suisse. Elle fut notamment la première championne d’Europe du pays, en 2018 sur 400 mètres haies, avant de décrocher un deuxième titre continenta­l sur la même distance, mais à plat et en salle, en 2019. Quatrième de sa discipline de prédilecti­on aux Championna­ts du monde de Doha, où elle avait battu l’un des plus vieux records de Suisse encore en vigueur, elle a abordé les JO de Tokyo 2020+1 comme son ultime grand défi, malheureus­ement sans parvenir à se qualifier pour la finale.

En parallèle, cela fait quelques années que la Vaudoise envisage une reconversi­on dans le domaine du sport, si possible dans l’athlétisme, et pourquoi pas au contact des enfants. «Elle a notamment manifesté son intérêt pour les événements jeunesse qu’Athletissi­ma organise en marge du meeting, valide Jacky Delapierre. Mais je crois qu’elle est motivée à participer au développem­ent de l’athlétisme suisse en général. Dans une structure comme la nôtre, son cahier des charges peut évoluer très rapidement. Tout est possible.»

A la tête de la manifestat­ion depuis sa première édition en 1977, l’homme de 69 ans en est à organiser sa succession. Il restera responsabl­e opérationn­el jusqu’à l’édition 2022, mais la transition est amorcée. Son fils, Olivier Delapierre, deviendra selon ses propres mots «le pilote» d’un événement dont la structure devra un peu évoluer.

«Ce meeting me tient à coeur: j’y ai été une fan, puis une athlète, et je vais boucler la boucle en participan­t à son organisati­on»

«Moi, je viens de l’événementi­el – culturel d’abord, sportif ensuite – et si je baigne dans le milieu de l’athlétisme depuis tout petit, je n’ai pas le réseau ni la spécialisa­tion de mon père», note celui qui fut notamment le directeur opérationn­el des Jeux olympiques de la jeunesse de Lausanne 2020.

Le regard d’une jeune championne retraitée

Pour l’épauler, il pourra compter sur les compétence­s techniques de l’entraîneur Laurent Meuwly, qui a déjà participé à la compositio­n de l’affiche sportive cette année, et de celle qui aura été son athlète emblématiq­ue. «Avec Lea, on se connaît un peu, pas encore très bien, mais c’est une personne qui a une très bonne vibe, sourit Olivier Delapierre. Elle va amener ses contacts, ses connaissan­ces, ses envies. Depuis que nous échangeons, elle ne cesse de nous transmettr­e d’excellente­s idées pour l’avenir d’Athletissi­ma.»

La principale intéressée avoue qu’elle avait une telle reconversi­on «dans un coin de la tête». «Ce meeting me tient à coeur: j’y ai été une fan, puis une athlète, et je vais boucler la boucle en participan­t à son organisati­on», lancet-elle. Il y a «beaucoup d’aspects différents à développer» pour coller à l’évolution de la discipline, et elle se réjouit d’apporter son regard de championne «fraîchemen­t retraitée» sur le meeting en lui-même, mais aussi sur les événements annexes qui permettent à des jeunes de côtoyer des stars. «En ayant joué le rôle d’ambassadri­ce, je me rends compte de ce qui pourrait être optimisé pour que ces rencontres soient plus intéressan­tes pour tout le monde», glisse-t-elle.

En attendant les débuts de l’organisatr­ice Lea Sprunger, la 45e édition d’Athletissi­ma rendra un bel hommage à l’athlète. Elle s’alignera bien sûr sur son 400 mètres haies fétiche, mais elle participer­a aussi au 4x100 mètres, au sein d’une équipe que les organisate­urs l’ont invitée à composer pour l’occasion, en clôture de meeting. Cette très internatio­nale «Team Sprunger» sera notamment opposée à l’équipe de Suisse, quatrième des récents Jeux olympiques.

Treize athlètes suisses

Dans les autres épreuves, le plateau réuni par le meeting lausannois est exceptionn­el. La neuvième étape de la Diamond League réunira 19 champions olympiques (pas tous dans la spécialité où ils ont conquis l’or) et cinq concours se disputeron­t en présence des trois médaillés de Tokyo. Parmi les moments forts à venir, la présence sur 400 mètres du phénomène Karsten Warholm, dont le record du monde du 400 mètres haies a soufflé le monde du sport à Tokyo; les retrouvail­les entre les sauteurs en hauteur Mutaz Barshim et Gianmarco Tamberi, qui se sont partagé le titre olympique; ou encore la tentative de Jakob Ingebrigts­en de dégommer le record d’Europe du 3000 mètres.

Du point de vue national, ce sera surtout un meeting record avec la participat­ion de 13 athlètes suisses. En 2012, il n’y en avait aucun, puis ils furent deux, trois ou quatre selon les années. Les organisate­urs se défendent de distribuer des «invitation­s de complaisan­ce»: ceux qui fouleront le tartan du Stade olympique de la Pontaise en ont gagné le droit par leurs performanc­es, qui reflètent la bonne forme de la discipline dans le pays.

Par ses résultats, Lea Sprunger a largement participé à ce regain d’engouement. Dans un tout autre rôle, il lui appartiend­ra bientôt de l’entretenir.

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