Le Temps

«La situation est plus calme qu’hier»

- MAT

Djawed Sangdel, basé à Genève, dirige la Swiss UMEF University dans la capitale afghane. Il reçoit des messages de ses collègues et de sa famille restés sur place

Ce mardi, la panique collective qui s’est répandue dans l’ensemble du pays a laissé place à plus de calme. Les talibans ont fait appel à d’anciens membres des forces de police afghanes pour assurer la circulatio­n, raconte Djawed Sangdel, résidant en Suisse mais président de la Swiss UMEF University à Kaboul, où se trouve sa famille.

Au centre de Kaboul, le quartier de Shahr-e Naw a repris une modeste vie ce matin. Cette partie développée de la ville abrite plusieurs ambassades, des banques, des grands magasins ainsi que des université­s. «Les gens ont pu sortir aujourd’hui, certains taxis étaient en service et les petits commerces étaient ouverts», poursuit Djawed. Bien avant l’arrivée des talibans, près de 30% des étudiants, des femmes pour la plupart, avaient pris la décision de quitter le pays. «Dans leurs déclaratio­ns, les talibans se sont montrés plus ouverts, assurant que les femmes pourraient continuer à étudier et travailler dans le respect de la charia», reconnaît Djawed. La peur se lit toutefois sur les visages des femmes et des enfants. «Ce qui est sûr, c’est que nous n’avons pas affaire aux talibans d’il y a vingt ans», poursuit le président de la Swiss UMEF University qui se montre prudent, et tempère: «Il faudra voir si les actes suivent les paroles».

Le spectre d'une guerre civile

Les scènes tragiques de ces centaines d’Afghans cherchant désespérém­ent à s’agripper aux avions prêts à décoller ont laissé place au calme. Les talibans auraient repris le contrôle de l’aéroport et en auraient chassé les pilleurs qui tentaient de se faire passer pour eux. «Pour l’heure, les civils semblent être en sécurité», détaille Djawed, rappelant par ailleurs que les talibans cherchent des armes et des voitures.

Les autorités talibanes n’ont pour l’heure pas communiqué sur l’organisati­on du nouveau gouverneme­nt. «Le plus grand pari pour les talibans sera d’intégrer les différente­s ethnies, les minorités et les femmes», rappelle Djawed Sangdel. Et pour le président de Swiss UMEF, une crainte persiste quant à l’éclatement d’une nouvelle guerre civile. «Les talibans disposent d’armes très lourdes et puissantes», assène-t-il.

«Les talibans se sont montrés plus ouverts, assurant que les femmes pourraient continuer à étudier et travailler» DJAWED SANGDEL, PRÉSIDENT DE LA SWISS UMEF UNIVERSITY

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