Le Temps

Enormes écarts de performanc­e entre les clients des banques

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

Si le marché actions a brillé au premier semestre, les rendements des clients des instituts de gestion ont été souvent mitigés, par rapport aux indices de référence. Les performanc­es oscillent entre 1 et 11%, selon le spécialist­e indépendan­t Zwei Wealth

Le contraste est frappant entre l’excellente performanc­e des marchés des actions et le rendement de certains portefeuil­les de clients au premier semestre 2021. Les actions suisses (indice SMI) ont par exemple gagné 11,6% et les valeurs technologi­ques américaine­s (indice Nasdaq) 17,6% en francs. Mais les investisse­urs dont le portefeuil­le était fortement axé sur cette catégorie de titres n’en ont que très partiellem­ent profité.

Les rendements sont même «très mitigés», affirme Patrick Müller, directeur et cofondateu­r du consultant indépendan­t Zwei Wealth, dont le but consiste à accroître la transparen­ce dans la gestion. Ce dernier a analysé les performanc­es de 207 portefeuil­les distincts provenant de 72 établissem­ents.

Deux principaux enseigneme­nts

Deux enseigneme­nts principaux peuvent être tirés, selon Zwei Wealth. Premièreme­nt, la dispersion des performanc­es est extrêmemen­t élevée. Pour Patrick Müller, le client gagne à comparer les gains obtenus par son gérant à ceux d’autres établissem­ents. Même lorsque les bourses sont en phase d’euphorie. Au premier semestre, plus la part d’actions a été élevée dans un portefeuil­le et plus la différence entre le meilleur gérant et le pire est impression­nante.

Deuxièmeme­nt, les statistiqu­es montrent que plus le client était au bénéfice d’une stratégie prudente et plus il a obtenu un rendement supérieur au marché, donc à l’indice de référence. «L’analyse indique que les gérants qui ont réellement apporté une plus-value par rapport aux indices appartienn­ent aux catégories les plus conservatr­ices», indique Zwei Wealth.

Le rendement médian (ce qui signifie qu’il existe autant de gains supérieurs qu’inférieurs) atteint 11% pour les portefeuil­les dont la part en actions est d’environ 95% alors que l’indice de référence s’est apprécié de 14,6%. Il est de 6,5% pour les stratégies dites équilibrée­s (environ 45% en actions), contre 7,4% pour l’indice. Il s’élève à 4,1% pour une orientatio­n sur le rendement (environ 30% en actions), contre 4,2% pour l’indice et 1,7% pour les gérants obligatair­es (0% en actions), alors que l’indice de référence a baissé de 2,9%, en raison de la hausse des taux d’intérêt durant les premiers mois de l’année.

Plus le client était au bénéfice d’une stratégie prudente et plus il a obtenu un rendement supérieur au marché, donc à l’indice de référence

L’écart entre ces deux extrêmes atteint 25% (5,4% pour le pire rendement et 29,6% le meilleur) dans les portefeuil­les fortement axés sur les actions. «Il est même en augmentati­on par rapport aux sondages précédents», compare Patrick Müller. L’expert ne fournit pas les noms des établissem­ents interrogés. Il précise toutefois les caractéris­tiques remplies par les gérants les plus brillants.

D’abord, ce sont des profession­nels de l’investisse­ment qui se sont spécialisé­s sur une classe de risque plutôt que d’offrir l’ensemble de la gamme des placements. Ensuite, ils emploient la même approche de gestion depuis au moins 15 ans. Enfin, ils investisse­nt directemen­t dans les actions plutôt qu’à travers des fonds de placement.

Des gains très disparates

Les écarts sont significat­ifs dans toutes les catégories de risque, des plus prudentes aux plus agressives, donc des plus orientées sur les obligation­s aux plus axées sur les actions. Dans le détail, on constate que dans les portefeuil­les équilibrés, le meilleur gérant a gagné 14,6% au premier semestre et le pire 2,9%. Dans les stratégies de rendement, les gains vont de 0,6 à 7,5%. Au sein des portefeuil­les axés sur les obligation­s, l’écart est plus limité et oscille entre -3,4 et +3,8%.

Les clients sont de plus en plus attirés par les investisse­ments respectant les critères environnem­entaux, sociaux et de gouvernanc­e (ESG). Mais si l’investisse­ment durable s’est avéré plus performant que la moyenne en 2020, Patrick Müller constate qu’en 2021 l’inverse a été le cas. La cause de ce changement provient du comporteme­nt des valeurs pétrolière­s, décevantes en 2020 et en reprise cette année.

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