Enormes écarts de performance entre les clients des banques
Si le marché actions a brillé au premier semestre, les rendements des clients des instituts de gestion ont été souvent mitigés, par rapport aux indices de référence. Les performances oscillent entre 1 et 11%, selon le spécialiste indépendant Zwei Wealth
Le contraste est frappant entre l’excellente performance des marchés des actions et le rendement de certains portefeuilles de clients au premier semestre 2021. Les actions suisses (indice SMI) ont par exemple gagné 11,6% et les valeurs technologiques américaines (indice Nasdaq) 17,6% en francs. Mais les investisseurs dont le portefeuille était fortement axé sur cette catégorie de titres n’en ont que très partiellement profité.
Les rendements sont même «très mitigés», affirme Patrick Müller, directeur et cofondateur du consultant indépendant Zwei Wealth, dont le but consiste à accroître la transparence dans la gestion. Ce dernier a analysé les performances de 207 portefeuilles distincts provenant de 72 établissements.
Deux principaux enseignements
Deux enseignements principaux peuvent être tirés, selon Zwei Wealth. Premièrement, la dispersion des performances est extrêmement élevée. Pour Patrick Müller, le client gagne à comparer les gains obtenus par son gérant à ceux d’autres établissements. Même lorsque les bourses sont en phase d’euphorie. Au premier semestre, plus la part d’actions a été élevée dans un portefeuille et plus la différence entre le meilleur gérant et le pire est impressionnante.
Deuxièmement, les statistiques montrent que plus le client était au bénéfice d’une stratégie prudente et plus il a obtenu un rendement supérieur au marché, donc à l’indice de référence. «L’analyse indique que les gérants qui ont réellement apporté une plus-value par rapport aux indices appartiennent aux catégories les plus conservatrices», indique Zwei Wealth.
Le rendement médian (ce qui signifie qu’il existe autant de gains supérieurs qu’inférieurs) atteint 11% pour les portefeuilles dont la part en actions est d’environ 95% alors que l’indice de référence s’est apprécié de 14,6%. Il est de 6,5% pour les stratégies dites équilibrées (environ 45% en actions), contre 7,4% pour l’indice. Il s’élève à 4,1% pour une orientation sur le rendement (environ 30% en actions), contre 4,2% pour l’indice et 1,7% pour les gérants obligataires (0% en actions), alors que l’indice de référence a baissé de 2,9%, en raison de la hausse des taux d’intérêt durant les premiers mois de l’année.
Plus le client était au bénéfice d’une stratégie prudente et plus il a obtenu un rendement supérieur au marché, donc à l’indice de référence
L’écart entre ces deux extrêmes atteint 25% (5,4% pour le pire rendement et 29,6% le meilleur) dans les portefeuilles fortement axés sur les actions. «Il est même en augmentation par rapport aux sondages précédents», compare Patrick Müller. L’expert ne fournit pas les noms des établissements interrogés. Il précise toutefois les caractéristiques remplies par les gérants les plus brillants.
D’abord, ce sont des professionnels de l’investissement qui se sont spécialisés sur une classe de risque plutôt que d’offrir l’ensemble de la gamme des placements. Ensuite, ils emploient la même approche de gestion depuis au moins 15 ans. Enfin, ils investissent directement dans les actions plutôt qu’à travers des fonds de placement.
Des gains très disparates
Les écarts sont significatifs dans toutes les catégories de risque, des plus prudentes aux plus agressives, donc des plus orientées sur les obligations aux plus axées sur les actions. Dans le détail, on constate que dans les portefeuilles équilibrés, le meilleur gérant a gagné 14,6% au premier semestre et le pire 2,9%. Dans les stratégies de rendement, les gains vont de 0,6 à 7,5%. Au sein des portefeuilles axés sur les obligations, l’écart est plus limité et oscille entre -3,4 et +3,8%.
Les clients sont de plus en plus attirés par les investissements respectant les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Mais si l’investissement durable s’est avéré plus performant que la moyenne en 2020, Patrick Müller constate qu’en 2021 l’inverse a été le cas. La cause de ce changement provient du comportement des valeurs pétrolières, décevantes en 2020 et en reprise cette année.
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