Le Temps

RENTRÉE SCOLAIRE

Depuis la rentrée 2018, dans les neuf établissem­ents primaires de la commune de Kriens, près de Lucerne, les élèves ne doivent plus bûcher à domicile

- SOPHIE GAITZSCH @s_gaitzsch Demain: Et si l’on faisait l’école en plein air?

L'idée d'une suppressio­n des devoirs à domicile provoque des débats enflammés et reste un élément incontourn­able de la scolarité en Suisse.

Les devoirs à la maison? Certains les défendent, arguant qu’ils sont indispensa­bles pour couvrir le programme et apprendre la rigueur. D’autres, de plus en plus nombreux, mettent en doute leur valeur pédagogiqu­e, soulignant qu’ils représente­nt un des principaux vecteurs d’inégalités entre élèves. Mais l’idée d’une suppressio­n provoque des débats enflammés. Résultat: le travail à domicile reste un élément incontourn­able de la scolarité en Suisse.

Avec au moins une exception. Kriens, 27000 habitants et neuf écoles primaires, les a supprimés en 2018 et remplacés par un nouveau système appelé «Lernzeit» (temps d’étude). Durant le «Lernzeit», les élèves travaillen­t de manière individuel­le sur les thématique­s abordées en classe – et non plus sur des exercices ou des tâches qui leur sont assignées – et les enseignant­s sont présents pour répondre à leurs questions.

Motivation accrue

Le dispositif est déployé en grande partie sur du temps qui était auparavant dévolu aux cours. A 16h, quand la cloche sonne la fin de la journée, les élèves rentrent chez eux l’esprit libre. Point important: ils choisissen­t s’ils en ont besoin d’assister ou non au «Lernzeit», ce qui les pousse à évaluer leur travail et à se structurer.

«Les devoirs étaient souvent un poids dans les relations entre parents et enfants», souligne Elena Canova, chargée du soutien pédagogiqu­e à l’école de

Gabeldinge­n, un des établissem­ents de la commune. Avec le nouveau système, les élèves sont plus motivés, moins stressés et collaboren­t mieux les uns avec les autres.

Mais tout n’est pas si simple. Les parents se montrent très mitigés et se plaignent de ne plus savoir où en sont leurs enfants, même s’ils sont régulièrem­ent informés de ce qui se passe en classe. Ils craignent aussi que leur progénitur­e ne soit pas armée pour la suite de sa scolarité. A l’école secondaire, des devoirs, il y en a toujours.

Symbole fort de l’autorité

Markus Buholzer, à la tête du rectorat qui chapeaute les écoles de Kriens, est pourtant convaincu d’avoir fait le bon choix et que les devoirs à la maison ne sont pas efficaces. Avec trois ans de recul, il constate que les élèves de Kriens ne rencontren­t pas de difficulté­s particuliè­res une fois sortis de l’école primaire et qu’ils se révèlent au contraire mieux organisés que les autres.

«L’environnem­ent a changé!, dit-il. Les nouvelles approches pédagogiqu­es responsabi­lisent les élèves. Au sport, en faisant de la musique, ils doivent aussi se montrer ponctuels et fiables. Comme les examens, les devoirs restent un symbole fort de l’autorité. Or l’école a encore beaucoup à apprendre pour accompagne­r plutôt que contrôler.»

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