RENTRÉE SCOLAIRE
Depuis la rentrée 2018, dans les neuf établissements primaires de la commune de Kriens, près de Lucerne, les élèves ne doivent plus bûcher à domicile
L'idée d'une suppression des devoirs à domicile provoque des débats enflammés et reste un élément incontournable de la scolarité en Suisse.
Les devoirs à la maison? Certains les défendent, arguant qu’ils sont indispensables pour couvrir le programme et apprendre la rigueur. D’autres, de plus en plus nombreux, mettent en doute leur valeur pédagogique, soulignant qu’ils représentent un des principaux vecteurs d’inégalités entre élèves. Mais l’idée d’une suppression provoque des débats enflammés. Résultat: le travail à domicile reste un élément incontournable de la scolarité en Suisse.
Avec au moins une exception. Kriens, 27000 habitants et neuf écoles primaires, les a supprimés en 2018 et remplacés par un nouveau système appelé «Lernzeit» (temps d’étude). Durant le «Lernzeit», les élèves travaillent de manière individuelle sur les thématiques abordées en classe – et non plus sur des exercices ou des tâches qui leur sont assignées – et les enseignants sont présents pour répondre à leurs questions.
Motivation accrue
Le dispositif est déployé en grande partie sur du temps qui était auparavant dévolu aux cours. A 16h, quand la cloche sonne la fin de la journée, les élèves rentrent chez eux l’esprit libre. Point important: ils choisissent s’ils en ont besoin d’assister ou non au «Lernzeit», ce qui les pousse à évaluer leur travail et à se structurer.
«Les devoirs étaient souvent un poids dans les relations entre parents et enfants», souligne Elena Canova, chargée du soutien pédagogique à l’école de
Gabeldingen, un des établissements de la commune. Avec le nouveau système, les élèves sont plus motivés, moins stressés et collaborent mieux les uns avec les autres.
Mais tout n’est pas si simple. Les parents se montrent très mitigés et se plaignent de ne plus savoir où en sont leurs enfants, même s’ils sont régulièrement informés de ce qui se passe en classe. Ils craignent aussi que leur progéniture ne soit pas armée pour la suite de sa scolarité. A l’école secondaire, des devoirs, il y en a toujours.
Symbole fort de l’autorité
Markus Buholzer, à la tête du rectorat qui chapeaute les écoles de Kriens, est pourtant convaincu d’avoir fait le bon choix et que les devoirs à la maison ne sont pas efficaces. Avec trois ans de recul, il constate que les élèves de Kriens ne rencontrent pas de difficultés particulières une fois sortis de l’école primaire et qu’ils se révèlent au contraire mieux organisés que les autres.
«L’environnement a changé!, dit-il. Les nouvelles approches pédagogiques responsabilisent les élèves. Au sport, en faisant de la musique, ils doivent aussi se montrer ponctuels et fiables. Comme les examens, les devoirs restent un symbole fort de l’autorité. Or l’école a encore beaucoup à apprendre pour accompagner plutôt que contrôler.»
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