Les HUG, théâtre d’une bisbille syndicale
La jeune organisation Avenir syndical dénonce une mise à l’écart de la part de la direction des HUG et interpelle le Conseil d’Etat
«Une situation choquante.» C’est ce qu’a dénoncé Avenir syndical, nouveau venu sur la scène genevoise, mercredi devant la presse. Très active à l’aéroport et à l’hôpital, où elle prétend être majoritaire, l’organisation se bat depuis sa création en 2020 pour être reconnue officiellement par la direction des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Face aux refus, elle interpelle le Conseil d’Etat avec une pétition signée par plus de 1000 collaborateurs des HUG, pas tous membres d’Avenir syndical, le priant de «faire respecter la liberté syndicale».
Manque de transparence
C’est peu dire que le microcosme syndical genevois est agité depuis l’arrivée du petit dernier, Avenir syndical, issu d’une scission d’avec le SSP. En cause: des conflits de personnes sur fond de sexisme qui viennent compliquer l’évident problème de concurrence posé par la nouvelle formation aux méthodes combatives, qui ne se prive pas d’accuser les acteurs traditionnels de mollesse voire de soumission. Preuve de ces tensions, la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), regroupant l’ensemble des syndicats du canton et représentant plus de 35000 salariés, a refusé d’intégrer Avenir syndical après d’interminables discussions.
Avec leurs quelque 13500 collaborateurs, les HUG représentent un lieu stratégique de la lutte syndicale, qui plus est après le covid, qui a mis en lumière le manque de reconnaissance ressenti par une partie des soignants. Qui représente qui aux HUG? Impossible de le savoir dans la mesure où aucune formation, ni Avenir syndical ni le SIT ou le SSP, partenaires sociaux historiques, n’accepte de révéler son nombre d’affiliés. Un manque de transparence qui n’apaise pas les querelles de clocher. Secrétaire syndical au SSP, Quentin Stauffer «doute fortement» de la représentativité d’Avenir syndical et dément toute passivité. «On est prêt à utiliser tous les moyens nécessaires, en particulier la mobilisation collective, mais on ne doit pas se limiter aux actions coups-de-poing.»
Pour David Andenmatten, cofondateur d’Avenir syndical et retraité des HUG, les choses sont claires: sa formation est marginalisée sur tous les plans parce qu’elle «dérange et frappe là où ça fait mal». En clair, les syndicats plus anciens se sentent dépassés, les HUG craignent d’avoir un syndicat batailleur sur le dos. «Ce faisant, les HUG violent le droit des collaborateurs d’être représentés par le syndicat de leur choix», déplore-t-il, affirmant être sollicité «en permanence» par le personnel pour des problèmes de planification, de charge de travail ou encore de matériel vétuste. Quid des méthodes combatives? Elles ne sont, selon lui, utilisées qu’en dernier recours quand le dialogue ne fonctionne pas.
Pas de garanties suffisantes
Face aux critiques, les HUG démentent toute inégalité de traitement. «Les HUG travaillent étroitement et depuis toujours avec deux syndicats et quatre associations professionnelles qui ont des représentants dans plusieurs instances de l’institution, notamment au conseil d’administration», dit le porte-parole Nicolas de Saussure. Pourquoi ne pas intégrer Avenir syndical? Pour les HUG, il ne remplit pas les conditions exigées, à savoir la représentativité, la loyauté et la capacité de travailler de façon constructive pour le bien commun. «On ne va pas reconnaître un syndicat par le simple fait qu’il s’autoproclame et fait du bruit», résume le porte-parole, soulignant qu’Avenir syndical a organisé «trois grèves illicites en un an, dont une qui a stoppé l’activité des blocs chirurgicaux durant deux heures, prenant le risque de mettre en danger la vie de patients». Exclu des négociations, l’intéressé a déposé un recours, toujours pendant, auprès de la Chambre administrative.
Appelé à jouer le rôle d’arbitre, le Conseil d’Etat indique prendre acte de la pétition et s’exprimera après avoir pris connaissance du dossier dans le détail.
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