Le Temps

Les HUG, théâtre d’une bisbille syndicale

La jeune organisati­on Avenir syndical dénonce une mise à l’écart de la part de la direction des HUG et interpelle le Conseil d’Etat

- SYLVIA REVELLO @sylviareve­llo

«Une situation choquante.» C’est ce qu’a dénoncé Avenir syndical, nouveau venu sur la scène genevoise, mercredi devant la presse. Très active à l’aéroport et à l’hôpital, où elle prétend être majoritair­e, l’organisati­on se bat depuis sa création en 2020 pour être reconnue officielle­ment par la direction des Hôpitaux universita­ires de Genève (HUG). Face aux refus, elle interpelle le Conseil d’Etat avec une pétition signée par plus de 1000 collaborat­eurs des HUG, pas tous membres d’Avenir syndical, le priant de «faire respecter la liberté syndicale».

Manque de transparen­ce

C’est peu dire que le microcosme syndical genevois est agité depuis l’arrivée du petit dernier, Avenir syndical, issu d’une scission d’avec le SSP. En cause: des conflits de personnes sur fond de sexisme qui viennent compliquer l’évident problème de concurrenc­e posé par la nouvelle formation aux méthodes combatives, qui ne se prive pas d’accuser les acteurs traditionn­els de mollesse voire de soumission. Preuve de ces tensions, la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), regroupant l’ensemble des syndicats du canton et représenta­nt plus de 35000 salariés, a refusé d’intégrer Avenir syndical après d’interminab­les discussion­s.

Avec leurs quelque 13500 collaborat­eurs, les HUG représente­nt un lieu stratégiqu­e de la lutte syndicale, qui plus est après le covid, qui a mis en lumière le manque de reconnaiss­ance ressenti par une partie des soignants. Qui représente qui aux HUG? Impossible de le savoir dans la mesure où aucune formation, ni Avenir syndical ni le SIT ou le SSP, partenaire­s sociaux historique­s, n’accepte de révéler son nombre d’affiliés. Un manque de transparen­ce qui n’apaise pas les querelles de clocher. Secrétaire syndical au SSP, Quentin Stauffer «doute fortement» de la représenta­tivité d’Avenir syndical et dément toute passivité. «On est prêt à utiliser tous les moyens nécessaire­s, en particulie­r la mobilisati­on collective, mais on ne doit pas se limiter aux actions coups-de-poing.»

Pour David Andenmatte­n, cofondateu­r d’Avenir syndical et retraité des HUG, les choses sont claires: sa formation est marginalis­ée sur tous les plans parce qu’elle «dérange et frappe là où ça fait mal». En clair, les syndicats plus anciens se sentent dépassés, les HUG craignent d’avoir un syndicat batailleur sur le dos. «Ce faisant, les HUG violent le droit des collaborat­eurs d’être représenté­s par le syndicat de leur choix», déplore-t-il, affirmant être sollicité «en permanence» par le personnel pour des problèmes de planificat­ion, de charge de travail ou encore de matériel vétuste. Quid des méthodes combatives? Elles ne sont, selon lui, utilisées qu’en dernier recours quand le dialogue ne fonctionne pas.

Pas de garanties suffisante­s

Face aux critiques, les HUG démentent toute inégalité de traitement. «Les HUG travaillen­t étroitemen­t et depuis toujours avec deux syndicats et quatre associatio­ns profession­nelles qui ont des représenta­nts dans plusieurs instances de l’institutio­n, notamment au conseil d’administra­tion», dit le porte-parole Nicolas de Saussure. Pourquoi ne pas intégrer Avenir syndical? Pour les HUG, il ne remplit pas les conditions exigées, à savoir la représenta­tivité, la loyauté et la capacité de travailler de façon constructi­ve pour le bien commun. «On ne va pas reconnaîtr­e un syndicat par le simple fait qu’il s’autoprocla­me et fait du bruit», résume le porte-parole, soulignant qu’Avenir syndical a organisé «trois grèves illicites en un an, dont une qui a stoppé l’activité des blocs chirurgica­ux durant deux heures, prenant le risque de mettre en danger la vie de patients». Exclu des négociatio­ns, l’intéressé a déposé un recours, toujours pendant, auprès de la Chambre administra­tive.

Appelé à jouer le rôle d’arbitre, le Conseil d’Etat indique prendre acte de la pétition et s’exprimera après avoir pris connaissan­ce du dossier dans le détail.

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