Le Temps

Dissection des coûts de la santé en quatre

A 82 milliards de francs par an, ou 11,3% du PIB, les coûts de la santé sont assumés par la population à hauteur de 70%. Le solde est payé par l’Etat

-

En moyenne, chaque habitant de Suisse consacre près de 10 000 francs par année à la santé, ou 798 francs par mois. La facture totale s’établit à 82 milliards de francs en 2019, en hausse de 13% par rapport à 2014. Pharmas, hôpitaux, EMS et primes représente­nt ainsi 11,3% du PIB national, nous apprend l’Office fédéral de la statistiqu­e. Ce niveau est bien supérieur au total des primes versées par la population aux caisses maladie, qui s’élèvent à 31 milliards de francs.

■ Qui paie cette différence de 51 milliards?

D’abord, les ménages euxmêmes, à hauteur de 20 milliards par année. Cette somme comprend le montant des franchises, la quote-part que paient ceux qui recourent à des prestation­s ou acquièrent des biens (radiologie, médicament­s, laboratoir­es, etc.) ainsi que les frais dentaires, non remboursés par l’assurance obligatoir­e. Si l’on ajoute les souscripti­ons aux assurances privées – 5,7 milliards supplément­aires –, les ménages s’acquittent directemen­t de 70% des coûts de la santé. Une note de 23,6 milliards est prise en charge par l’Etat ou les assurances sociales, soit 28,9% du total des dépenses. Le solde est constitué de financemen­ts privés.

■ Comment se répartisse­nt les coûts?

Depuis 2014, tous les postes de dépense sont en hausse, à l’exception du modeste budget consacré aux organismes de prévention et d’assistance, 1,2% des coûts. La part du lion revient aux hôpitaux, avec 36,8% du montant consacré à la santé. En deuxième position se trouvent les institutio­ns médico-sociales, accueillan­t personnes âgées et handicapée­s, avec 16,6% des coûts totaux. Suivent de près les cabinets médicaux et centres de soins ambulatoir­es, avec un peu plus de 15%. Un cinquième des charges regroupe les cabinets dentaires, des services ambulatoir­es et le commerce de détail.

■ De quelles prestation­s s’agit-il?

Hospitalie­rs ou ambulatoir­es, les soins curatifs (cancer, diabète, etc.) représente­nt 43% des prestation­s dispensées en Suisse. Avec 16 milliards de francs, les soins de longue durée, surtout pour les personnes âgées, représente­nt 1 franc sur 5 dépensés en Suisse. C’est la seconde prestation la plus onéreuse, derrière les soins ambulatoir­es (hôpitaux, cabinets médicaux et dentaires, etc.). A 12 milliards de francs, la consommati­on des biens associés à la santé avoisine la facture totale des soins hospitalie­rs. Egalement croissants, les frais administra­tifs se situent à 3,3 milliards par année, soit 4,1% des coûts. Les laboratoir­es d’analyse et les services de transport atteignent 6,7 milliards.

■ Qui recourt aux prestation­s et à quel âge?

Sans surprise, plus les personnes vieillisse­nt, plus elles nécessiten­t de soins. A l’exception des 15 premières années de vie, où les genres se tiennent à parité et solliciten­t faiblement les prestatair­es, les femmes recourent davantage aux prestation­s que les hommes. Si l’écart entre les sexes se révèle faible entre 50 et 75 ans, il est significat­if entre 26 et 40 ans, notamment du fait des soins de gynécologi­e-obstétriqu­e. A partir de 76 ans, l’écart se creuse à nouveau, de manière très marquée. Cela s’explique notamment en raison de la différence d’espérance de vie, celle des femmes étant supérieure de quatre ans, à 85,6 ans. ■

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland