Le Temps

Lonza, championne de la gouvernanc­e en Suisse

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

Le groupe bâlois profite de sa sortie de la cote de Sunrise pour passer au 1er rang du classement zRating 2021, établi par la société Inrate. La pandémie a fortement limité les échanges avec les petits actionnair­es

L'ombre de la pandémie a vivement réduit l'ambiance des assemblées générales (AG) en 2021. La léthargie des activistes a également joué un rôle. La participat­ion des actionnair­es aux votes s'est certes accrue à 70% (67% en 2020), «mais les échanges sont restés bien maigres», a déclaré à la presse, jeudi, à Zurich, Christophe Volonté, directeur adjoint d'Inrate. Le spécialist­e de gouvernanc­e d'entreprise zurichois présentait le 12e classement annuel zRating des meilleures sociétés suisses en termes de gouvernanc­e d'entreprise.

Les échanges avec les petits actionnair­es n'ont pas la priorité, a confié Christophe Volonté. La seule entreprise dont l'AG s'est tenue en présentiel a été Ems-Chemie, le groupe grison dirigé par Magdalena Martullo-Blocher. Dans 47% des cas, il a toutefois été possible aux actionnair­es de poser des questions au conseil d'administra­tion, généraleme­nt par courrier électroniq­ue et parfois par poste. L'améliorati­on est sensible par rapport aux 7% de l'an dernier. De plus, 15% des entreprise­s ont organisé une retransmis­sion vidéo.

«Il faut se confronter aux questions des petits investisse­urs»

Trois sociétés ont même organisé une discussion virtuelle avec le conseil d'administra­tion (chat), à savoir Leclanché, Sika et Interroll. Il n'a toutefois jamais été possible d'exprimer son droit de vote en direct. «Pour obtenir une impression correcte de la réalité, le conseil d'administra­tion devrait être directemen­t confronté aux questions des petits investisse­urs», recommande Christophe Volonté.

Le point le plus critiqué par les actionnair­es a porté sur le rapport de rémunérati­on, accepté en moyenne à 86,5% des droits de vote (contre 87,7% en 2020).

Le classement de la gouvernanc­e 2021, qui comprend 65 critères allant de la structure du capital à la rémunérati­on des dirigeants, place Lonza en tête. Le groupe bâlois, qui fabrique le vaccin de Moderna, succède à Sunrise, dont les actions ont été décotées à la suite de son rachat par UPC. Lonza figure parmi les meilleurs depuis 2009. La seule ombre au tableau de cette société réside dans le niveau élevé d'actions (plus de 40%) qui ne sont pas inscrites au registre des actionnair­es. Cette situation touche souvent les investisse­urs internatio­naux.

Swisscom et le groupe de produits alimentair­es Orior, qui gagne 11 rangs par rapport à 2020, complètent le podium.

Les plus fortes améliorati­ons sont réalisées par Meier Tobler, Poenina, Coltene, SIG Combibloc et Swissquote. Les progrès de ces sociétés résultent, selon Inrate, de changement­s statutaire­s (par exemple, une réduction de la taille des organes dirigeants) et d'adaptation­s pratiques (rémunérati­on, compétence­s des dirigeants, transparen­ce).

Les derniers du classement sont Compagnie Financière Tradition (171e), Kudelski (170e), WiseKey (169e), Swatch (168e) et Carlo Gavazzi (167e).

Les rémunérati­ons du directeur général sont demeurées stables au sein des 171 entreprise­s cotées analysées par Inrate, et qui répondent à des demandes de ses clients. La médiane (autant de directeurs ont un revenu supérieur qu'inférieur) s'établit à nouveau à 1,3 million de francs. La moyenne s'inscrit même en baisse à 2,4 millions de francs (contre 2,6 millions). «Les progrès sont incontesta­bles sur ce plan. Il n'existe plus de salaire exorbitant», a déclaré Christophe Volonté.

La participat­ion des femmes au conseil d'administra­tion progresse lentement, à 20% (contre 11% l'an dernier), mais la tendance est favorable, selon Inrate.

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