Le Temps

La Suisse remonte les barrières

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

Le Conseil fédéral durcit les règles d’entrée en Suisse pour les non-vaccinés. Mais même les personnes ayant eu une double injection devront présenter un document. Des amendes pourront être prononcées. Malgré les pressions de tous les partis sauf le PLR, le Conseil fédéral ne prolonge pas la gratuité des tests. Pour l’instant

La Suisse passe à l’ère du formulaire d’entrée dans le pays, comme d’autres Etats l’ont déjà fait durant la pandémie. Dès lundi, toutes les personnes vaccinées, guéries ou testées négatives devront remplir le formulaire SwissPLF (Passenger Locater Form) pour franchir la frontière.

Les possesseur­s d’un certificat covid reconnu en Suisse devront avoir ce document préalablem­ent rempli avec eux. Ils indiqueron­t ainsi, s’ils croisent un garde-frontière ou un policier, le moyen de transport utilisé pour voyager, le pays de provenance, l’identité et l’adresse du titulaire. «Ces informatio­ns ne seront conservées que durant quatorze jours et seront strictemen­t utilisées pour contrôler l’entrée en Suisse», a promis vendredi le directeur de l’Administra­tion fédérale des douanes (AFD), Christian Bock.

Est-ce que toute personne vaccinée, guérie ou testée négative qui passe la frontière devra remplir ce formulaire SwissPLF? La réponse est non. Les exceptions sont finalement assez nombreuses. Ne sont pas concernés les frontalier­s, les personnes qui transporte­nt des voyageurs ou des marchandis­es à titre profession­nel ainsi que celles qui viennent d’une zone frontalièr­e. Cette dernière catégorie englobe les habitants de ces régions frontalièr­es ainsi que les Suisses qui y ont séjourné ou sont allés y faire des emplettes. S’agissant de la France, ces espaces frontalier­s sont les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-FrancheCom­té et Grand Est.

Quatre vaccins reconnus

Les personnes qui ne possèdent pas de certificat covid valable devront présenter un test négatif (soit antigéniqu­e soit PCR, mais l’autotest ne sera pas reconnu) puis procéder à un second test quatre à sept jours après leur arrivée en Suisse. Cette variante a été préférée à l’autre qui avait été mise en consultati­on et qui prévoyait une quarantain­e. Ces tests ne seront pas pris en charge par la Confédérat­ion. Cette règle ne concerne pas non plus les frontalier­s ou les personnes venant d’une zone frontière.

Qu’est-ce qu’un certificat covid valable? Le Conseil fédéral précise qu’il s’agit des documents délivrés sur la base d’un vaccin reconnu en Suisse ou par l’Agence européenne des médicament­s (EMA). Il y en a quatre: Pfizer/BioNTech, Moderna, Vaccine Janssen de Johnson & Johnson et AstraZenec­a. Ces deux derniers ne sont pas administré­s en Suisse, mais le ministre de la Santé, Alain Berset, promet que des vaccins Janssen seront commandés afin de satisfaire les demandes, notamment celles des personnes allergique­s.

La perspectiv­e de nouvelles règles d’entrée en Suisse a effrayé la branche hôtelière

La perspectiv­e de nouvelles règles d’entrée en Suisse a effrayé la branche hôtelière, qui craint qu’elles ne dissuadent certains touristes. En guise de réponse partielle à ces craintes, le Conseil fédéral a en outre décidé que les certificat­s de vaccinatio­n étrangers, en particulie­r celui de l’OMS, seront admis pour accéder aux lieux et manifestat­ions où le certificat covid est requis. Cette mesure est temporaire: elle est valable jusqu’au 10 octobre.

Contrôles aléatoires et amendes

Le corps des gardes-frontières ne sera pas renforcé pour effectuer les contrôles, indique Christian Bock. Ceux-ci seront d’ailleurs aléatoires, par pointages ou en fonction de risques particulie­rs liés par exemple à la provenance d’un véhicule. Mais des amendes pourront être infligées aux personnes non vaccinées se présentant sans preuve de test (200 francs) ou sans avoir rempli le fameux formulaire (100 francs).

Le Conseil fédéral n’a en revanche pris aucune décision à propos de la gratuité des tests, qui, selon une décision prise en août, s’achève le 30 septembre. Dès le 1er octobre, les prélèvemen­ts dits de convenance deviendron­t payants. Mais les protestati­ons ont été vives. Tous les partis politiques sauf un se sont mobilisés pour demander au Conseil fédéral de renoncer à cette mesure, ou de la modifier. Ainsi, pour les Vert·e·s, «les tests covid doivent rester gratuits, car il est important que le plus grand nombre de personnes puissent se faire tester pour protéger leur entourage.»

Gratuité des tests: la porte reste entrouvert­e

Le gouverneme­nt se dit prêt à examiner plusieurs scénarios. Il pourrait prolonger la gratuité des tests quelques semaines. Il pourrait la maintenir pour les personnes qui sont dans l’attente de leur deuxième dose de vaccin et ne seront pas encore immunisées le 1er octobre. Il pourrait rendre le vaccin partiellem­ent payant. Une décision sera prise ultérieure­ment, annonce Alain Berset, guère motivé à revenir en arrière. «On ne sort pas de la crise avec les tests. Mais on en sort avec les vaccins», fait-il remarquer.

Le PLR est le seul parti qui ne souhaite pas renoncer aux tests payants. Il estime que leur gratuité saperait les efforts faits pour convaincre la population de tendre l’épaule à la piqûre. «Depuis l’annonce de l’extension du certificat covid, de plus en plus de personnes prennent rendez-vous pour se faire vacciner. Le vaccin reste le seul moyen de se protéger contre le virus et d’ainsi éviter des mesures plus restrictiv­es. Les incitation­s à la vaccinatio­n doivent donc être maintenues», argumente-t-il dans un communiqué.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland