Le projet de budget genevois 2022 passe un premier cap
La Commission des finances du Grand Conseil a accepté l’entrée en matière, grâce au MCG et à Ensemble à gauche
Genève la dispendieuse pourrait continuer à dépenser sans compter. C’est à tout le moins le signal donné mercredi par la Commission des finances du Grand Conseil, qui a fait un premier pas en ce sens en acceptant l’entrée en matière du projet de budget 2022 du Conseil d’Etat. A une voix près, 8 contre 7, la commission donne son feu vert pour entamer les travaux.
La droite, excédée devant des déficits à répétition, espérait que la majorité des commissaires refuse, imposant ainsi au Conseil d’Etat de revoir sa copie. Les voix du PLR, du Centre et de l’UDC n’ont pas suffi, le MCG et
Ensemble à gauche ayant rejoint le PS et les Verts pour voter l’entrée en matière.
Des semaines agitées en perspective
Le projet de budget 2022 tel qu’il se présente aujourd’hui prévoit un déficit de 460 millions de francs, malgré des recettes fiscales extraordinaires d’un montant équivalent. La crise sanitaire, si elle a précipité de nombreux indépendants et PME dans les difficultés, a eu moins d’effet qu’escompté sur les rentrées fiscales, plusieurs secteurs économiques ayant bien tenu le coup. Cette solidité a sans doute encouragé le gouvernement, à majorité de gauche, à laisser les charges prendre l’ascenseur. Il réclame 364 postes supplémentaires, alors que les économies qu’il propose sont de nature spéculative. En effet, il espère notamment un report de la facture sociale sur les communes, lesquelles, sans surprise, mettent le pied au mur.
Dès lors, il était naturel que gauche et droite s’affrontent, avec le MCG et Ensemble à gauche dans le rôle d’arbitres. Pour autant, rien ne dit qu’ils maintiennent cette ligne jusqu’au vote final du Grand Conseil. Car c’est en se bouchant le nez qu’ils ont accepté ce premier pas. «Sur le fond, ce projet ne nous convient pas du tout, il est beaucoup trop dépensier, estime François Bärtschi, député MCG. Mais nous sommes d’avis qu’il faut bosser sur ce projet plutôt que choisir la loi du moindre effort, ce que fait la droite qui se contente d’accuser la méchante gauche.» Le député MCG relève notamment que le nouveau plan quadriennal – qui, incongruité genevoise, change chaque année – prévoit 150 postes supplémentaires de plus que le précédent, «ce qui est délirant».
Des raisons diamétralement opposées ont conduit le député d’Ensemble à gauche Jean Burgermeister à accepter du bout des lèvres l’entrée en matière: faire barrage aux intentions de la droite de «dépouiller le projet du peu d’avancées sociales qu’il contient». S’il estime que c’était la meilleure solution pour obtenir des améliorations, il prévient: «Cela ne veut pas dire qu’Ensemble à gauche s’apprête à voter ce budget. En l’état, il n’est pas acceptable.»
Les prochaines semaines promettent d’être assez agitées. La droite est en effet très remontée et, sans amendements substantiels, elle votera très probablement non, sous peine d’être accusée d’incohérence manifeste. Car l’Entente a lancé une initiative populaire pour interdire d’engager de nouveaux fonctionnaires en cas de budget déficitaire. Plutôt satisfaite, la gauche va s’employer à maintenir, voire à augmenter, les postes de dépenses. Le blocage guette.
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