L’économie a basculé dans une nouvelle phase du cycle
La Banque cantonale de Zurich arrête le négoce hors bourse
La Banque cantonale de Zurich (ZKB) tirera en fin d’année la prise de sa plateforme de négoce hors bourse eKMU-X, mettant fin à deux décennies d’activités dans le segment des PME. L’annonce survient deux semaines après le lancement par l’opérateur de la bourse suisse SIX Swiss Exchange d’un segment dédié justement aux PME. «Depuis quelques années, le volume de négoce sur eKMU-X s’est amenuisé en continu, du fait de la disparition de gros émetteurs et de la concurrence intensive entre les différentes plateformes», a indiqué la ZKB. (AWP)
Le renchérissement s’accroît tant en Chine qu’aux Etats-Unis. La Réserve fédérale américaine promet de commencer plus tôt que prévu à réduire ses rachats de titres. Pourtant, les rendements obligataires baissent. Cette apparente contradiction accompagne un milieu de cycle synonyme de volatilité accrue
tLes marchés boursiers semblent défier la théorie financière. La hausse de l’inflation devrait, en théorie, provoquer une hausse des rendements obligataires et une baisse des bourses. L’augmentation des prix s’est élevée à 5,4% sur base annuelle en septembre aux Etats-Unis, au plus haut depuis 13 ans, et semble plus persistante que les économistes l’avaient cru. Mais le rendement des obligations à 10 ans du Trésor a baissé à 1,53% mercredi soir et les indices boursiers ont nettement progressé. En Chine, la hausse des prix à la production, annoncée jeudi, qui atteint 10,7% en Chine en septembre, n’arrange rien. Pourtant, les principales bourses européennes restent fermes.
Les banques centrales détiennent souvent la clé des marchés. Le compte rendu de la réunion de la Réserve fédérale américaine, publié mercredi, montre que la diminution des rachats de titres (dite «tapering») commencera probablement dès novembre. En théorie, cela devrait pousser les taux d’intérêt à la hausse et les actions à la baisse. Ce scénario ne s’est pas encore produit, indique jeudi une note de la
LOIN DE LA FIN DU CYCLE 14.10.2021
Banque Mirabaud. Assiste-t-on à un excès de pessimisme ou à une méconnaissance des cycles économiques de la part des investisseurs?
«Le cycle mûrit, mais il n’est pas encore mûr», déclare Samy Chaar, chef économiste auprès de Lombard Odier. L’économie américaine, moteur des marchés financiers, «a basculé dans la deuxième phase du cycle au troisième trimestre. Les marchés devraient s’y accoutumer», ajoute-t-il.
La première phase du cycle, l’accélération de la croissance, a débuté il y a un an et s’est achevée cet été. Elle est caractérisée par une forte croissance du PIB, l’absence d’inflation et une politique monétaire accommodante.
Le milieu de cycle, la deuxième phase du cycle, se définit par une croissance économique moins vigoureuse, un redémarrage de l’inflation et une normalisation de la politique monétaire. La fin de cycle, la troisième phase, est associée à un ralentissement de la croissance, un renchérissement persistant et un resserrement des politiques des banques centrales.
A la Banque Mirabaud, John Plassard, spécialiste en investissements, partage cette composition du cycle économique. A son avis, la deuxième phase est historiquement la plus longue et elle devrait se prolonger jusqu’à la fin de 2022. «On oublie souvent qu’elle s’accompagne d’une plus grande volatilité, mais les perspectives des marchés restent positives», déclare-t-il.
Le biais pessimiste qui accompagne l’annonce des statistiques d’inflation est frappant, aux yeux de Samy Chaar. «Les commentateurs omettent que l’inflation hors alimentation et énergie aux Etats-Unis s’est limitée à 4% en septembre après un pic à 4,5% en juin. En Chine, l’indice des prix à la consommation est, par ailleurs, en augmentation de seulement 0,7% sur base annuelle», indique-t-il.
Mark Haefele, directeur des investissements auprès d’UBS, se veut également optimiste.
Il constate que les problèmes d’approvisionnement devraient s’améliorer. Producteur de semi-conducteurs et de textile, le Vietnam est en train de sortir d’une vague de Covid-19. Et le secteur pétrochimique est aussi en phase de reprise. «Au sortir du pic de la saison des importations, en août et septembre, la situation devrait s’améliorer dans les ports américains», observe-t-il dans une note.
Une troisième phase encore lointaine
Lors de la fin de cycle, les taux directeurs sont en hausse et le rendement des obligations du Trésor devrait approcher 2 à 2,5% et la courbe des taux d’intérêt devrait être plate ou inversée (taux à 10 ans plus bas que ceux à 1 an), estime Samy Chaar. De telles perspectives ne sont pas à l’ordre du jour avant plus d’un an, à son avis. La croissance économique américaine devrait donc se poursuivre sur plusieurs trimestres. D’ailleurs, si le taux de chômage est tombé à 4,8% en septembre, il devrait se rapprocher de 3,5% en fin de cycle.
Avec ces considérations, la hausse des bourses n’est pas terminée. Elle devrait toutefois être limitée à 5 à 7% par an. Chez UBS, Mark Haefele se dit aussi haussier. La hausse des bénéfices des entreprises américaines devrait atteindre 30% au troisième trimestre et dépasser de 5% les prévisions, indiquet-il. Les pressions à la hausse des coûts sont compensées par la hausse des ventes et la poursuite de la croissance économique. Les pénuries ne feront pas dérailler la reprise.
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«On oublie souvent que la deuxième phase du cycle s’accompagne d’une plus grande volatilité, mais les perspectives des marchés restent positives» JOHN PLASSARD, SPÉCIALISTE EN INVESTISSEMENTS CHEZ MIRABAUD