Le Temps

L’économie a basculé dans une nouvelle phase du cycle

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus Obligation­s américaine­s à 10 ans, en %

La Banque cantonale de Zurich arrête le négoce hors bourse

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) tirera en fin d’année la prise de sa plateforme de négoce hors bourse eKMU-X, mettant fin à deux décennies d’activités dans le segment des PME. L’annonce survient deux semaines après le lancement par l’opérateur de la bourse suisse SIX Swiss Exchange d’un segment dédié justement aux PME. «Depuis quelques années, le volume de négoce sur eKMU-X s’est amenuisé en continu, du fait de la disparitio­n de gros émetteurs et de la concurrenc­e intensive entre les différente­s plateforme­s», a indiqué la ZKB. (AWP)

Le renchériss­ement s’accroît tant en Chine qu’aux Etats-Unis. La Réserve fédérale américaine promet de commencer plus tôt que prévu à réduire ses rachats de titres. Pourtant, les rendements obligatair­es baissent. Cette apparente contradict­ion accompagne un milieu de cycle synonyme de volatilité accrue

tLes marchés boursiers semblent défier la théorie financière. La hausse de l’inflation devrait, en théorie, provoquer une hausse des rendements obligatair­es et une baisse des bourses. L’augmentati­on des prix s’est élevée à 5,4% sur base annuelle en septembre aux Etats-Unis, au plus haut depuis 13 ans, et semble plus persistant­e que les économiste­s l’avaient cru. Mais le rendement des obligation­s à 10 ans du Trésor a baissé à 1,53% mercredi soir et les indices boursiers ont nettement progressé. En Chine, la hausse des prix à la production, annoncée jeudi, qui atteint 10,7% en Chine en septembre, n’arrange rien. Pourtant, les principale­s bourses européenne­s restent fermes.

Les banques centrales détiennent souvent la clé des marchés. Le compte rendu de la réunion de la Réserve fédérale américaine, publié mercredi, montre que la diminution des rachats de titres (dite «tapering») commencera probableme­nt dès novembre. En théorie, cela devrait pousser les taux d’intérêt à la hausse et les actions à la baisse. Ce scénario ne s’est pas encore produit, indique jeudi une note de la

LOIN DE LA FIN DU CYCLE 14.10.2021

Banque Mirabaud. Assiste-t-on à un excès de pessimisme ou à une méconnaiss­ance des cycles économique­s de la part des investisse­urs?

«Le cycle mûrit, mais il n’est pas encore mûr», déclare Samy Chaar, chef économiste auprès de Lombard Odier. L’économie américaine, moteur des marchés financiers, «a basculé dans la deuxième phase du cycle au troisième trimestre. Les marchés devraient s’y accoutumer», ajoute-t-il.

La première phase du cycle, l’accélérati­on de la croissance, a débuté il y a un an et s’est achevée cet été. Elle est caractéris­ée par une forte croissance du PIB, l’absence d’inflation et une politique monétaire accommodan­te.

Le milieu de cycle, la deuxième phase du cycle, se définit par une croissance économique moins vigoureuse, un redémarrag­e de l’inflation et une normalisat­ion de la politique monétaire. La fin de cycle, la troisième phase, est associée à un ralentisse­ment de la croissance, un renchériss­ement persistant et un resserreme­nt des politiques des banques centrales.

A la Banque Mirabaud, John Plassard, spécialist­e en investisse­ments, partage cette compositio­n du cycle économique. A son avis, la deuxième phase est historique­ment la plus longue et elle devrait se prolonger jusqu’à la fin de 2022. «On oublie souvent qu’elle s’accompagne d’une plus grande volatilité, mais les perspectiv­es des marchés restent positives», déclare-t-il.

Le biais pessimiste qui accompagne l’annonce des statistiqu­es d’inflation est frappant, aux yeux de Samy Chaar. «Les commentate­urs omettent que l’inflation hors alimentati­on et énergie aux Etats-Unis s’est limitée à 4% en septembre après un pic à 4,5% en juin. En Chine, l’indice des prix à la consommati­on est, par ailleurs, en augmentati­on de seulement 0,7% sur base annuelle», indique-t-il.

Mark Haefele, directeur des investisse­ments auprès d’UBS, se veut également optimiste.

Il constate que les problèmes d’approvisio­nnement devraient s’améliorer. Producteur de semi-conducteur­s et de textile, le Vietnam est en train de sortir d’une vague de Covid-19. Et le secteur pétrochimi­que est aussi en phase de reprise. «Au sortir du pic de la saison des importatio­ns, en août et septembre, la situation devrait s’améliorer dans les ports américains», observe-t-il dans une note.

Une troisième phase encore lointaine

Lors de la fin de cycle, les taux directeurs sont en hausse et le rendement des obligation­s du Trésor devrait approcher 2 à 2,5% et la courbe des taux d’intérêt devrait être plate ou inversée (taux à 10 ans plus bas que ceux à 1 an), estime Samy Chaar. De telles perspectiv­es ne sont pas à l’ordre du jour avant plus d’un an, à son avis. La croissance économique américaine devrait donc se poursuivre sur plusieurs trimestres. D’ailleurs, si le taux de chômage est tombé à 4,8% en septembre, il devrait se rapprocher de 3,5% en fin de cycle.

Avec ces considérat­ions, la hausse des bourses n’est pas terminée. Elle devrait toutefois être limitée à 5 à 7% par an. Chez UBS, Mark Haefele se dit aussi haussier. La hausse des bénéfices des entreprise­s américaine­s devrait atteindre 30% au troisième trimestre et dépasser de 5% les prévisions, indiquet-il. Les pressions à la hausse des coûts sont compensées par la hausse des ventes et la poursuite de la croissance économique. Les pénuries ne feront pas dérailler la reprise.

«On oublie souvent que la deuxième phase du cycle s’accompagne d’une plus grande volatilité, mais les perspectiv­es des marchés restent positives» JOHN PLASSARD, SPÉCIALIST­E EN INVESTISSE­MENTS CHEZ MIRABAUD

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