Le Temps

Une formation peut être rentable pour l’employeur

- RAPHAËL H COHEN, SERIAL ENTREPRENE­UR, ACADEMIC FELLOW DE L'UNIGE ET ANIMATEUR DE MICROMBA

Une croyance répandue est que les employés profitent plus de la formation que leur employeur. Est-ce inéluctabl­e? Non: preuve en est une solution peu connue qui a fait ses preuves depuis plus de quinze ans.

Des organisati­ons comme la BCGE, la BCV, le CHUV, Nestlé, Sicpa, Bühler, Sanofi ou même la ville de Genève ont mis en oeuvre un dispositif de formation de type «MicroMBA» ou «AgilityBoo­ster» qui leur a rapporté plus qu'il ne leur a coûté et ce, de manière mesurable. Cette rentabilit­é résulte de la concrétisa­tion de vrais projets qui sont mis en oeuvre par les participan­ts et dont profite leur employeur.

Dans ce dispositif de formation, chaque groupe multidisci­plinaire doit trouver un projet en phase avec la stratégie de son employeur. Comme la réussite des participan­ts dépend de la mise en oeuvre de leur projet ou au moins d'un pilote, chaque groupe doit convaincre la direction de la pertinence de son idée. Obtenir les éventuelle­s ressources et autorisati­ons nécessaire­s est en effet un prérequis pour passer à l'action.

Le MicroMBA enseigne bien évidemment les outils pour identifier des opportunit­és pertinente­s, les analyser, les vendre et les concrétise­r. Les participan­ts sont aussi coachés et soutenus jusqu'au résultat final. En plus de ces compétence­s relatives au projet, les participan­ts développen­t leur réseau et acquièrent des compétence­s relationne­lles qui augmentent leur leadership ainsi que leur capacité à obtenir l'adhésion de toutes les parties prenantes impliquées dans un projet intraprene­urial (qui ne résulte pas d'un mandat topdown de la direction).

Ayant survécu aux difficulté­s inhérentes au lancement d'un vrai projet qui vient de la base, les participan­ts vivent une expérience d'intraprene­uriat unique et passionnan­te qui leur permet de montrer ce dont ils sont réellement capables. Ils développen­t leur réseau et acquièrent une agilité profession­nelle qui augmente leur employabil­ité tout en les préparant à devenir des vrais acteurs du changement ou à s'adapter aux futurs défis. Le CHUV reconnaît d'ailleurs que l'état d'esprit MicroMBA et l'agilité de ses cadres ont contribué à la réactivité exemplaire dont l'hôpital a fait preuve pendant la crise du covid.

Comme la mise en oeuvre d'un vrai projet est le critère de réussite du MicroMBA, c'est une démonstrat­ion suffisante de l'assimilati­on de ce qui a été enseigné pour éviter de devoir passer des examens académique­s. Le résultat est suffisamme­nt convaincan­t pour rendre possible la conversion du diplôme MicroMBA en un CAS reconnu par la Confédérat­ion ou pour obtenir jusqu'à 50% des crédits du MBA de l'EU Business School.

Si les participan­ts trouvent éminemment leur compte à faire un MicroMBA, les organisati­ons qui le mettent sur pied ne sont pas en reste (Romandie Formation propose une version inter-entreprise pour les organisati­ons qui n'ont pas un MicroMBA réservé à leurs collaborat­eurs): les projets mis en oeuvre rapportent toujours beaucoup plus que le coût de la formation. Il peut s'agir du lancement de nouveaux produits, de l'améliorati­on de processus qui réduisent les coûts opérationn­els ou améliorent l'expérience client, de nouvelles utilisatio­ns des données, de nouvelles stratégies marketing ou même de nouvelles méthodes de gestion. Les projets ayant une valeur tangible pour l'organisati­on, ils représente­nt un résultat mesurable. Comme il est supérieur au coût de la formation, cela implique que l'acquisitio­n des compétence­s par les participan­ts n'a rien coûté. Il assure de surcroît un décloisonn­ement qui facilite la collaborat­ion au quotidien des participan­ts.

Ce dispositif montre qu'il est possible d'innover au point de faire en sorte que la formation profite autant aux employeurs qu'aux participan­ts.

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