A boguet, avant de goûter la framboise
Berne, mardi, 12h. «Pour démarrer, il suffit de tourner la poignée de gaz», me dit Sevi en dialecte bernois. Mais de gaz d'échappement, ou de bruit de moteur, il n'y aura pas. J'ai demandé le modèle qui se vend le mieux en ce moment, dans le magasin E-Move Motors, à Berne, qui ne vend que des petits véhicules électriques. Me voilà assise sur un Vespino 7iS, un scooter sans essence, qui se décline en rose bonbon ou en doré bling-bling. Ce qui en fait le préféré de la clientèle? «Il est facile à utiliser, pose peu de problèmes, il a un système intégré pour écouter de la musique via Bluetooth, et une prise pour brancher un câble USB», énumère Sevi. Depuis deux ans environ, toute sa gamme de vélomoteurs électriques séduit une population jeune, qui vient de l'agglomération ou des campagnes bernoises, explique ce trentenaire qui vit lui-même en périphérie. C'est le boguet version 2021: ils ont l'allure et la fonctionnalité des motocyclettes, sans l'odeur d'huile ni les pétarades du moteur. Du coup, un meilleur bilan écologique. Mais ce n'est pas l'argument de vente principal, d'après Sevi: «Mes clients cherchent surtout la liberté.» Car les modèles dont la vitesse est limitée à 20 ou 25 km/h peuvent être conduits sans casque et sans permis dès 16 ans, ou avec un permis catégorie M dès 14 ans. Et puis, il y a aussi le facteur frime. Ceux qui veulent être sûrs d'attirer les regards se tournent vers les engins imitant le style Harley Davidson: pneus bien larges, grands guidons, sièges confortables, ils portent des noms comme Bikers One, Bikerswin ou Ghostbiker. La batterie a une autonomie de 80 à 150 km, contre 40 à 60 pour les e-scooters classiques. Mais avec leurs 70 kilos et leurs mensurations, ils sont peu maniables. Dompierre, mardi, 20h. Nous n'étions pourtant plus qu'à moins de 10 kilomètres de notre point de chute, après une soixantaine de kilomètres parcourus, mais voilà que la batterie du vélo de Céline arrive à plat. Il fait noir et froid dans la Broye-Vully, la lune luit déjà depuis un moment haut dans le ciel, nous nous arrêtons dans la première ferme sur laquelle nous tombons. Un grand panneau nous indique que de vendredi à dimanche, du 15 au 17 octobre, les chaudrons de raisiné bouillonneront ici même à l'occasion de la grande Fête villageoise du vin cuit. Miam. Le propriétaire de la ferme et ses deux fils de 10 et 7 ans sont dehors dans la cour, ils nous proposent de brancher nos vélos aux prises des machines et nous invitent à venir nous réchauffer à l'intérieur. On passe devant les chaudrons prêts à accueillir les centaines de litres de jus de poires fraîchement pressées, on est immédiatement invitées aux réjouissances du weekend et l'idée est si alléchante que vous risquez bien d'effectivement nous y retrouver. On se déchausse pour entrer dans la cuisine, la table est mise et nos convives s'installent pour souper. Cornettes aux poireaux, crudités et saucisson. Les garçons engloutissent leur assiette et se resservent aussitôt. Nous buvons un thé et picorons des framboises en les regardant manger, nous déclinons leur proposition de partager le repas, nous en avons un de prévu avec Marie-Pierre qui nous attend – la pauvre – à Lucens…
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