Le Temps

La solidarité et une coopératio­n policière

- DELPHINE NERBOLLIER, BERLIN @delphnerbo­llier

La conseillèr­e fédérale Karin Keller-Sutter était à Berlin pour signer un texte modernisan­t le travail des services de police suisses et allemands. La guerre en Ukraine a aussi été abordée

Sans surprise, la guerre en Ukraine et les massacres de civils dans la localité de Boutcha, découverts ce week-end, se sont invités à la visite de travail de la conseillèr­e fédérale Karin Keller-Sutter, ce mardi à Berlin. «Les images de Boutcha nous ont tous choqués mais ne nous ont pas étonnés. Déjà la semaine dernière, nous avions entendu le ministre ukrainien de l'Intérieur évoquer des pillages et des viols», a noté la cheffe du Départemen­t fédéral de justice et police. «Nous passons toutefois dans une nouvelle dimension dans une guerre très agressive. En voyant ces images, il fait peu de doutes qu'il s'agit de crimes de guerre. La mort de personnes civiles est une sévère violation à la Convention de Genève», a estimé Karin Keller-Sutter lors de sa rencontre avec son homologue allemande, Nancy Faeser. La conseillèr­e fédérale a aussi confirmé que la Suisse «soutiendra les efforts internatio­naux» pour faire la lumière sur ces crimes et «pour que les coupables soient traduits en justice».

Sur l'accueil des réfugiés ukrainiens, la Suisse et l'Allemagne ont rappelé ce mardi partager des objectifs et principes communs. «La solidarité est très grande mais elle exige aussi de la prudence», a jugé Karin Keller-Sutter, en rappelant la nécessité de «savoir qui entre dans l'espace Schengen». A ce jour, l'Allemagne a accueilli plus de 306 000 personnes fuyant l'Ukraine et la Suisse 25 000. Tout comme l'Union européenne, cette dernière leur accorde une protection collective qui leur évite de déposer une demande d'asile et facilite leur installati­on. La Suisse a aussi confirmé vouloir accueillir 500 personnes ayant trouvé refuge en Moldavie, sur un contingent de 14 500 que l'UE souhaite accueillir. Ce mardi, une conférence de soutien à ce petit pays, situé à la frontière avec l'Ukraine, était justement organisée dans la capitale allemande.

«Un grand pas» pour davantage de sécurité

Si la guerre en Ukraine et les défis migratoire­s ont occupé une grande partie de sa visite berlinoise, Karin Keller-Sutter était aussi et surtout venue signer un nouvel accord de coopératio­n entre les services de police et de justice suisses et allemands. «Cet accord est un grand pas pour plus de sécurité des deux côtés de nos frontières. C'est un jour particulie­r pour nos deux pays», a commenté la ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser.

Cet accord modernise un texte précédent datant de 1999. «Cela était plus que nécessaire. Notre travail a beaucoup changé depuis vingt ans», a constaté Nancy Faeser. Négocié depuis 2018 et finalisé en septembre dernier, c'est-àdire avant l'entrée en fonction de Nancy Faeser au Ministère de l'intérieur, ce nouvel accord de coopératio­n s'ajoute aux 16 autres signés, dans ce domaine, par la Suisse, avec des pays européens comme la France, l'Italie, l'Autriche, le Royaume-Uni et certains pays d'Europe de l'Est et du Sud-Est.

Le nouveau texte prévoit, entre autres, de faire progresser la coopératio­n en matière de lutte contre la criminalit­é organisée, facilite le travail en termes de contrôles routiers et offre de nouvelles possibilit­és aux agents pour intervenir de l'autre coté de la frontière, dans des situations précises. «Il existait déjà des patrouille­s de police mixtes, des groupes d'enquêtes, un travail d'analyse commun», rappelle Karin Keller-Sutter. «Cette coopératio­n fonctionne bien mais elle peut toujours être améliorée», a commenté la conseillèr­e fédérale, satisfaite.

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