Les Vaudois face à deux visions de la société
Le canton de Vaud a sa campagne politique. Enfin. Les résultats du premier tour ayant créé un petit séisme, les blocs de gauche et de droite se sont mobilisés comme jamais en vue du second tour du 10 avril. L’enjeu est de taille. Après onze ans au pouvoir, l’alliance rose-verte pourrait perdre la majorité au profit du centredroite. Un tel scénario paraissait totalement impossible il y a quelques mois encore. Mais en suivant l’exemple gagnant des Fribourgeois, PLR, UDC et Centre se sont retrouvés sur une liste commune. L’alliance de droite emmenée par Christelle Luisier – qui se profile de plus en plus comme la nouvelle leader du gouvernement vaudois – a réussi à donner d’elle une image d’unité et de combativité. Même si les divergences sont bien réelles.
Le 20 mars, date d’un premier tour décevant, a aussi servi d’électrochoc à la gauche. Elle s’est enfin remise en question et est venue avec de vraies propositions et pas seulement une défense de son bilan.
Grâce à ce second tour engagé et jalonné de débats, les électeurs et les électrices sont conscients de se retrouver face à un véritable choix de société. Les visions de la gauche ou de la droite pour le futur du canton sont différentes, que ce soit sur la fiscalité, la transition énergétique, le système de santé ou l’école. Ces sujets touchent directement la population dans leur vie quotidienne, d’où la nécessité de se rendre aux urnes, le 10 avril. C’est l’autre enjeu de dimanche prochain: améliorer le taux de participation qui n’était que de 35% lors du premier tour. Habituellement la baisse s’accentue au second. Cette fois-ci, cela pourrait changer.
La mobilisation des deux camps est telle que personne ne peut ignorer ce rendez-vous démocratique. Et les écarts étaient si bas que chaque voix compte. Surtout pour les quatre candidats qui se battent pour les deux dernières places. A moins d’une immense surprise, tout se jouera entre la socialiste Cesla Amarelle, le Vert Vassilis Venizelos, la centriste Valérie Dittli et l’UDC Michaël Buffat. Les deux PLR Isabelle Moret et Frédéric Borloz, ainsi que les socialistes Rebecca Ruiz et Nuria Gorrite peuvent aborder cette échéance avec sérénité.
Les interrogations fusent autour du premier quatuor. La cheffe du Département de la formation aura-t-elle rassuré les enseignants très critiques avec leur patronne? Vassilis Venizelos est-il parvenu à s’affirmer durant cette campagne? L’inexpérience politique de Valérie Dittli va-t-elle faire peur à certains? Quant à Michaël Buffat, sa position très modérée sera-t-elle considérée comme sincère?
Autre question clé: l’unité montrée par les deux camps durant cette phase finale résistera-t-elle aux coups de crayon? On peut imaginer que des socialistes tracent le Vert ou que les UDC biffent la centriste. Ou vice versa. Suspense total jusqu’à dimanche.
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