Le Temps

Levée de fonds record pour Climeworks

- RICHARD ÉTIENNE @RiEtienne

Le spécialist­e zurichois de captage de CO2 dans l’atmosphère a levé 600 millions de francs pour accroître son activité. La plupart des scénarios visant à contenir le réchauffem­ent climatique tablent sur des solutions telles que celle de Climeworks

Climeworks a levé 600 millions de francs, a annoncé mardi l’un de ses investisse­urs, Partners Group, une firme zougoise de capital-risque. C’est la plus grosse somme jamais levée par une entreprise d’éliminatio­n du dioxyde de carbone (CO2) et l’une des principale­s par une start-up en Suisse, toute catégorie confondue. La société zurichoise, issue de l’EPFZ, se spécialise dans l’aspiration de CO2 qu’elle capture dans l’air ambiant.

Cette annonce tombe le lendemain d’un rapport du GIEC, selon lequel le monde doit absolument faire baisser ses émissions de gaz à effet de serre avant 2025 pour éviter un désastre climatique. Or la plupart des scénarios visant à maintenir le réchauffem­ent à 1,5°C au-dessus des niveaux pré-industriel­s comptent sur des technologi­es de captage du CO2.

Importante usine en vue

Fondée en 2009, Climeworks a construit à ce jour une quinzaine d’installati­ons basées sur la technologi­e d’extraction directe, dont la plus importante au monde qui a été mise en service en septembre dernier en Islande. Le CO2 piégé est injecté et stocké en profondeur. L’usine capture quelque 4000 tonnes par an, ce qui correspond aux émissions annuelles de 600 personnes en Europe. Des milliards de tonnes de CO2 doivent être capturées d’ici à 2050 pour atteindre les objectifs de Paris.

Pour réussir, la société zurichoise est donc condamnée à renforcer drastiquem­ent ses capacités, ce que la levée de fonds doit permettre. Climeworks a lancé des projets pilotes aux Etats-Unis, en Scandinavi­e et au Moyen-Orient. Le groupe doit construire une usine de capture de 40000 tonnes, dans un endroit qui n’a pas encore été déterminé, capable de capter plus d’un million de tonnes de CO2 par an d’ici 2030, selon son directeur général, Christoph Gebald.

La technologi­e de Climeworks fonctionne en déplaçant de grandes quantités d’air sur un produit chimique capable de filtrer le CO2. Le composé est chauffé à haute températur­e pour libérer un flux pur de CO2 qui peut être injecté sous terre. Le processus est énergivore et n’a de sens que si la source d’énergie est verte.

Climeworks fait partie d’une poignée de start-up du secteur. On peut citer parmi elles l’américaine Global Thermostat ou la canadienne Carbon Engineerin­g. Cette dernière s’est associée à la firme américaine Occidental Petroleum pour construire une usine de capture d’un million de tonnes de CO2.

Outre Partners Group, la levée de fonds de Climeworks a été dirigée par le fonds d’investisse­ment étatique singapouri­en GIC. Parmi les autres investisse­urs figurent les groupes Baillie Gifford, Global Carbon Removal Partnershi­p, Global Founders Capital, M&G et Swiss Re. Climeworks, qui emploie 180 personnes, prévoit d’en recenser 400 d’ici à la fin de l’an prochain. ■

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