Levée de fonds record pour Climeworks
Le spécialiste zurichois de captage de CO2 dans l’atmosphère a levé 600 millions de francs pour accroître son activité. La plupart des scénarios visant à contenir le réchauffement climatique tablent sur des solutions telles que celle de Climeworks
Climeworks a levé 600 millions de francs, a annoncé mardi l’un de ses investisseurs, Partners Group, une firme zougoise de capital-risque. C’est la plus grosse somme jamais levée par une entreprise d’élimination du dioxyde de carbone (CO2) et l’une des principales par une start-up en Suisse, toute catégorie confondue. La société zurichoise, issue de l’EPFZ, se spécialise dans l’aspiration de CO2 qu’elle capture dans l’air ambiant.
Cette annonce tombe le lendemain d’un rapport du GIEC, selon lequel le monde doit absolument faire baisser ses émissions de gaz à effet de serre avant 2025 pour éviter un désastre climatique. Or la plupart des scénarios visant à maintenir le réchauffement à 1,5°C au-dessus des niveaux pré-industriels comptent sur des technologies de captage du CO2.
Importante usine en vue
Fondée en 2009, Climeworks a construit à ce jour une quinzaine d’installations basées sur la technologie d’extraction directe, dont la plus importante au monde qui a été mise en service en septembre dernier en Islande. Le CO2 piégé est injecté et stocké en profondeur. L’usine capture quelque 4000 tonnes par an, ce qui correspond aux émissions annuelles de 600 personnes en Europe. Des milliards de tonnes de CO2 doivent être capturées d’ici à 2050 pour atteindre les objectifs de Paris.
Pour réussir, la société zurichoise est donc condamnée à renforcer drastiquement ses capacités, ce que la levée de fonds doit permettre. Climeworks a lancé des projets pilotes aux Etats-Unis, en Scandinavie et au Moyen-Orient. Le groupe doit construire une usine de capture de 40000 tonnes, dans un endroit qui n’a pas encore été déterminé, capable de capter plus d’un million de tonnes de CO2 par an d’ici 2030, selon son directeur général, Christoph Gebald.
La technologie de Climeworks fonctionne en déplaçant de grandes quantités d’air sur un produit chimique capable de filtrer le CO2. Le composé est chauffé à haute température pour libérer un flux pur de CO2 qui peut être injecté sous terre. Le processus est énergivore et n’a de sens que si la source d’énergie est verte.
Climeworks fait partie d’une poignée de start-up du secteur. On peut citer parmi elles l’américaine Global Thermostat ou la canadienne Carbon Engineering. Cette dernière s’est associée à la firme américaine Occidental Petroleum pour construire une usine de capture d’un million de tonnes de CO2.
Outre Partners Group, la levée de fonds de Climeworks a été dirigée par le fonds d’investissement étatique singapourien GIC. Parmi les autres investisseurs figurent les groupes Baillie Gifford, Global Carbon Removal Partnership, Global Founders Capital, M&G et Swiss Re. Climeworks, qui emploie 180 personnes, prévoit d’en recenser 400 d’ici à la fin de l’an prochain. ■