Les appartements, une rareté cher payée
L’offre est loin de répondre à la frénésie qui règne pour acquérir des appartements en PPE. Selon la dernière étude de Wüest Partner, une remontée des taux d’intérêt n’aura qu’un effet limité sur la demande
Ni les soubresauts sur les taux, ni le retour de l’inflation, ni les autres incertitudes susceptibles de peser sur le pouvoir d’achat des ménages suisses. Rien ne semble en mesure de freiner l’irrésistible ascension des prix des appartements en propriété par étages (PPE). En moyenne suisse, l’an dernier, les PPE se sont vendus 6,7% plus cher qu’en 2020. La hausse atteint 5,7% dans la région lémanique et 5,4% dans le reste de la Suisse romande. Les objets haut de gamme ont même enregistré une hausse de 9 à 10%, selon la dernière étude de WüestPartner. Voilà dix ans que de telles progressions n’avaient pas été observées sur le marché.
D’après les auteurs de ce rapport publié la semaine dernière, «il n’y a rien d’étonnant à ce que les prix poursuivent leur envolée». Car l’offre n’arrive de loin pas à répondre à la demande. Un chiffre suffit à prendre la mesure de la situation qui règne dans ce segment de marché: le taux de l’offre, qui mesure le rapport entre le nombre d’objets proposés à la vente et l’ensemble du parc existant. Celui-ci est passé l’an dernier sous la barre des 4%. C’est une première depuis dixsept ans.
Cette raréfaction de l’offre trouve une partie de son explication dans la lutte pour les rares terrains à bâtir que se livrent les promoteurs de logements en propriété et les investisseurs institutionnels (caisses de pension, assurances, etc.), qui privilégient les immeubles locatifs. Et ce sont ces derniers qui l’emportent régulièrement. «Devant la difficulté à placer leurs fonds [en raison de la faiblesse des taux, ndlr], ils manifestent une très haute propension à payer», résume Wüest Partner.
Accalmie en vue?
Il faut toutefois s’attendre à une légère accalmie. Dans certaines régions en tout cas, le nombre de logements neufs arrivant sur le marché devrait légèrement augmenter ces prochaines années. De plus, une remontée des taux, bien que personne ne s’attende à ce qu’elle soit brutale, pourrait «affecter la propension à payer» des ménages. Autrement dit, un renchérissement des hypothèques écartera certains budgets de cette course effrénée vers la propriété. «Mais cet effet devrait rester limité, concluent les auteurs. Bien qu’à un rythme moins soutenu, les prix devraient encore augmenter. Car la demande est toujours plus forte que l’offre.»
Les prix des appartements offerts à la vente devraient ainsi progresser de 2% en moyenne suisse cette année. Les prévisions sont à peu près les mêmes pour les différentes régions du pays. A l’exception de celles de Zurich et des Grisons, où une hausse de quelque 3% est attendue. ■