Le Temps

«Je jure que je ne l’ai pas forcée»

- GRÉGOIRE BAUR @GregBaur

L’ex-tennisman Yves Allegro, condamné en première instance à 2 ans de prison avec sursis pour contrainte sexuelle, retrouvait le banc des accusés ce mardi, pour son procès en appel. Pour la procureure, il doit être condamné pour viol. Ses avocats défendent l’acquitteme­nt

L’audience à peine débutée, Yves Allegro doit quitter le banc des accusés. La plaignante, qui accuse l’ancien joueur de tennis d’avoir abusé d’elle lors d’une soirée en Estonie en 2014, en marge d’une conférence de Tennis Europe, est présente, ce mardi, au Palais de justice de Sion pour cette audience en appel. Elle ne souhaite pas être confrontée au prévenu. Le Valaisan, qui a été condamné en première instance à 24 mois de prison avec sursis pour contrainte sexuelle, patientera en dehors de la salle d’audience.

Face à la cour, la plaignante confirme les bribes de souvenirs d’une agression sexuelle brutale, qui lui sont revenues 48 heures après cette soirée arrosée. A-t-elle eu de nouveaux souvenirs depuis lors? lui demande le président du tribunal. «Non, aucun.» Elle souligne ensuite l’impact qu’a encore aujourd’hui cette affaire sur sa vie et qui se concrétise notamment par une prise en charge thérapeuti­que, qui diminue au fil des années mais reste nécessaire.

Quelques minutes plus tard, Yves Allegro refait son apparition. Comme en première instance, il répète, face aux juges, qu’il n’a pas de souvenir d’une grande partie de la soirée. Mais l’ancien joueur de l’équipe de Suisse de Coupe Davis ne peut pas imaginer avoir fait de mal à la plaignante. «Je suis certain de ne l’avoir jamais forcée à quoi que ce soit. Pour moi, il est clair que je ne suis pas l’auteur des lésions retrouvées sur son corps.» Au lendemain de cette nuit qui reste très – voire totalement – floue pour les deux protagonis­tes, la plaignante est recouverte de bleus. Une quinzaine d’hématomes au total. Pour la procureure Corinne Caldelari, ces ecchymoses, tout comme le liquide séminal retrouvé sur le slip de la plaignante, ne laissent pas de place au doute. «Non, il ne s’agit pas d’un dérapage entre deux adultes consentant­s après une soirée trop arrosée. Non, la plaignante n’a pas construit cette histoire de toutes pièces», appuie la magistrate, qui requiert trois ans de peine privative de liberté, pour viol et contrainte sexuelle, à l’encontre du prévenu.

«Des hématomes»

Pour la défense, la réalité est tout autre. Me Pierre-Damien Eggly et Me Guillaume Grand, qui plaident l’acquitteme­nt, l’expliquero­nt durant une plaidoirie de plus de deux heures. Le premier cité estime que toute cette affaire se base sur des déductions et non sur des souvenirs. «C’est en raison des hématomes que la plaignante imagine que mon client a été violent. Pour elle, ce n’est pas «tu as été violent donc j’ai des bleus», mais «j’ai des bleus, donc tu as été violent». La réflexion est biaisée dès le départ», insiste-t-il. Me Guillaume Grand enchaîne, prônant lui aussi la reconstruc­tion mentale: «Au vu du dossier, la plaignante n’est pas crédible, mais pourtant elle ne ment pas. Elle croit ce qu’elle dit.»

Prenant une dernière fois la parole, Yves Allegro jure, face à la cour, n’avoir jamais fait de mal à qui que ce soit. Parlant de la plaignante, il ajoute: «Je jure que je ne l’ai pas forcée.» Le verdict sera rendu ultérieure­ment.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland