Les pierres précieuses, une valeur refuge qui tient salon à Genève
Alors que certains salons commerciaux peinent à trouver des exposants, GemGenève, consacré aux pierres précieuses et à la joaillerie, organise une nouvelle édition six mois après la dernière. Les visiteurs sont attendus du 5 au 8 mai à Palexpo
GemGenève, salon consacré aux pierres précieuses et à la joaillerie, se tiendra à Palexpo du 5 au 8 mai prochains, six mois tout juste après sa dernière édition, en novembre 2021. Si certains salons courent désespérément derrière les exposants pour assurer la tenue de leur événement, GemGenève a organisé cette édition supplémentaire pour répondre à leur demande. Créé en 2018, ce rendez-vous ouvert au public réunit 160 exposants.
«Depuis sa création, GemGenève a su se profiler comme un hub de rencontre entre créateurs de bijoux, exposants, marchands de pierres précieuses, détaillants, collectionneurs, connaisseurs, acheteurs professionnels et privés», souligne Ronny Totah, cofondateur de GemGenève avec Thomas Faerber.
A en croire la pression mise par les exposants pour l’organisation de cette 4e édition, le marché de la joaillerie et des pierres précieuses se porte extrêmement bien. Peu de rendez-vous de ce type peuvent se tenir deux fois l’an. Selon Ronny Totah, cet engouement extraordinaire pourrait être induit par un effet post-covid. «Un peu à l’image d’une marmite sous pression. Le monde a été bloqué pendant un certain temps et à un moment il faut que la pression sorte. Les gens investissent dans les pierres et les bijoux, qui sont devenus une valeur refuge. Plus sûrs et plus facilement transportables aux yeux de certains que l’argent.»
Une tendance que confirme Jean-Philippe Bertschy, spécialiste du luxe chez Vontobel. «Nous constatons une très forte progression du marché de la joaillerie et des pierres précieuses depuis un certain temps. Mais cette tendance a été exacerbée par la crise du covid.» Et l’analyste de confirmer l’aspect pratique par rapport à l’argent ou aux actions. «Depuis
«Aussi bien les Ukrainiens que les Russes se sont rués sur ces valeurs sûres et faciles à emporter» JEAN-PHILIPPE BERTSCHY, VONTOBEL
le début de la guerre en Ukraine, les chiffres atteignent des records en matière de joaillerie et de pierres précieuses. Aussi bien les Ukrainiens que les Russes se sont rués sur ces valeurs sûres et faciles à emporter avec soi.»
Jean-Philippe Bertschy souligne que la progression constante de ce secteur a débuté il y a une quinzaine d’années déjà. Elle a pour principal facteur l’émancipation des femmes et leur accès au marché du travail. «Auparavant c’était les hommes qui achetaient des parures pour les femmes. Désormais, elles les acquièrent également elles-mêmes.»
Un marché florissant qui est aussi sujet à polémique, notamment en ce qui concerne la provenance des pierres précieuses. Les organisateurs de GemGenève, dont les exposants proviennent de 16 pays, sont extrêmement sensibles à la question mais n’ont pas voulu refuser des participants en fonction de leur nationalité. «Nous ne serions évidemment pas entrés en matière avec un exposant en main d’un Etat en guerre, précise Ronny Totah. Mais nous ne voulons pas exclure une personne sur la base de son passeport si nous savons qu’elle partage nos valeurs.» Les fondateurs étant eux-mêmes actifs dans la branche, ils disposent d’une bonne vue d’ensemble de la façon d’opérer des uns et des autres. Un petit monde où tout se sait très vite. «Ceux qui ont des pratiques peu claires quant à l’origine de leurs pierres sont très vite repérés», rassure Ronny Totah.
Parmi les 160 stands que sont invités à découvrir les visiteurs de GemGenève, un peu plus de la moitié exposent des pierres taillées non montées, les autres des pièces de bijouterie. Les organisateurs ont voulu conférer un côté pédagogique au salon, en mettant notamment en valeur les nombreux métiers liés à ce secteur. Des conférences, tables rondes et ateliers sont organisés tout au long de la manifestation et accessibles au public.
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