Le Temps

La sécurité suisse entre les mains de l’ex-directeur de Champ-Dollon

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli MARTIN VON MURALT NOUVEAU DÉLÉGUÉ DU RÉSEAU NATIONAL DE SÉCURITÉ

Martin von Muralt prendra la succession d’André Duvillard comme délégué du Réseau national de sécurité. Son court passage à la direction de la prison genevoise s’était terminé en queue de poisson

Martin von Muralt sera, dès le 1er août, le délégué du Réseau national de sécurité (RNS). La conseillèr­e fédérale Viola Amherd, cheffe du Départemen­t fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports, a révélé devant la presse le nom du successeur du Neuchâtelo­is André Duvillard, qui partira à la retraite fin juillet. A ce poste stratégiqu­e, le Genevois de 47 ans devra faire le lien entre la Confédérat­ion, les cantons et les communes. Le RNS regroupe les instrument­s de politique sécuritair­e de ces trois niveaux constituti­onnels.

La dernière expérience profession­nelle de Martin von Muralt s’était terminée abruptemen­t. «Un putsch provoque la démission du directeur de Champ-Dollon» écrivions-nous le 6 septembre 2021. Nommé deux ans plus tôt par Mauro Poggia, conseiller d’Etat chargé du Départemen­t de la sécurité, de la population et de la santé, Martin von Muralt s’était lancé dans une réforme ambitieuse de la prison genevoise.

Les officiers supérieurs à l’attaque

Le projet visait notamment à mettre fin au modèle du gardien tournant et polyvalent pour créer des domaines spécialisé­s. Il a rapidement suscité des attaques virulentes de la part des officiers supérieurs non seulement contre les améliorati­ons que le directeur voulait apporter, mais aussi contre sa personne, décrite comme distante et cassante. Mauro Poggia s’était alors empressé d’écouter les frondeurs et d’organiser une médiation afin de rétablir le dialogue entre les cadres et le directeur. En vain. Le départ de ce dernier est rapidement devenu la seule issue.

«Martin von Muralt a montré beaucoup de qualités. C’est un homme intègre, à l’écoute et qui a le sens du compromis», précisait alors le professeur Hans Wolff, patron de la médecine pénitentia­ire avec lequel le directeur avait formé un duo efficace pour gérer la crise du covid en prison.

Ce furtif passage à la tête de la prison a été «une expérience dont on ressort renforcé et grandi», a commenté Martin von Muralt lors de sa présentati­on à la presse. Le nouveau haut fonctionna­ire a pris le soin de préciser que l’emploi du mot «putsch» pour décrire le processus par lequel il a quitté la prison ne lui appartient pas, mais qu’il «partage partiellem­ent cet avis».

Du terrain au management

Auparavant, Marin von Muralt a été chef d’état-major (2011-2016) puis commandant de la police de la région de Morges (20162019). Il a également travaillé comme inspecteur à la police judiciaire genevoise (20012003) et comme enquêteur à la police fédéral (fedpol) pour laquelle il a occupé un poste de coordinate­ur (2003-2011). Une longue expérience de terrain qui tranche avec la tâche de coordinati­on et de rédaction de rapports qu’il devra accomplir au RNS. Ne craint-il pas d’être gagné par l’ennui? «Mon parcours m’a fait occuper des fonctions qui m’avaient déjà fait quitter le terrain pour des responsabi­lités managérial­es, répond-il. J’ai identifié trois défis avec ma nomination: le passage d’un niveau opérationn­el à un niveau stratégiqu­e, l’accession à un niveau national et la diversité des activités, qui regroupent aussi bien le militaire que les pompiers et la cybersécur­ité.»

Sa grande aisance en allemand a été un atout déterminan­t pour sa nomination, a affirmé Viola Amherd. Une manière pour la conseillèr­e fédérale de souligner que la ductilité est une ressource nécessaire pour diriger ce réseau national, pris entre les couches du millefeuil­le suisse.

Le RNS a été constitué en 2012. Il est né suite au constat, au début des années 2000, du besoin d’une plus grande coordinati­on entre l’armée et les forces de police, à l’occasion de grands événements: World Economic Forum à Davos, G8, Championna­t d’Europe de football. Il est financé par la Confédérat­ion et les cantons.

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