Un député UDC veut connaître les liens d’intérêts des journalistes
Une motion a été déposée devant le Grand Conseil par Cédric Weissert en vue de créer un registre dans lequel les journalistes devraient déclarer leur appartenance à des associations et leurs liens personnels. Il plaide la transparence démocratique, mais le projet pourrait se heurter au principe de liberté de la presse
Les médias jouent un rôle dans la formation de l’opinion publique et il serait normal de connaître les engagements associatifs et les liens personnels de ceux qui y travaillent. C’est en tout cas l’avis du député vaudois Cédric Weissert, qui vient de déposer une motion devant le Grand Conseil allant dans ce sens. Signé par des élus UDC et PLR, le texte demande «la création d’un registre des intérêts pour les journalistes employés ou mandatés par des éditeurs dont les médias perçoivent des aides publiques cantonales». Les contours du périmètre de cette liste se veulent volontairement larges afin de pouvoir être débattus en commission.
Contacté, Cédric Weissert se défend de vouloir mettre sous pression les médias: «Ce n’est pas une attaque contre la presse, assure le député de l’Ouest lausannois. Mais il serait justifié que les liens d’intérêts des personnes qui écrivent sur la politique vaudoise soient accessibles à la population, particulièrement dans une période d’élections comme nous venons de vivre. Cela permettrait peut-être aussi de casser certains fantasmes, où à droite on considère les journalistes toujours trop à gauche, et inversement.»
Une motion similaire en 2005 à Berne
L’idée n’est pas nouvelle. En décembre 2005, à Berne, le conseiller national Jürg Stahl, également UDC, avait déposé une motion similaire demandant la «transparence sur les intérêts représentés par les journalistes accrédités au Palais fédéral». «Il serait important pour le public de savoir quelle est l’appartenance politique de tel ou tel journaliste afin d’être à même d’appréhender ses articles ou ses analyses avec le recul nécessaire», plaidait alors le Zurichois. La motion a finalement été classée. Le Conseil fédéral s’y était opposé, objectant que l’indépendance des médias était déjà garantie par plusieurs normes et prescriptions, notamment dans l’article 4 de la loi fédérale sur la radio et la télévision ou dans la Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste adoptée par le Conseil suisse de la presse.
Cependant, aux yeux de Cédric Weissert, les choses ont évolué depuis et «de plus en plus de personnes se détournent de la politique». «J’estime normal que, nous, les députés déclarions nos liens d’intérêts quand nous intervenons sur un sujet. Je trouverais également juste que les journalistes fassent de même, dans un souci de transparence démocratique.»
Du côté d’Impressum, la plus importante association professionnelle de journalistes de Suisse, on n’a pas encore pris position sur cet objet. Dominique Diserens, secrétaire centrale, se demande néanmoins si cette motion ne va pas à l’encontre de la liberté de la presse. Elle rappelle qu’il existe déjà un registre professionnel, géré par les associations Impressum, Syndicom et SSM (Syndicat suisse des mass media). «Les conditions d’admission assurent l’indépendance des journalistes et leur déontologie, conclutelle. Je ne suis pas certaine qu’un nouveau registre apporterait une garantie supplémentaire.»
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«Cela permettrait peut-être aussi de casser certains fantasmes» CÉDRIC WEISSERT, DÉPUTÉ UDC