Le 15 mai, l’occasion de dire deux fois oui à une Suisse européenne!
Le 15 mai prochain, nous serons amenés à nous prononcer sur l’arrêté fédéral concernant la reprise du règlement de l’Union européenne relatif au corps européen de garde-frontières et de gardecôtes (Frontex) et sur la modification de la loi fédérale sur la culture et la production cinématographiques. Leur point commun? Tous deux questionnent la place et le rôle de la Suisse en Europe.
Le premier objet implique un engagement plus important de la Suisse au sein de l’agence européenne Frontex, tant au niveau financier qu’en termes de ressources humaines. En sa qualité de membre associé de l’espace Schengen et Dublin, la Suisse doit apporter sa contribution à la sécurité en Europe. Située au coeur du continent européen, son association à Schengen est d’une importance capitale, sa sécurité étant largement dépendante de celle des frontières extérieures de l’Union européenne. La Suisse profite ainsi pleinement de la gestion commune de ces dernières. Cette réalité européenne ne doit cependant en rien occulter la nécessité d’un engagement ambitieux, spécifique et solidaire envers les personnes qui fuient et cherchent à se protéger.
Le second vise à promouvoir la production cinématographique suisse et la diversité de l’offre en introduisant un minimum obligatoire de 30% d’oeuvres européennes sur les plateformes de streaming – une façon de procéder déjà pratiquée aujourd’hui au sein de l’Union européenne. Par ailleurs, l’instauration de ce minimum de 30% permettrait de réenvisager une participation de la Suisse au volet MEDIA du programme européen«Europe créative», auquel elle n’est plus associée depuis 2014. Cette nonparticipation est un désavantage pour les cinéastes suisses. Les mesures financières compensatoires permettent de corriger quelque peu le tir, mais elles ne remplacent en aucun cas une pleine participation à «Europe créative» (doté d’un budget de 2,44 milliards d’euros pour la période 20212027, contre 1,47 milliard d’euros pour les années 2014-2020).
Dedans ou dehors? Sur le terrain de jeu ou sur le banc de touche? Actrice ou spectatrice? Voilà la question à laquelle nous devrons répondre le dimanche 15 mai.
Certains veulent (faire) croire que la Suisse aurait tout à gagner de poursuivre seule un chemin dont elle serait l’unique architecte – alimentant ainsi le mythe du Sonderfall helvétique. Or, ne nous leurrons pas: la Suisse n’est en rien une exception. Alors que la guerre a fait son retour en Europe, notre pays ne peut plus se permettre de rester assis sur le banc de touche – banc à partir duquel il a depuis bien trop longtemps observé, souvent avec scepticisme, le développement de l’Union européenne. Plus que jamais, il est temps pour la Suisse de se lever et d’assumer sa place sur le terrain de jeu européen – que ce soit en défense, milieu de terrain ou attaque. Qu’il en aille de la migration, de l’accueil des réfugiés, de la défense de la démocratie et de ses valeurs ou de la production et de la promotion d’oeuvres cinématographiques, la Suisse est européenne.
Dès lors, ne soyons pas passifs – allons voter! Le 15 mai prochain, nous avons l’occasion de dire deux fois oui à l’Europe. Deux fois oui à une Suisse qui se considère comme partie intégrante de l’espace culturel européen. Deux fois oui à une Suisse qui contribue à la résolution des défis communs et sait tirer profit des avantages de la coopération au niveau du continent. Deux fois oui à une Suisse pleinement européenne!