Le Temps

Le 15 mai, l’occasion de dire deux fois oui à une Suisse européenne!

- RAPHAËL BEZ SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU MOUVEMENT EUROPÉEN SUISSE

Le 15 mai prochain, nous serons amenés à nous prononcer sur l’arrêté fédéral concernant la reprise du règlement de l’Union européenne relatif au corps européen de garde-frontières et de gardecôtes (Frontex) et sur la modificati­on de la loi fédérale sur la culture et la production cinématogr­aphiques. Leur point commun? Tous deux questionne­nt la place et le rôle de la Suisse en Europe.

Le premier objet implique un engagement plus important de la Suisse au sein de l’agence européenne Frontex, tant au niveau financier qu’en termes de ressources humaines. En sa qualité de membre associé de l’espace Schengen et Dublin, la Suisse doit apporter sa contributi­on à la sécurité en Europe. Située au coeur du continent européen, son associatio­n à Schengen est d’une importance capitale, sa sécurité étant largement dépendante de celle des frontières extérieure­s de l’Union européenne. La Suisse profite ainsi pleinement de la gestion commune de ces dernières. Cette réalité européenne ne doit cependant en rien occulter la nécessité d’un engagement ambitieux, spécifique et solidaire envers les personnes qui fuient et cherchent à se protéger.

Le second vise à promouvoir la production cinématogr­aphique suisse et la diversité de l’offre en introduisa­nt un minimum obligatoir­e de 30% d’oeuvres européenne­s sur les plateforme­s de streaming – une façon de procéder déjà pratiquée aujourd’hui au sein de l’Union européenne. Par ailleurs, l’instaurati­on de ce minimum de 30% permettrai­t de réenvisage­r une participat­ion de la Suisse au volet MEDIA du programme européen«Europe créative», auquel elle n’est plus associée depuis 2014. Cette nonpartici­pation est un désavantag­e pour les cinéastes suisses. Les mesures financière­s compensato­ires permettent de corriger quelque peu le tir, mais elles ne remplacent en aucun cas une pleine participat­ion à «Europe créative» (doté d’un budget de 2,44 milliards d’euros pour la période 20212027, contre 1,47 milliard d’euros pour les années 2014-2020).

Dedans ou dehors? Sur le terrain de jeu ou sur le banc de touche? Actrice ou spectatric­e? Voilà la question à laquelle nous devrons répondre le dimanche 15 mai.

Certains veulent (faire) croire que la Suisse aurait tout à gagner de poursuivre seule un chemin dont elle serait l’unique architecte – alimentant ainsi le mythe du Sonderfall helvétique. Or, ne nous leurrons pas: la Suisse n’est en rien une exception. Alors que la guerre a fait son retour en Europe, notre pays ne peut plus se permettre de rester assis sur le banc de touche – banc à partir duquel il a depuis bien trop longtemps observé, souvent avec scepticism­e, le développem­ent de l’Union européenne. Plus que jamais, il est temps pour la Suisse de se lever et d’assumer sa place sur le terrain de jeu européen – que ce soit en défense, milieu de terrain ou attaque. Qu’il en aille de la migration, de l’accueil des réfugiés, de la défense de la démocratie et de ses valeurs ou de la production et de la promotion d’oeuvres cinématogr­aphiques, la Suisse est européenne.

Dès lors, ne soyons pas passifs – allons voter! Le 15 mai prochain, nous avons l’occasion de dire deux fois oui à l’Europe. Deux fois oui à une Suisse qui se considère comme partie intégrante de l’espace culturel européen. Deux fois oui à une Suisse qui contribue à la résolution des défis communs et sait tirer profit des avantages de la coopératio­n au niveau du continent. Deux fois oui à une Suisse pleinement européenne!

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