A la BNS, un homme du sérail succédera à Fritz Zurbrügg
Martin Schlegel, actuel suppléant du président Thomas Jordan, devient numéro deux. Beaucoup anticipaient qu’Andréa Maechler deviendrait vice-présidente
Ce sera une succession interne. Hier, le Conseil fédéral a nommé Martin Schlegel vice-président de la Banque nationale suisse (BNS), a annoncé cette dernière dans un communiqué. L’actuel suppléant du président de l’institution, Thomas Jordan, est ainsi propulsé numéro deux de la directionet prendra ses fonctions à la fin du mois de juillet, au moment du départ à la retraite de Fritz Zurbrügg.
Martin Schlegel officie à la BNS depuis près de vingt ans, d’abord dans la recherche, puis dans l’analyse des marchés financiers et le marché monétaire. Il a également dirigé la succursale de la BNS à Singapour et a été expert au Fonds monétaire international en 2015 et 2016. Il est également chargé de cours à l’Université de Bâle depuis 2010, université où il avait d’ailleurs obtenu son doctorat en économie.
Il dirigera le deuxième département, tandis que Thomas Jordan reste à la tête du premier (celui des affaires économiques et de la coopération internationale) et Andréa Maechler du troisième (celui des marchés financiers). C’est d’ailleurs là la vraie surprise, beaucoup anticipaient que cette dernière recevrait la responsabilité du deuxième département, qui est celui de la stabilité financière. Les départements changent en principe de mains lors d’un départ.
«Cette rocade presque systématique permet aux membres de la direction de se familiariser avec tous les domaines de la BNS, au lieu de les cantonner dans une spécialité», rappelle Charles Wyplosz. Très surpris de ce changement de pratique, il n’en voit pas l’explication. De fait, le communiqué ne dit pas grand-chose à ce sujet, ce qui peut alimenter les fantasmes, ajoute le professeur de la HEID et cofondateur de l’Observatoire de la BNS. Notamment alors que l’institution avait été accusée de sexisme et de peiner à promouvoir les femmes.
Homme de l’ombre jusqu’ici, Martin Schlegel avait été davantage sur le devant de la scène à l’automne dernier lorsque Thomas Jordan avait dû subir une opération du coeur. Daniel Kaufmann, professeur assistant à l’Université de Neuchâtel, n’est pas surpris de la nomination de Martin Schlegel, qu’il voyait comme un très bon candidat: «Il connaît très bien les marchés financiers et marchés des changes. Il va continuer dans l’esprit de Thomas Jordan», ajoute-t-il, estimant qu’on «ne verra pas de changements importants dans la stratégie de la politique monétaire».
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