Les vacances en Suisse gardent la cote
Cette année encore, les Suisses devraient majoritairement privilégier des vacances nationales plutôt qu’à l’étranger. Mais avec la levée des restrictions sanitaires, reste à savoir si cette tendance peut se poursuivre
Un peu plus de la moitié des Suisses, 56% plus précisément, souhaiteraient passer leurs vacances d’été en Suisse. C’est du moins ce qui ressort d’une estimation donnée lundi par la société de para-hôtellerie spécialisée dans la location d’appartements et de maisons de vacances Interhome. Les deux précédents étés, avec les restrictions sanitaires liées à la pandémie, les Suisses ont privilégié des destinations nationales plutôt que des vacances à l’étranger. Cette tendance devrait se poursuivre pour la saison estivale 2022.
Nuitées en hausse pour l’hôtellerie
«Ce n’est qu’une estimation pour le moment, précise prudemment Véronique Kanel, porte-parole de Suisse Tourisme. Mais nous observons la même tendance sur le nombre de nuitées hôtelières. Selon les chiffres provisoires pour mars 2022, nous observons une augmentation de la fréquentation des hôtels par des touristes suisses de 12% par rapport à mars 2019, qui était une année record. La tendance persiste donc malgré la possibilité de voyager à l’étranger.»
Pour l’ensemble de l’année 2022, Suisse Tourisme prévoit une augmentation des nuitées dans l’hôtellerie de 5% par rapport au volume de 2019 généré par les résidents suisses. Une projection un peu plus optimiste que celle donnée en octobre dernier par le Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPFZ, qui tablait sur une augmentation de 3%.
Un retour à la normale déjà engagé
Si le covid a rendu toute projection à long terme difficile, cette tendance des touristes nationaux à privilégier les vacances en Suisse devrait progressivement diminuer. Le KOF estime que si cette année encore la part de marché des résidents suisses doit être supérieure à la moyenne des années prépandémie, elle pourrait revenir à la normale en 2023.
«On constate au niveau des nuitées que la levée des sanctions a eu un effet», souligne Roland Schegg, professeur à l’Institut Tourisme de la HES-SO Valais-Wallis. Dans ce canton, qui compte parmi les trois destinations les plus prisées d’après Interhome, le nombre de nuitées enregistrées pour cet été est en baisse de 9,46% pour les touristes suisses. En revanche, la fréquentation des touristes étrangers est en hausse.
Les chiffres de fréquentation des aéroports indiquent aussi que les voyages vers l’étranger ont repris. A Genève, en janvier, on ne dénombrait que 695 953 passagers, soit moins de la moitié que le même mois en 2019. Mais en mars, après la levée ou l’assouplissement des restrictions dans de nombreux pays, Cointrin a vu passer 1 214 981 passagers, soit seulement 30% de moins qu’en mars 2019.
Réservations de dernière minute
«Le tourisme est un marché très dynamique qui réagit beaucoup à différents facteurs à court et long terme, nuance Roland Schegg. On parle par exemple d’augmentation du prix des billets d’avion, qui pourrait avoir une incidence sur les réservations.» La guerre en Ukraine, au-delà de son impact sur le prix des hydrocarbures, et par extension sur les tarifs des compagnies aériennes, peut aussi jouer sur le moral des touristes et l’envie de voyager à l’étranger.
Renforcées par la pandémie, les réservations de dernière minute sont un autre facteur qui rend les projections compliquées. L’institut valaisan du tourisme dispose d’un panel de 4000 établissements de para-hôtellerie, dont il suit les réservations semaine par semaine. Sur les trois dernières semaines, les réservations enregistrées pour les vacances d’été sont en augmentation de presque 10% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. «Mais nous n’avons pas de vision sur la totalité des réservations pour la saison estivale», conclut Roland Schegg.
Il faudra donc encore attendre quelques semaines pour avoir une meilleure vision des tendances pour cet été. Sans compter sur un éventuel retour du covid.
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