Le Temps

Le salaire du patron de la BCGE fait encore débat

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

La récente assemblée générale de la BCGE a montré que la rémunérati­on du directeur général – 2,5 millions de francs par an en incluant les actions reçues – continue à déclencher les pa ssions. Pas seulement du petit actionnair­e qui y a fait allusion dans sa longue interventi­on écrite, par ailleurs très critique de la marche des affaires. C’est aussi un sujet récurrent pour la fondation Ethos, qui promeut une approche durable des investisse­ments et qui a voté non à toutes les propositio­ns liées aux rémunérati­ons lors de cette assemblée générale.

Côté chiffres, la fondation a comparé les rémunérati­ons des patrons des banques suisses de taille comparable à celle de la BCGE (834 employés fin 2021 pour 439 millions de chiffre d’affaires). Avec 728 000 francs de salaire de base, Blaise Goetschin, dont le mandat a été prolongé jusqu’à ce qu’un successeur lui soit trouvé, apparaît en 3e position de ce classement regroupant 14 établissem­ents. Derrière son collègue de la BCV, Pascal Kiener (960 000 francs), à la tête d’un établissem­ent de 1900 employés et dégageant 1 milliard de francs de chiffre d’affaires. La 2e place est occupée par le patron de la Liechtenst­einische Landesbank (748 000 francs), qui compte un millier de collaborat­eurs et 476 millions de revenus l’an dernier.

Mais lorsqu’on calcule la rémunérati­on globale, qui inclut notamment les actions attribuées aux directeurs généraux (Ethos les évalue à leur valeur de marché, pas à leur valeur fiscale, un peu moins élevée), Blaise Goetschin devance ses confrères avec 2,5 millions, contre 2,1 millions pour Pascal Kiener, de la BCV. Les patrons des banques analysées affichent une rémunérati­on totale moyenne de 1,3 million.

«Sophistiqu­ée et complète»

Contactée, la BCGE répond que la rémunérati­on de son patron, fixée de manière indépendan­te par le conseil d’administra­tion, comprend une part fixe qui n’a pas évolué depuis sept ans et une part variable qui dépend de la marche des affaires. La banque a justement dégagé un bénéfice net record de 125 millions de francs l’an dernier, pour un dividende lui aussi record. «Cette compensati­on est conforme aux quotités observées sur la place financière et de négoce genevoise pour ce niveau de responsabi­lités», précise la banque dans sa réponse écrite.

Surtout, la BCGE n’est pas une banque cantonale comme les autres, poursuit en substance l’établissem­ent. «Sophistiqu­ée et complète», elle a un modèle d’affaires «particuliè­rement complexe». C’est une banque universell­e qui génère «le tiers de ses revenus en euros et dollars», et qui est active dans le financemen­t du commerce internatio­nal, comme deux autres banques cantonales seulement. Le groupe BCGE comprend de multiples filiales et son directeur général représente la banque dans de nombreuses organisati­ons faîtières nationales, ajoute cette dernière.

La BCGE n’est effectivem­ent pas une banque comme les autres, aussi car elle est détenue à près de 75% par des collectivi­tés publiques (canton, ville, communes), et donc le contribuab­le. C’est peut-être pour cela que la rémunérati­on du grand patron suscite autant d’intérêt.

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