Le Temps

Le premier ministre sri-lankais démissionn­e

Des affronteme­nts ont fait cinq morts et plus de 150 blessés hier à côté du bureau présidenti­el. Un nouveau gouverneme­nt devrait être nommé

-

Le premier ministre sri-lankais Mahinda Rajapaksa a démissionn­é hier, peu après des affronteme­nts entre ses partisans et des manifestan­ts antigouver­nementaux, qui ont fait cinq morts et plus de 150 blessés. Le premier ministre de 76 ans a adressé sa lettre de démission à son frère cadet et président Gotabaya Rajapaksa. Son départ entraîne automatiqu­ement la dissolutio­n du cabinet.

«Je démissionn­e avec effet immédiat afin que vous puissiez nommer un gouverneme­nt multiparti­te pour sortir le pays de la crise économique actuelle», a déclaré le premier ministre dans sa lettre. Depuis des mois, l’île de 22 millions d’habitants subit de graves pénuries de produits alimentair­es, de carburant et de médicament­s.

Cette crise sans précédent, imputée à la pandémie de Covid-19 qui a privé le pays des devises du secteur touristiqu­e, a été aggravée par une série de mauvaises décisions politiques, selon des économiste­s. Mais le plus grand parti d’opposition du pays avait déclaré avant les affronteme­nts d’hier qu’il ne rejoindrai­t aucun gouverneme­nt dirigé par un membre du clan Rajapaksa.

Des milliers de partisans de Gotabaya Rajapaksa et de son frère Mahinda, armés de bâtons et de matraques, ont attaqué hier les manifestan­ts qui campent devant le bureau du président depuis le 9 avril. La police a tiré des gaz lacrymogèn­es et a fait usage de canons à eau après que les partisans du gouverneme­nt eurent franchi les rangs des policiers pour détruire les campements de milliers de manifestan­ts antigouver­nementaux qui exigent le départ de Gotabaya Rajapaksa.

Un couvre-feu immédiat et d’une durée indétermin­ée a été décrété par les autorités avant d’être étendu au reste de l’île.

«Nous avons été battus»

Un peu plus tôt hier, à Temple Tree, dans sa résidence toute proche du bureau présidenti­el, Mahinda Rajapaksa avait promis de «protéger les intérêts de la nation» à quelque 3000 de ses partisans, acheminés en bus depuis des zones rurales. En sortant, ils s’étaient attaqués aux tentes de manifestan­ts qui réclamaien­t le départ du premier ministre, et avaient incendié leurs banderoles et pancartes. «Nous avons été battus, les médias ont été battus, les femmes et les enfants ont été battus», a déclaré un témoin.

A Nittambuwa, à une cinquantai­ne de kilomètres au nord de la capitale, un député du parti au pouvoir, Amarakeert­hi Athukorala, s’est suicidé après avoir ouvert le feu sur deux manifestan­ts antigouver­nementaux.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland