Le 9 mai vu de Suisse
Christine Bulliard-Marbach, conseillère nationale (Le Centre/FR), de la commission de politique extérieure: «Vladimir Poutine a développé devant son peuple l'idée d'une Russie isolée mais combative, et sûre de mener un juste combat, dans le déni de réalité. La machine à propagande russe tourne à plein régime. Le président russe n'a pas annoncé de nouvelle offensive et n'a pas porté d'attaque verbale claire contre l'Occident. Il a même annoncé sa volonté d'éviter une 3e Guerre mondiale. Tout cela indique que le pouvoir russe se trouve sur une corde raide et doit justifier ses exactions en Ukraine. Mais le discours de Vladimir Poutine n'apporte malheureusement pas de perspective de paix non plus.»
Nicolas Walder, conseiller national écologiste genevois: «On s'attendait à ces accusations d'une Ukraine totalement occidentalisée qui serait devenue un ennemi pour la Russie. Mais Poutine appelle son armée à faire front, comme s'il craignait un manque d'engouement côté russe. Ce sont des petits signes, mais ils sont là. La référence à 1945 est la marque d'une vision impériale du monde. Cette guerre est par ailleurs la dernière menée par la Russie dont Poutine est fier. Il n'a pas d'autre référence à mettre en avant. Je doute que Poutine réussisse. Il s'adresse à une partie âgée de sa population. Aux autres, il n'a rien à offrir. Il est à bout d'arguments. Il est ancré dans quelque chose qui date de 70 ans. Cela donne l'impression qu'il est au bout de ses possibilités politiques et militaires. Il est en train de perdre.»
Laurent Wehrli, conseiller national (PLR/VD), de la commission de politique extérieure: «Je salue le fait que Vladimir Poutine n'a pas mis d'huile sur le feu. Mon analyse personnelle – pour essayer de comprendre comment réfléchit un militaire russe: je pense sincèrement que, pour lui, l'enjeu n'est pas la Moldavie ou toute l'Europe. Il cherche plutôt à éviter l'encerclement de la Russie par la mer Noire et la mer d'Azov, au cas où l'Ukraine adhérerait à l'OTAN. La mer d'Azov est historiquement une sorte de base arrière pour la flotte russe. S'il veut conquérir le Donbass, c'est autant pour des raisons historiques que militaires. Donc, dans son discours, il n'a pas besoin de dire qu'il veut raser une capitale occidentale.» ■