Le Temps

«Il y a dans «HPI» un supplément de grâce qui nous échappe»

Le feuilleton avec Morgane, l'exubérante enquêtrice amateure, revient dès mardi sur la RTS, jeudi sur TF1. L'actrice Audrey Fleurot et son compère, Mehdi Nebbou, évoquent ce triomphe particulie­r

- NICOLAS DUFOUR @NicoDufour

Elle ne s'en lasse pas. «Ne pas me restreindr­e, c'est génial», lance Audrey Fleurot durant une visiodiscu­ssion, il y a quelques semaines. Ce mardi sur la RTS, jeudi sur TF1, HPI, la série française la plus populaire du moment, revient – et donc, Morgane Alvaro va pouvoir s'en donner une nouvelle fois à coeur joie dans les exubérance­s et les chocs frontaux avec Karadec, le flic sérieux (Mehdi Nebbou).

Sans conteste, en avril 2021, HPI a créé l'événement. Onze millions de téléspecta­teurs dans l'Hexagone accrochés à TF1, cela faisait des années que ce n'était plus arrivé à la première chaîne. Les enquêtes de la ménagère surdouée ont triomphé également en Suisse et en Belgique, et bien ailleurs. Gilles Pélisson, le patron de TF1, aime répéter que le feuilleton a été montré en prime time sur la RAI en Italie, une première, et qu'il a été vendu dans plus de 15 pays. Certains songent à des déclinaiso­ns nationales. Alors que TF1 amorce sa fusion avec M6, HPI a conforté la chaîne, à la peine dans les fictions.

«C'est jubilatoir­e»

«Cela ne m'était jamais arrivé d'avoir des appels quotidiens concernant les chiffres d'audience, d'entendre un tel engouement», raconte Audrey Fleurot, pourtant pas une inconnue; elle a notamment brillé dans le personnage de l'avocate Karlsson dans Engrenages. Il existe néanmoins un cas HPI, concède-t-elle: «Il y a un supplément de grâce qui nous échappe. Le besoin qu'ont les gens de se marrer, une alchimie, un alignement des planètes avec ce que nous proposons. Les spectateur­s se prennent en pleine figure une nana de 40 ans qui se comporte comme un enfant de 5. C'est jubilatoir­e. Et cela plaît autant aux mômes qu'aux plus âgés…»

Mehdi Nebbou l'assure, il ne souffre pas de la place, majeure, occupée par l'actrice et ses vestes rouges pétantes en matière brillante. «Morgane est très mise en avant car elle représente la porte d'entrée de la série, on entre dans les épisodes par elle. J'avais le fantasme de Clair de lune», fameuse série américaine des années 1980 qui reposait sur un duo aux attachemen­ts variables, leur relation constituan­t le moteur sous-jacent des intrigues de détectives. «En plus, le personnage d'Audrey représente les invisibles, une classe sociale pas vue dans la fiction française, que l'on rencontre beaucoup plus souvent dans les séries anglaises par exemple. Et puis, la série dépeint une relation homme-femme assez saine, une femme qui s'affirme, une fin du patriarcat.»

«Si je peux le faire, ce n'est pas Morgane»

L'actrice approuve, et y ajoute la touche de Morgane: «De fait, nous nous sommes impliqués un peu moins dans la deuxième saison car les choses étaient en place. Mais j'aime composer, déjà simplement avec les objets: je construis avec les costumes du personnage. Je me dis: «Si je peux le faire dans la vie, ce n'est pas morganesqu­e. Cela donne un caractère cathartiqu­e à la série…» Son comparse ajoute vite que «c'est aussi une série qui fait du bien, arrivée au bon moment pendant les confinemen­ts». Même hors pandémie, on peut parier sur son nouveau succès. ■

Une série créée par Stéphane Carrié, Alice Chegaray-Breugnot et Nicolas Jean. Deuxième saison de huit épisodes de 50’. Sur RTS Un dès mardi, TF1 jeudi.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland